Black Metal es-tu là ? Cette fois la question se pose et se doit d’être enfin élucidée afin d’écarter toutes vaines tentatives. En portant son regard sur les rives éclairées popisantes de l’ethereal music, Mathias Hemmingby fait tomber définitivement le masque de ELDAMAR. Côté musique extrême, hormis quelques murmures hantés peu angoissants mais récurrents (et donc déconseillés aux moins de huit ans tout de même !) et quelques nappages de claviers sucrés un tantinet lugubres pour nourrissons, difficile de ne pas projeter en cette « dissolution » le dessein à peine voilé du devenir de ELDAMAR.

M83 sort du corps de ELDAMAR je te prie, ou au contraire restes-y pour l’éternité ! À vrai dire, c’est beau M83, non ? Je m’égare un peu, alors revenons à ce nouvel album sorti finalement rapidement après celui du "Astral Journeys Pt.1 : Creation" en septembre. S’il est vrai que la saturation, et même les guitares tout court, sont bien en recul au profit d’un clavier omniprésent, il réside néanmoins sur cet album quelques fulgurances dont il me faudra vous parler. Notamment, cette introduction de l’album paraissant augurer une plongée intéressante et immersive dans un monde peu éloigné des œuvres instrumentales et ambient de MIDNIGHT ODYSSEY. L’enchaînement avec "Akt III; ...Because This Feels Too Good" douchera quelque peu cette intuition/espoir fomenté par mes vœux. Mais ce titre très pop avec sa voix féminine délicate et les envolées mélancoliques du violon nourriront pourtant un certain entrain d’écoute. Les mélodies entêtantes sont de la partie, on en oublierait très aisément les vains murmures vociférés un brin désuets qui émaillent les refrains.

Mais ELDAMAR déçoit lorsqu’il veut s’atteler à nous promener dans de l’atmosphérique de tierce catégorie, avec des titres traînant en longueur sans jamais emballer les neurones. Hormis les saturations de la fin, le titre "Akt III; ...To Be True" me fait gentiment bailler en ne me détendant pas plus que cela. Mais ce n’est rien face au naufrage (annoncé ?) de "Akt IV; The Living Body Remains, But As An Empty Shell." qui couvre seize grosses minutes, soit moins de la moitié de la durée de "Astral Journeys Pt.2 : Dissolution" certes, mais qui comporte six titres tout de même. Méandreux, brouillon et aux motifs sonores mal emboîtés, ce titre m’a fait perdre pourtant rapidement mon attention… et seize minutes c’est long, vous en conviendrez. Sa deuxième partie très cinématographique, avec ses cuivres jaillissant en fontaine ou descendant en cascades sur nos oreilles de manière grandiloquente, aurait dû m’éveiller et me sortir de ma torpeur, mais rien n’y fait, leurs sonorités ne m’évoquent pas d’image et j’ai beaucoup de mal à projeter/tisser de la rêverie à leur écoute ; sans doute parce que ce passage s’étire bien trop en longueur.

C’est ainsi, je n’ai jamais été le plus grand fan du projet ELDAMAR, que je considère comme trop sage et guilleret dans ses nappes de claviers un poil trop guimauves à mon goût. Néanmoins, l’introduction m’a plu ainsi que le suivant, Post dans le sang et Pop dans l’âme. Il y a bien quelques instrumentations intéressantes, mais pas de quoi éveiller plus que cela mon attention. Si l’album précédent m’avait agréablement surpris, celui-ci est une déception. Il plaira forcément aux plus sages d’entre nous, mais les copains blackeux de mon entourage n’hésiteront pas à le mettre au pilori, votre serviteur avec.

Note réelle : 1,5/5.