Vous comme moi, chers lecteurs, vous devez tant adorer plonger dans les atmosphères et les ambiances de chaque album, avec cette envie permanente de découverte, de plonger dans l’inconnu, d’entendre le son, de ressentir l’ambiance et de jauger les atmosphères. Question subjective bien sûr, mais c’est sans doute ce qui nous relie tous, nous les francs amoureux de musique. Avec AMALEKIM, nous ne serons pas déçus. De là à dire que nous nous en délecterons, je n’oserais pas forcément aller jusque-là. Ce groupe italo-polonais brasse de sacrées bonnes idées, il est vrai, mais ce troisième album se maintient à un sacré bon niveau, sans arriver toutefois à décoller vraiment.

Le nom AMALEKIM fait référence à Amalek, le chef des Amalécites, une tribu nomade qui persécuta les Hébreux dans le désert du Sinaï après l’Exode d’Égypte. Ce quartette, en tout cas, promeut dans ce "Shir Hashirim" (= le "Cantique des Cantiques" en hébreu), un Black Metal aux thématiques occultes, alchimiques et philosophiques. La pochette, illustrée par Igor Datkiewicz, présente le jugement de Salomon, lorsque deux femmes se disputèrent la maternité d’un enfant et que, pour régler ce désaccord, Salomon entreprit de découper l’enfant à l’épée en deux parties distinctes pour donner chacune d’entre elles aux deux femmes. Enfin, les huit titres font référence à la Kabbale et sont intitulés "Chants". Nous baignons ainsi dans un univers mystique, ésotérique et biblique à la fois, du moins c’est ce que le groupe souhaite pouvoir nous y immerger.

Cela fonctionne plutôt pas trop mal, sans réelle faute de goût ni de fausses notes. Leur Black Metal est contemporain, dans les standards de l’époque, avec une production puissante, des riffs bien trouvés et construits, des leads pas mal flamboyants et une bonne dose d’effets sur les vociférations. Si je regrette une trop grande homogénéité des titres, je remarque que le groupe, lorsqu’il sort des sentiers battus, le fait superbement, la grande technicité des musiciens aidant. Exemple précis : le titre "Chant V: Tanur Nitzchi", bien imbibé pour le coup de mystère et d’une palette émotionnelle bien plus variée que sur les autres titres. Le titre blaste aussi avec moins d’intensité, casse sa fureur de temps à autre et intègre des vocaux différents bien intéressants qui renforcent, nous donnant aussi plus de latitude pour nous laisser prendre aux thématiques de l’album. J’aime aussi tout particulièrement "Chant III: Mesharet HaShilton", qui nous subjugue à intervalles réguliers de son Black Mélodique, que le titre suivant prolonge fort sérieusement.

Le groupe a bien évolué depuis son premier album "HVHI", et pas qu’en termes de production. Si l’album précédant celui-ci, "Avodah Zarah", m’avait déjà titillé le regard avec sa belle pochette, et fait ressentir un manque d’originalité, ce nouvel album renverse la vapeur et montre qu’AMALEKIM est une figure montante du Black Metal. Il leur reste non pas à trouver leur voie ni leur créneau, mais à nous surprendre encore davantage en développant des motifs moins convenus, ce qu’ils ont réussi à nous prouver sur certains de leurs titres. En tout cas, j’attendais cet album de pied ferme et je n’ai pas été déçu, loin s’en faut. Je continue donc d’être attentif à l’aventure AMALEKIM, qui, à n’en point douter, a l’avenir devant elle.