Un groupe qui tire son nom d'une chanson de DIO ne peut pas vraiment avoir tort. D'ailleurs, on ne saurait trop reconnaître que DREAM EVIL a raison, mille fois raison. Après tout, la formation suédoise s'est autoproclamée détentrice de la médaille d'or du Metal. Ces mecs-là, à l'image de sportifs de haut niveau, travaillent chaque geste, sont attentifs à chaque intention, répètent inlassablement leurs gammes pour obtenir les meilleures performances. D'ailleurs, le groupe a démontré l'an passé que le poids des ans n'a pas émoussé sa capacité à proposer un Heavy Metal de qualité qui, en épousant tous les clichés du genre, en assumant un enthousiasme juvénile et des paroles très littérales, parvient toujours à nous coller des papillons dans le bide.

L'EP "Thunder In The Night" déboule aujourd'hui comme une rasade de bière offerte à l'issue d'un concert. Et une fois de plus, les mecs de DREAM EVIL nous prouvent qu'ils savent brasser du bon. Ces quatre titres sont issus des sessions d'enregistrement de l'album précédent, qu'ils viennent compléter ici avec pertinence et réussite. Convaincu que le Metal se vit avec la main levée, deux doigts dressés vers le ciel, DREAM EVIL ne nous balance pas une musique au rabais, mais propose au contraire une poignée de titres qui auraient parfaitement trouvé leur place sur "Metal Gods". Le morceau-titre, "Thunder In The Night", déboule avec une débauche savoureuse de guitares, et s'impose d'emblée comme un hymne Heavy, aux contours certes familiers, mais qui hurle tel un loup dans la nuit scandinave. Andy LaRocque (KING DIAMOND) vient poser un solo affuté, presque démoniaque, tandis que le refrain est un des plus intéressants proposés par le groupe depuis sa renaissance. Lorsqu'il accélère le rythme, sur sa deuxième partie, le morceau s'impose définitivement comme un nouvel hymne à la gloire du Heavy à mettre au crédit de Fredrik Nordström. Un titre qui aurait parfaitement trouvé sa place sur l'essentiel "The Book of Heavy Metal".

"Calm In The Storm" ralentit un peu le tempo et calme le jeu, nous plongeant dans une ambiance plus épique. Bien que Niklas Isfeldt passe l'essentiel du morceau à chanter la météo, ses mélodies vocales touchent juste. Moins immédiat, peut-être un peu plus subtil que le morceau d'ouverture, ce titre est à mi-chemin entre la ballade et le mid-tempo sombre, un entre-deux dans lequel DREAM EVIL s'épanouit parfaitement. Une évidence.

Plus rageur, "Fight For Glory" se voit bâti sur un riff résolument belliqueux, et bénéficie d'un solo interprété par Pontus Norgren (HAMMERFALL). L'énergie ici déployée porte en elle un enthousiasme communicatif, que l'on savoure tout particulièrement sur ce refrain qui se fait un concentré d’héroïsme, de grandiloquence et d’énergie brute. Puissant et fédérateur, le refrain est porté par des chœurs massifs et le chant de Niklas Isfeldt se fait exalté, presque théâtral, tandis que les guitares harmonisées apportent une touche héroïque très typée années 80. Dans un pur esprit HAMMERFALL ou POWERWOLF, mais avec ce grain plus rugueux et ce second degré typique de "Dream Evil".

"Criminal" est la face sombre de l’EP. Là où les morceaux précédents étaient gorgés d'un souffle épique, celui-ci plonge déploie des ambiances plus rugueuses, plus urbaines, presque menaçantes. Le morceau démarre sur un riff lourd, et les couplets s’installent dans un climat tendu, voyant la voix de Niklas Isfeldt devenir plus sèche, plus directe, presque crachée à la manière d'un Paul Di'Anno. Décrivant le parcours d'un anti-héros, le morceau devient plus mélodique et accrocheur avec l'arrivée du refrain. Un morceau surprenant dans le répertoire de DREAM EVIL.

"Thunder In The Night", avec ses quinze minutes au compteur, voit DREAM EVIL fermer avec brio le chapitre "Metal Gods", et nous rappeler avec panache qu’il reste l’un des plus fervents gardiens du Heavy Metal traditionnel. Ces quatre titres, pourtant non retenus pour l'album de 2024, brillent d’un éclat sincère et musclé, portés par un amour intact pour les riffs directs et fédérateurs. Pas de surprise au menu, mais beaucoup de plaisir : DREAM EVIL propose ici un EP solide, généreux et très efficace. La preuve éclatante que chez les Suédois, même les chutes de studio valent décidément le détour.