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BRUTAL DEATH METAL  |  STUDIO

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- Style : Disgorge, Liturgy, Defeated Sanity
 

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BRODEQUIN - Harbringer Of Woe (2024)
Par REMISSA le 29 Avril 2025          Consultée 683 fois

Vous voyez ces espèces de chaussures montantes un brin surélevées, prisées des acteurs de tragédie antique ? Les fameux brodequins, élégants, théâtraux, un rien pompeux ? Car il n’est absolument pas question de cela aujourd’hui. Nous partons plutôt sur de l’appareil de torture médiéval où toute l’ingéniérie de l’époque se concentrait dans l’unique but de faire souffrir le plus possible son prochain, ici en plantant des tasseaux de bois dans vos guiboles immobilisées pour vous faire exploser en miettes tibia-péroné-fémur d’un seul coup. Sacrée époque.

C’est donc peu dire que voir réapparaître BRODEQUIN en 2024, presque vingt ans (!) après "Methods Of Execution", a de quoi surprendre, et avec un seul changement au line-up de surcroît, la fratrie originelle restant immuable - Brennan Shackelford (ex-CESSPOOL OF CORRUPTION) remplace Jon Engman derrière les fûts, ce dernier ayant raccroché les baguettes. Contextualisons tout de même d’emblée : les Knoxvillois avaient tout juste la trentaine à la sortie de "MOE" et des patates en guise de micro pour capter leur son studio : les gusses ont aujourd’hui aisément passé la crise de la quarantaine voire de la cinquantaine, et vont donc logiquement s’assagir et lever le pied ?

Non ?

Comment dire…

L’intitulé de ce LP que l’on n’attendait plus est plus qu’équivoque envers ceux qui s’attendraient à ce scénario de Bisounours : annonciateur de malheurs. "Harbringer Of Woe" ne fait aucune concession de la première à la dernière seconde, et déverse inlassablement pendant une demi-heure toute la brutalité et la violence que le trio aurait emmagasinées pendant deux décennies. La production est absolument délectable, d’une lisibilité impressionnante malgré la purée balancée, qui ne se voit d’ailleurs pas vidée de sa substance, bien au contraire. L’ambiance est malsaine sans trop en jouer, parfaite pour ambiancer votre chambre de torture dans la cave, et pas assez cradingue pour vos soirées étripements entre potes. Le registre n’est pas à l’explicite, mais davantage à l’oppression constante.

Ainsi, une bataille sans merci s’opère entre la batterie époustouflante de Shackelford et le riffing dévastateur d’un des frères Bailey sans qu’un vainqueur ne se dessine réellement, si ce n’est l’engeance brutale qu’ils alimentent au fil de l’album d’une sauvagerie difficilement égalable. La recette invariante peut lasser en bout de course, et pas sûr qu’en blind test même après un entraînement intensif je sois capable de vous coller un 10/10 (rapport au nombre de titres), mais certains sortent clairement leur épingle du jeu. "Of Pillars And Trees", du haut de ses quatre minutes, est un ouragan de catégorie 5, structurellement indéfini, blastant riff sur riff d’une qualité supérieure, breakant sur fond de cris d’agonie avec cette batterie martelée avec trépignements, attendant que le reste du combo reprenne son souffle pour mieux poursuivre son massacre.

BRODEQUIN ne tombe pourtant jamais dans le grotesque gore à la sauce "sciure et viscères". Même "Fall Of The Leaf", pourtant bien gratiné, garde une certaine cohérence. Le groupe a gardé l’incisivité et cette graine "roots" que pouvait avoir des formations comme LITURGY (qui pour le coup n’a vraiment rien sorti depuis vingt piges) qui ont suivi la locomotive, tout en modernisant la production comme a su le faire si savamment DEFEATED SANITY, mais sans le côté intello. Là où DS dissèque et millimètre chaque note à la recherche d’une performance de tous les instants, BRODEQUIN bousille tout simplement tout sur son passage. La recette de grand-mère n’a pas changé : c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure confiture comme on dit. Et je ne parlais pas de la grand-mère, bande de malades.

Comme bon nombre d’albums monolithiques, il est judicieux d’écouter ce "Harbringer Of Woe" dans le désordre (dans l’ordre, à l’envers, ou en shuffle en connectant les quelques neurones ayant survécu aux headbangs) pour laisser une véritable chance aux titres de fin. En effet, après s’être fait maltraiter pendant vingt longues minutes, "Suffocation In Ash" ou l’éponyme en lanterne rouge peuvent sembler moins impactant que la claque que colle un "Diabolical Edict" d’entrée de jeu. Et je vous entends les petits malins du fond, allez dire à la dame (sorcière ?) de l’artwork à deux doigts de se faire marquer au fer rouge comme un bourrin si ce n’est pas long vingt minutes à sa place ! Quoi qu’il en soit, l’invariance de la violence incarne l’épée de Damoclès de la galette, lui prodiguant cette sensation de puissance inarrêtable, mais usant, voire lassant à la longue si le crin qui la tient venait à lâcher. A vous de juger s’il faut le rompre ou non.

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "Of Pillars And Trees", "Diabolical Edict", "Suffocation In Ash".

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   REMISSA

 
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- Jamie Bailey (chant, basse)
- Mike Bailey (guitare)
- Brennan Shackelford (batterie)


1. Diabolical Edict
2. Fall Of The Leaf
3. Theresiana
4. Of Pillars And Trees
5. Tenaillement
6. Maleficium
7. Vii Nails
8. Vredens Dag
9. Suffocation In Ash
10. Harbinger Of Woe



             



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