L’Histoire de MORS PRINCIPIUM EST est résolument moderne…
Elle est empreinte des maux de notre société et de ses modèles d’évolution voire d’adaptation. En effet, le groupe qui aime bien a priori se compliquer la vie se sépare en 2021 de son génial compositeur et maitre à penser Andy Gillion, résumant le groupe à la seule présence de Ville Viljanen ! Peut-on encore parler de groupe à ce niveau ? Ainsi, une pandémie semble décimer MPE pour les intimes et seul un changement de méthode semble à opérer pour survivre.

À ce petit jeu, Ville décide de faire du neuf avec du vieux : le recyclage, le home staging (la valorisation immobilière !), la rénovation… bref, tous ces principes qui se veulent écoresponsables minimisant leur impact sur leur environnement. C’est donc ainsi que l’on peut résumer ce "Liberate The Unborn Inhumanity" : Viljanen rappelle des anciens membres, embauche un petit nouveau et tout ce petit monde décide de réenregistrer certains morceaux des trois premiers opus en y ajoutant la démo "Valley Of Sacrifice". Résultat des courses : treize titres qui sont restaurés et mis aux goûts du jour.

Soyez immédiatement rassurés : le groupe ne vend pas pour autant son âme au diable. Bien au contraire : il faut dire que depuis 1999, les Finlandais ont parcouru un sacré chemin et en 2022, forts de leur expérience, ils soignent ici leurs différents morceaux qui sont upgradés de fort belle manière. Globalement, les orchestrations, les ajouts de claviers et des moments épiques aux guitares sont sacrément plaisants. "Pure" ajoute une présence vocale féminine plus propre et mieux mixée : c’est un parfait exemple de la progression entre ce morceau tiré de "The Unborn" qui possédait des éléments un poil électro par moments et un refrain dans les graves qui ici part dans les aigus !

Un mot vient rapidement à l’esprit de l’auditoire : la sophistication.
C’est vraiment l’essence du projet ici, tant il est évident que chaque titre se veut riche en soli de guitares ultra accrocheurs, en nappes de claviers vraiment classieuses ou bien encore en lignes de basse discrètes mais efficaces au service d’une batterie modèle du genre (simple, efficace, sans blast beat à outrance). Si tout cet espace musical est clairement qualitatif, il ne faut pas en oublier pour autant la prestation toujours plus aboutie de Ville qui ne ménage pas ses efforts et nous sert une voix Death Mélodique du plus bel effet. Il est capable, plus que jamais, de proposer une palette remarquable de tonalités, mettant clairement en avant les progrès opérés à son niveau certes, mais au final sur chacun des morceaux. Il faut, je l’avoue c’est pénible pour les non-initiés, faire l’effort de regoûter aux extraits de "Inhumanity" (2003), "The Unborn" (2005) et "Liberation=Termination" (2007) pour mesurer encore une fois le bon qualitatif du groupe. Certes, j’entends déjà les gens du fond se plaindre que c’est vraiment un travail de fainéants, à défaut de pondre du nouveau matériel.

Je dois reconnaître que je suis habituellement peu avide de ce type d’offre pour ces mêmes raisons. Mais dans le cas présent, que dire ? Comment espérer autre chose quand le groupe ne se résume qu’à une personne ? La démarche de Ville est semble-t-il assez évidente : conserver son mojo, par tous les moyens, pour ne pas mourir. C’est plutôt clair… Par cette dynamique, il poursuit la réanimation cardio-pulmonaire de sa victime, espérant la maintenir en low flux permettant a minima d’irriguer le cerveau pour espérer récupérer sa chose… C’est tout le mal qu’on lui souhaite. À ce petit jeu, j’ai adoré "Valley Of Sacrifice, Pt. 1" au refrain envoûtant et d’une énergie dingue !

"Liberate The Unborn Inhumanity" est un album de réenregistrements qui permet de donner du crédit à ce type d’entreprise, pas uniquement à des buts mercantiles. MORS PRINCIPIUM EST nous sert un exercice réussi de travail d’artistes-musiciens qui arrivent à magnifier leurs titres du passé en les mettant au goût du jour, fort d’une réelle expérience. Il n’est pas question ici de souffler sous la poussière mais bien de rénover avec classe et goût.
Merci la Finlande et merci MORS PRINCIPIUM EST.

Note réelle : 3,5/5, arrondie à la note supérieure pour le plaisir coupable des oreilles choyées.

Top : "Valley Of Sacrifice, Pt.1", "Fragile Flesh", "Cleasing Rain", "Eternity’s Child".