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2025 Soma

BÅKÜ - Soma (2025)
Par DARK BEAGLE le 9 Juin 2025          Consultée 892 fois

BÅKÜ… Voilà un nom qui attire l’œil. Avec son a rond en chef et ses umlaut, il ne passe pas inaperçu et devient vite galère à écrire quand on ne connait pas les raccourcis claviers adéquats (surtout pour le å, autant vous dire que les copiés-collés vont être mes amis). La pochette, un brin étrange, vient également flatter la rétine avec ce bleu éclair qui vient s'apposer à ce beige vaporeux. Cependant, c’est l’épreuve du son qui va faire que l’on va s’intéresser à ce jeune groupe originaire de la Drôme et qui frappe très fort avec ce premier album d’une maturité affolante. Catalogué ici Post Metal, ce qui peut dire tout et son contraire, une précision s’impose : BÅKÜ aurait la capacité de plaire aussi bien aux amateurs de Sludge que de musique atmosphérique, voire d’Ambient.

Et là, vous vous dites « oh bordel, qu’est-ce qu’il est encore allé chercher le Beagle ? » et il y a quelques années j’aurais été dans la meute de ceux qui poussent ce soupir d’incompréhension. Seulement, il y a eu cet accident de voiture qui aurait pu être potentiellement mortel il y a six ans, suivi d’une dépression dont je ne me suis jamais vraiment remis et qui m’a poussé à concevoir mon approche de la musique de façon différente. Si avant j’appréciais plus que tout la fraîcheur du Power Metal, j’ai besoin aujourd’hui de défi, de choses moins communes, plus difficiles d’accès, complexes sans pour autant être Prog. Des trucs capables d’exciter un cerveau qui a besoin d’être stimulé pour ne pas me plonger dans un blackout émotionnel.

Aussi, BÅKÜ a chez moi quelque chose de cathartique. D’où ce véritable coup de cœur pour cette formation qui aurait ne jamais pu figurer sur les pages de Nightfall In Metal Earth. Ce n’est pas une « sélection du site », mais bel et bien le choix délibéré d’un chroniqueur de mettre ce groupe en avant. Je vous parlais de la pochette, un peu plus haut, elle est inspirée d’une estampe qui représente le Baku, espèce d’esprit ou de Yokaï, inspiré d'un être chimérique chinois, qui se nourrit des rêves et des cauchemars des gens et elle est déjà déterminante pour appréhender l’univers sonore des Drômois. Elle présente une forte dose d’onirisme, sombre et torturé. Et là encore les mots sont trop réducteurs pour réellement décrire ce qui se passe quand on écoute ce disque.

La formation a fait son disque en autoproduction, ce qui lui a laissé une liberté totale quant à l’orientation musicale, ses choix, le design. Cela peut la handicaper au moment de la promotion, de la mise en avant auprès de la presse spécialisée (un magazine que je ne citerai pas en a vaguement parlé en raison des umlaut dans son nom, ce qui depuis BLUE ÖYSTER CULT et MOTÖRHEAD s'avère plutôt pertinent), ou tout simplement pour se retrouver dans les bacs des disquaires. BÅKÜ est une espèce d’autarcie, mais qui fonctionne bien. Cela a rendu ce premier album claustrophobique à souhait, écrasant malgré une volonté évidente de proposer quelque chose de planant et d’aéré.

Constitué de cinq pièces pour 53 minutes de musique, "Soma" est un disque qui se mérite. Tout le monde n’adhèrera pas au discours du groupe et franchement, ce n’est pas mon affaire, je ne peux que vous encourager à essayer, je ne peux vous forcer à aimer. Si BÅKÜ semble s’inspirer de CULT OF LUNA, d'AMENRA ou de NEUROSIS pour les ambiances et les longues pièces d’une noirceur plombée, la formation développe toutefois un son qui lui est propre et qui vit au travers de son concept. Chaque morceau s’appelle ici "Opposite" (numéroté de 1 à 5 donc), ils oscillent entre huit et douze minutes et nous présentent une espèce de grand huit émotionnel, où les musiciens vont aussi bien nous arracher la gueule que nous passer une main apaisante sur l’épaule. Disque introspectif par excellence, "Soma" pourrait être la bande-son idéale pour "Sandman" ou s’accorderait à illustrer un cauchemar Lynchien féroce.

La musique est volontairement lancinante, les notes sont souvent longues, répétitives. La rythmique est lourde, puissante, le batteur David Esteves cogne fort et juste, il est capable de réduire l’ampleur de son jeu pour mieux le développer l’instant suivant, au détour d’un break meurtrier. La basse de Yoan Parison n’est pas en reste, elle audible, elle claque quand il faut qu’elle s’impose, laissant la place à Mathieu Oriol, Thomas Brochier et Daniel Arnoux de s’exprimer aux guitares, en longues litanies pesantes et inquiétantes ou, au contraire, en décharges de violence pures héritées du Hardcore. Daniel manipule également les oscillateurs afin de triturer le son, lui offrir un écho surprenant ainsi qu’une profondeur nouvelle. Quant à son chant, ou devrai-je plutôt dire ses hurlements, ils font froid dans le dos tant ils semblent parfois déshumanisés (le long final de "Opposite 1") quand il ne déverse pas sa haine en toute démesure ("Opposite 2").

Vous pouvez très bien arguer que c’est lent, que ça ne décolle pas, qu’il n’y a pas de pics de violence qui se déchaînent alors qu’ils répètent le même riff depuis une éternité. Seulement, BÅKÜ est plus une expérience à vivre, une plongée immersive dans un univers complexe et noir, guidé par les hurlements déchirants de Daniel. Il y a quelque chose d’hypnotique dans la musique des Drômois, qui s’apparente quasiment à de la transe. Les passages atmosphériques sont troublants et conduisent vers des sentiments parfois opposés, plus durs, plus sombres, et finalement le défilement apparait comme logique, jusqu’au déluge sonore de "Opposite 5" qui vient tout balayer sur son passage grâce à une introduction impulsive, qui va laisser place à un climax tendu jusqu’à la fin.

BÅKÜ arrive donc de nulle part et nous met à mal, sans préavis. Plus psychologique que purement physique, la musique de la formation possède un côté cauchemar éveillé, mais le genre de cauchemar qui joue sur les codes de l’angoisse sans jamais vous sauter au visage. Une écoute attentive au casque est fortement recommandée, certains détails se révèlent plus facilement ainsi et l’immersion mentionnée dans le paragraphe précédent devient bien plus naturelle. Alors que le groupe évolue dans une sphère où tout semblait pourtant avoir été dit, il se trouve une originalité et une pertinence rare pour un premier album, véritable réussite où la puissance évocatrice réside dans son onirisme glauque. Si jamais BÅKÜ passe par chez vous, n’hésitez pas une seconde à aller les voir, leurs prestations scéniques sont vraiment intenses. À découvrir absolument.

Morceaux préférés : la bonne blague ! "Opposite" ?

Note réelle : 4,5/5.

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- Daniel Arnous (chant, guitare, oscillateurs)
- Mathieu Oriol (guitare)
- Thomas Brochier (guitare)
- Yoan Parison (basse)
- David Esteves (batterie)


1. Opposite 1
2. Opposite 2
3. Opposite 3
4. Opposite 4
5. Opposite 5



             



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