Il a de quoi surprendre de prime abord cet "Antigone" : son artwork trompeur, naviguant entre KORN, The DUSKFALL et la calligraphie d’un groupe de Black Metal (même si ce n’est pas possible car on arrive à lire le nom du groupe !), il faut bien avouer que c’est avec surprise que l’on aborde le troisième L.P de HEAVEN SHALL BURN.
Le groupe a quitté Lifeforce et signé chez Century Media mais n’a pas modifié son line-up. Maik Weichert signe toutes les paroles de cet opus inspiré de l’héroïne féminine de la pièce/tragédie athénienne de Sophocle et le groupe fait appel en guest au multi instrumentiste islandais Olafur Arnalds qui signe trois morceaux instrumentaux aux claviers (une intro et deux outro !).
L’engagement est toujours la marque de fabrique du groupe : "The Weapon They Feart" est consacré à la vie de l’opposant chilien Victor Jara, "Tree Of Freedom" évoque la vie de Nelson Mandela, "Bleeding Death" revient sur les problèmes économiques et sociaux de l’ex-RDA (le groupe est originaire de l’ex-Allemagne de l’Est).

HSB est un combo décidément bien à part dans un paysage morcelé : classé Metalcore, bougrement Death Mélodique ici, inspiré par le Hardcore et au final le Deathcore, les natifs de Saafeld ne change pas véritablement leur style. "Antigone" poursuit le chemin tracé avec violence par "Whatever It Make Take" deux ans plus tôt, mais en y intégrant "davantage" de mélodicité. Attention, je n’ai pas écrit qu’ils changeait de registre, simplement que les moments plus "doux" étaient davantage présents : "To Harvest The Storm" par exemple se veut musicalement plus posée et suave à nos oreilles… mais… c’était sans compter sur la prestation une nouvelle fois dantesque de Marcus Bischoff derrière son micro. Il hurle à pleins poumons encore et encore, ne ménageant personne.

Mais alors, d’où provient cette atmosphère proprement unique délivrée par HEAVEN SHALL BURN ? Elle provient sans doute de la capacité du groupe à manier avec autorité et classe le chaud et le froid, le feu et la glace, la douceur et le brutalité… J’en reviens donc aux partitions de Arnalds qui propose des interludes envoûtants, mélodieux et planants qui sont capables toutefois de générer une ambiance triste, pesante et de terreur, relayée immédiatement par la piste suivante et les hurlements de damné de Bischoff ! Et c’est bien avec un insulaire habitué à la rigueur des éléments près du cercle arctique que s’exprime la beauté des titres instrumentaux totalement déconcertants de douceur face au reste de la galette. Totalement planant et atmosphérique.

Les influences Death Mélodique se révèlent nettement via AT THE GATES en fil conducteur ici comme toujours, mais également IN FLAMES ("Voice Of The Voiceless", morceau consacré aux végans/végétariens que sont tous les membres du groupe, le côté un peu Électro de l’introduction de "The Dream Is Dead") et DARK TRANQUILLITY (le "solo" clavier de "Numbing The Pain" dans sa seconde partie car la première ravira les mordus de CRADLE OF FILTH : construction très intéressante au demeurant avec un vrai break/rupture brutale entre les deux partitions, "The Weapon They Fear" et son bridge avec une basse qui ronronne et des claviers de Göteborg).
Même les deux covers présentes dans la version européenne (tradition du groupe) ne semblent pas dénoter ici : cover de DISEMBODIED (groupe de Metalcore américain) et HATE SQUAD (groupe de Thrash/Metalcore allemand de Hanovre) qui pourraient être parfaitement attribuées au groupe lui-même !

"Antigone" est un hurlement de rage sans concession poussé par un groupe engagé et attachant. Marcus Bischoff n’en finit plus de m’impressionner, ne ménageant aucun effort sur sa voix. Bluffant. Ses comparses ne sont pas en reste et lui offrent une fois encore une autoroute de décibels et de riffs qui ne pourront que vous faire secouer la tête et malmener vos cervicales.
On vous aura prévenu !

Note réelle : un très joli 4/5.

Top : "Deyjandi Von (Outro)", "To Harvest The Storm", "The Weapon They Fear", "The Only Truth", "Voice Of The Voiceless".