Portés par une dynamique tourneboulante ces dernières années, EMPLOYED TO SERVE revient en 2025 pour enfoncer le clou et capitaliser sur les évènements récents qui ont vu le gang de Woking (UK) ouvrir pour GOJIRA sur leur tournée mondiale et sortir un très bel opus, "Conquering" qui parvenait à simplifier leur formule alambiquée (Groove+Metalcore+Mathcore) sans pour autant diluer leur identité. Autant dire que le moment était bien choisi pour transformer l’essai et sortir de la catégorie espoir pour s’installer sur un promontoire plus confortable. Alors, autant convoquer du guest de qualitay pour l’occasion et ne rien laisser au hasard : welcome Will Ramos (LORNA SHORE), Jesse Leach (KILLSWITCH ENGAGE) et Serena Cherry (SVALBARD), vous êtes les bienvenus pour la fiesta d’intronisation. Doté d’une production en béton armé, "Fallen Star" a tout pour convaincre les foules.

Sauf que…

Sauf que "Fallen Star" est un pétard mouillé, une terrible déception pour Coach Kol, qui avait placé tous ses espoirs dans ce poulain encore mal dégrossi, s’activant sans relâche à sa promotion à grand renfort de chroniques élogieuses au sein de notre sombre webzine. "Fallen Star" est un échec global, et s’il m’est difficile de désigner un unique coupable, l’amertume n’en est pas moins sévère à l’écoute des onze pistes constituant ce cinquième LP, première tâche dans une discographie jusqu’ici irréprochable, peu ou prou. Le groupe se torchera sans doute le derche avec mon papier au vu et lu des critiques laudatives déjà parues sur les internets, mais je vous dois la vérité, rien que la vérité. Et elle est moche.

Déjà, quand on compte dans ses rangs l’une des meilleures gueulardes Hardcore de service, on ne la relègue par au second plan de son chéri, le guitariste Sammy Urwin, pour le coup totalement anonyme tant dans son growl que sa voix claire particulièrement agaçante. Celui-ci avait déjà le don de me contrarier les tympans à de rares occasions sur "Conquering", il est ici omniprésent. Quand Justine crache ses tripes à chaque vers, Sammy le bon samaritain vient nous coller de la guimauve dans les feuilles. On n’a RIEN demandé, Sammy. Vraiment. Tes chorus mielleux entendus mille fois, tu serais gentil de te les garder de par devers toi, comme on dit. Le gars a le don de venir nous casser les parties sur quasiment chaque titre, faisant retomber le soufflé immanquablement. Quelle idée leur est donc passée par la tête ? L’amour, peut-être ? Le patriarcat triomphant, maybe ? Peu importe, le résultat est sans appel pour une formation si extrême : trop violent pour les réfractaires à la cause, trop douceâtre pour les plus belliqueux, EMPLOYED TO SERVE tape à côté de la plaque.

Mais ce n’est pas le seul souci à mon sens. En allant chercher l’inspiration des guitares du côté du Djent moderne/Alt Metal des SPIRITBOX et autres JINJER ("Breaks Me Down"), les Anglais en oublient ce qui a fait leur renommée (relative, j’en conviens) : le putain de Groove. Où sont passés les riffs mémorables des disques précédents ? "Eternal Forward Motion" en était gavé, "Conquering" également. Le headbanging était de mise, irréfrénable, furieux, à vous briser les cervicales et à rendre chèvre votre ostéopathe. Ce n’est peut-être qu’une question de goût personnel, mais cette direction correspond également à "ce qui marche de nos jours" et vient ajouter une nouvelle forme de suspicion quant à la démarche du combo. Sans sombrer dans l’insupportable "ils se sont vendus, c’est commercial" (faut pas déconner quand même, ça reste violent, hein), disons simplement que l’un comme l’autre ne correspondent pas à mes goûts et représentent la pire évolution possible pour votre humble serviteur.

Après, je vais rester objectif. Le niveau musical des musiciens reste très élevé et certaines parties tabassent sérieusement leur mémé. "Fallen Star" conserve quelques traces de leur gloire perdue, que ce soient les guitares, lourdes et incisives ("Now Thy Kingdom Come", "From This Day Forward"), la section rythmique, toujours aussi créative et méchante, ou encore Justine, quand le copain Sammy lui laisse un peu de place derrière le micro. Comme évoqué, la Prod est maousse costaude, intégrant de nombreux arrangements contribuant à façonner une ambiance singulière pour chacune des pistes ("Bother, Stand Beside Me", "Last Laugh"). "Atonement" avec Will Ramos est un bon titre, nonobstant les interventions irritantes de Mr Urwin, qui devrait se concentrer sur sa guitoune tant il assure au demeurant sur ce sujet.

J’ai commencé cette chronique par déverser ma bile, submergé par les affres de la déception, mais je dois reconnaître que la galette n’est pas exempte de toute qualité, loin s’en faut. Elle ne correspond simplement pas à ce que j’espérais de la formation, même si les germes de son échec étaient rétrospectivement identifiables sur "Conquering". EMPLOYED TO SERVE les a tout simplement fait grandir, au détriment de ce qui me plaisait alors. Tant pis pour ma tronche, et sans doute tant mieux pour eux, tant mes goûts s’avèrent hautement discutables.

Note réelle : un petit 2 tout rikiki.