À peine remis de la monumentale claque que m'avait infligée sur le tard "Mare", voilà que le duo de MIRAR remet le couvert début 2025 avec un album ultra généreux, nous garantissant à nouveau une pluie de mandales régaliennes dans un Thall encore abscons, cette engeance où Metal moderne et Électro-slash-dubstep se télescopent.

Et là où les pionniers de VILDHJARTA peuvent se permettre toutes les frasques dans un genre qu'ils ont forgé eux-mêmes, MIRAR continue de pousser les portes des Enfers avec une folie maîtrisée à défaut d'être mesurée. Ainsi, cette "Ascension", reprenant pour pochette la toile de Rubens "The Descent Into Hell Of The Damned" (douce ironie), va méthodiquement nous faire plonger, palier par palier, dans les entrailles des lieux les plus honnis de la Création, s'articulant entre riffs titanesques et arrangements électroniques écrasants, voire presque angoissants.

Et la manœuvre employée pour cela est d'une simplicité, quoique d'une habileté implacable : "Ascension" va alterner des phases mesurées, presque prévisibles ("Épreuve"), pour mieux nous assommer de breakdowns pernicieux et interminables ("Charnier", "Faux-Amis", "Présage"). Et c’est sur cette dualité congruente dans la violence que le duo va entamer son travail d’équilibriste, à la lisière du too much sans jamais s’y fourvoyer. En effet, les arrangements et les stridences rappellent le drum’n’bass de CELLDWELLER (et j’espère avoir lancé un shoot de nostalgie rien qu’à l’évocation de ce nom) ou de PENDULUM, sans lorgner vers de la dubstep racoleuse à la SKRILLEX, vous voyez où je veux en venir ? Oui : que SKRILLEX, c’est périmé ET surfait à la fois. Bref.

Toujours aussi avares en chant, les seules voix audibles sont difficilement qualifiables d’humaines tant la saturation vient annihiler tout espoir d’harmonie ou de justesse ("Faux-Amis"), procédé rappelant THY CATAFALQUE pour ne citer que le Hongrois comme exemple, et renforçant le malaise ambiant. Et pourtant, dans cette cacophonie assumée, des ritournelles émergent, même sans être forcées par les quelques soli de clavecins. Leur simplicité, presque mélodique, supplante la surabondance de pistes et la sensation d’écrasement sonore qu’elles prodiguent.

Hélas, cette orgie d’idées et de stimuli audiophoniques n’est pas sans contrecoup. Le degré de concentration requis pour en apprécier toute la substance, associée aux presque cinquante minutes réparties sur treize pistes, est littéralement une "Épreuve" dès lors que l’on arrive au titre du même nom. L’anéantissement de tout espoir d’accalmie salvatrice est désormais un acquis, la déstructuration des compositions nous laissant esclaves d’une écoute imprévisible, trop exigeante pour en décortiquer chaque once. Comment est-il possible après trente minutes de coups de semonce, suivis de frappes peu chirurgicales, d’absorber des "riffs" comme ceux de "Sur Ses Épaules", les nôtres n’étant de toute manière pas assez carrées pour les encaisser ? La grâce ne viendra même pas de "Saint Matthieu", feignant au bout d’une minute une libération, pour mieux lever sa dîme sur nos âmes génuflexes.

Cet album est rude. Peu accessible. Exigeant. Et pourtant prévisible. On aime se faire du mal à l’écouter. Mais la douleur peut être une source de plaisir : même les plus "inavertis" peuvent tenter l’"Ascension", mais qu’ils sachent qu’on n’en redescend pas indemne.

Morceaux préférés : "Charnier", "Épreuve", "Tombe".