Lorsque l’addiction vous tient le corps, la vie est un asile dans lequel vous errez sans consentement sans pouvoir chercher les clés et en sortir. L’alcool comme tout autre toxique est un réceptacle de souffrances internes et sa compagnie est une aide à la marche, à la survie, une béquille sans doute bien utile pour supporter ce qu’il faut… supporter. FOREVERCOLD, que je ne présente plus, est un des trois projets d’Adam Toth, musicien multi-instrumentiste prolifique, qui dédie au Black Metal sa volonté expresse de libérer sa vie du joug infernal des souffrances internes.

"Last Drink Before I Die" est-il un EP qui recense le désespoir de l’alcoolisme de son auteur ? Si l’on jette un œil aux paroles, il est plausible de le penser. Le Black Metal Atmosphérique spécifique de FOREVERCOLD a toujours cet abord mélancolique et chancelant, et cette nouvelle sortie n’est qu’une énième expression d’une sublimation d’un désespoir profond. Onze petites minutes et trois titres vont égayer votre tristesse le temps d’un voyage express vers les landes désolées du Pathos. Comme à son habitude, Adam Toth invective le temps et l’existence de ses vocaux tantôt déchirés tantôt larmoyants et mélancoliques. Les claviers commuent avec des leads aux expressions tristes tandis que le fuzz des guitares se dresse en arrière-plan de la scène sonore en des ombres inquiétantes. Un piano délicat fait aussi son apparition pour apporter cette touche nostalgique qui suspend le temps, rendant son cours amer, et les souvenirs, des souffrances béantes.

Pas grand-chose n’a changé depuis les débuts de FOREVERCOLD, Adam continue sa traversée en écartant les ronces agressives tout en maintenant les ingrédients personnalisés de son Black Metal. J’apprécie toujours autant les ambiances propres à FOREVERCOLD et cet EP ne fait pas exception. Je remarque que l’œuvre d’Adam est toujours sensible, émouvante et d’un abord poétique. "My Sorrowful Alcoholism" est ce titre qui en possède la parfaite expression. La lancinance d’un violon, les échos lascifs des leads des guitares qui paraissent tanguer autant que l’alcool dans un verre que l’on secoue, expriment le dégoût, le regret, la condamnation du remords et la dépression. C’est sans doute le titre que je retiens le plus de cette nouvelle sortie, quoique les deux autres ne déméritent pas pour autant.

Ce format plus court permet aussi, plus voracement, d’offrir une parenthèse désenchantée puissante comme un verre de shot. Adam sait produire un Black Metal toujours de bonne qualité, suffisamment atmosphérique et mature pour ne pas lasser. Si le dernier album conserve son attrait et son éclat, cet EP reste intéressant et suffisamment introspectif pour découvrir un peu plus les tourments de son auteur… À moins que cela ne fasse écho aux vôtres.

Note réelle : 3,5/5.