Booooouh que la pochette est laide. Le logo aussi(*).

Soyons réalistes, il faut tout de même aller creuser pour trouver des défauts flagrants à la formation allemande DEFEATED SANITY, qui a tout de même mis plus d’une décennie depuis sa création à sortir ce "Prelude To The Tragedy" ("P3T"), assemblant de bric et de broc des titres de diverses productions meublant ce laps de temps. Ainsi, plutôt que de se farcir des skeuds introuvables et à la qualité disons sommaire, la bande à Grüber nous pond en l’an 2004 une sorte de best-of sans le nommer, première brique de l’édifice inébranlable que deviendra DEF SAN (en témoignent sur votre gauche les notes du reste de la disco).

Je ne teaserai pas outre mesure ce qui me semble une évidence, mais "P3T" est indiscutablement l’album le moins abouti techniquement. Même s’il conserve cette frontalité caractéristique du combo, il manque encore de la subtilité qu’on retrouvera dès leur second méfait studio. En effet, le line-up est encore instable, et rend presque incomparable cette production avec les suivantes. J’ai dit presque, car ça défouraille tout de même à tout va du "Ratatata", du "Peng !", et du "Reeeuuugh". Sacrée analyse, je sais, ne me remerciez pas, je suis un professionnel après tout.

En parlant de râles suite à une vilaine angine, j’appelle Markus Keller à la barre, dont l’intervention se limitera donc à cette galette, et œuvrant beaucoup à l’aspect bestial de cette version 1.0 de DEFEATED SANITY. En effet, son chant est peu polyvalent malgré toute la bonne intention qu’il témoigne, voire clairement faible dans les hi-growls (sans équivoque sur "Remnants Of The Dead"). À sa décharge, il est complexe d’articuler un chant à la Gallagher (DYING FETUS) avec celui d’un Mullen (SUFFOCATION), ce qu’il semble vouloir parachever ici. On veut du caverneux, on ne veut rien biter aux textes, c’est le but ! Je veux dire, on décèle certains vers, où va le monde ?

Côté instruments, Lille Grüber, père fondateur de l’institution, vingt-deux bougies à l’époque, démontre déjà son potentiel aux fûts, martelant impitoyablement ses bidons et peaux de chèvre sans réelle subtilité ni travail syncopique (l’écart avec l’inventivité de "Psalms Of The Moribund" qui sortira trois ans plus tard est stratosphérique). Du reste, les cordes de Teske et de Köhler font le job que l’on attend d’un Tech Brutal des familles, usant d’harmoniques pincées à outrance, de riffing ultra gras, et offrant de nombreux espaces d’expression pour le bassiste si l’on tend bien l’oreille (l’outro de "Drifting Further", et l’intro de "The Parasite" sont démentielles).

Malgré cette homogénéité, on a tout de même la très forte impression d’écouter un SUFFOCATION pris au hasard… Non pas que je critiquasse SUFFO, mais ce n’est pas tout à fait ce à quoi l’on s’attend quand on parle de DS. Cela explique également le fait que CERTAINS considèrent ce premier effort comme le pinacle de la discographie de DEF SAN, lui préférant son approche crue et violente par pur plaisir vicié, aux formes plus raffinées mais non moins percutantes de l’avenir. Oui je viens d’insinuer que ces gens-là étaient limités, et alors ?

Pour enterrer la hache de guerre, reconnaissons tout de même que cette première galette, dans son approche très "tête baissée", démontre la capacité du quartet à fournir un OSDM élevé avec les moyens du bord : un kit assez sommaire, une six-cordes détunée en Do, et roule ma poule : pas besoin d’artifices ou de cordes en plus lorsque l’on a du talent. Et ce n’est pas l’avenir qui me fera mentir. Gloire au jazz.

Morceaux préférés : "Remnants Of The Dead", "Liquifying Cerebral Hemispheres", "Horrid Decomposition"

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(*) Dans sa version 1.0. Pour le coup, même leurs tout premiers, visibles sur les splits et démos ante-LP, sont mieux que celui-ci… À s’y méprendre avec ceux de VEKTOR ou du DYING FETUS des premiers jours, originalité quand tu nous tiens !