La présence de JUDICATOR au calendrier des sorties 2025 est incontestablement une bonne nouvelle. L’un des combos Power américains les plus atypiques doit confirmer les bonnes dispositions du premier effort de sa deuxième partie de carrière. Et c’est une véritable révolution de palais. Peu ont survécu au ménage intervenu dans le projet de John Yelland, pour qui les choses ont beaucoup changé en quelques années. D’autres en revanche ont vu leur position d’invité devenir permanente (les claviers constituent désormais un poste à part entière, et Chad Anderson intègre enfin pleinement le groupe, après avoir donné plusieurs coups de main au fil des ans (il était déjà là sur “Sleepy Plessow”), apportant avec lui trois compositions dont l’imposant “Blood Meridian”. Austin Bentley a aussi participé à l’écriture (il co-écrit “Johanna’s Song” et donne de la voix comme il l’a également fait par le passé.

Mais pour le reste, du passé faisons table rase. La batterie a enfin un son digne de ce nom et ne sonne pas surcompressée. L’arrivée de Mike Lofgreen, issu d’une formation plus progressive sert le propos développé par le groupe sur “The Majesty Of Decay”. Et les guitares de la paire Anderson (qui avait déjà œuvré avec John et Austin sur l’excellent “The Age Of Ether” de DISFORIA) sont enfin parfaitement en place, acérées, Heavy, précises et expressives.

“Concord” est l’album qui assied à la fois la position de JUDICATOR sur la scène Power américaine, affirmant définitivement une personnalité bien trempée, bien loin de l’admirateur de BLIND GUARDIAN (qu’il n’a jamais totalement été non plus musicalement). Et il consacre les bons choix de son leader, qui revient en 2025 avec un album extrêmement solide, qui ne se perd pas en chemin, qui conserve la touche doucement fantaisiste de son album précédent (“A Miracle Of Life”, “Concord”) mais fonce droit au but.

“Concord” dégage une cohérence assez dingue, soignée par le travail conjoint du duo Carlos Alvarez et de notre Brett Caldas-Lima national (AYREON, HELION PRIME, AVALAND). Tous les refrains de ce disque déboîtent, à commencer par l’hymne Power Mélodique “Sawtooth”, celui en deux temps assez fin de “Weeping Willow” ou alors la grandiloquence du majestueux “Concord” astucieusement choisi comme single). Et en plus, chaque titre est compact, mais présente des variations (jamais les mêmes), et affiche son sens du riff (“Weeping Willow”) ou de la mise en place (“Imperial”) avec ses licks de guitare sophistiqués qui apparaissent une fois qu’on s’est détourné du chant.

Nous pouvons parler du chant. John Yelland a une voix instantanément reconnaissable, et le fait de moins aspirer aux aigus de ses modèles le sert, car son discours très mélodique s’en trouve renforcé. Et là où “The Majesty Of Decay” donnait parfois l’impression de répéter un peu ses formules mélodiques, “Concord” frappe juste. La thématique de l’album qui revisite l’histoire des États-Unis à travers le temps a laissé un champ d’exploration assez vaste qui a plutôt ouvert les horizons de JUDICATOR.

Cet album demande clairement moins de patience que son prédécesseur, quand bien même certains titres plus ambitieux comme “Hold Your Smile” (peut-être la moins passionnante du lot en définitive, même si j’aime beaucoup l’ambiance de son pré-refrain) ou “Blood Meridian” demandent un peu plus d’engagement, même si sur cette dernière c’est surtout le final qui surprend, et je ne sais toujours pas quoi en penser. Ce qui est certain, c’est que terminer un album aussi cohérent par un tel délire, fallait oser. Incontestablement la sortie Power Metal importante de ce premier trimestre.