La carrière solo de JOHN 5 m’a toujours bien plus fasciné que ses jobs d’intérimaires dans les innombrables groupes où il a posé ses flight cases. Et ce n’est pas son embauche chez MÖTLEY CRÜE qui fera dévier d’un iota l’opinion que je porte sur ce groupe de boomers, bien trop vieux et puant le renfermé pour tenter de faire perdurer le dogme "Sex, Drugs & Rock’N’Roll".

Merde, cinq lignes et déjà hors sujet, on se recentre.

JOHN 5 donc, dans son habit de lumière - une grosse fourrure en polyester achetée sur Shein - enregistre presque par hasard pour une poignée de centaines de dollars suite à la proposition d’un ingénieur du Sellersville Theater de Pennsylvanie son premier album live, qui mettra grandement à l’honneur son "Season Of The Witch", sorti l’année précédente. Ce Live est d’ailleurs aussi spontané que peu documenté : les rares traces sur YouTube sont sporadiques et d'une qualité douteuse. Dommage.

Profitant de l’acoustique privilégiée que procure le lieu, Lowery (de son vrai nom), va ainsi tout shredder sur son passage, épaulé de deux de ses "Creatures" (*) : Logan Miles Nix à la batterie, et surtout Ian Ross à la basse, monstre absolu sublimant le travail du guitariste, capable de presque voler la vedette au maître de cérémonie.
Mais revenons à nos moutons. "It’s Alive!" est généreux en contenu. Les spectateurs en ont eu pour leur pognon avec presque une heure quinze de contenu, même si le show commence timidement avec "Guitar Tits And Monsters", morceau aussi inintéressant de base que son intitulé est stupide. Il faut dire qu’avec comme introduction le Requiem de Mozart, la solennité est passagère et s’écrase d’autant plus mollement sur un titre faiblard. Les choses commencent sérieusement avec les deux morceaux suivants issus de "Careful With The Axe", représentatifs de l’approche de pur shred démonstratif en vue de montrer qui est le patron de la soirée avec sa fameuse Telecaster : "Flight Of The Vulcan Kelly" et Six Hundred And Sixty Six Packers In Hell, CA"... Et là aucun doute, nous avons JOHN 5 au sommet de sa forme, enchaînant des morceaux hyper exigeants sans sourciller ni déborder du cahier des charges, quitte à en être scolaire. Le bougre est tellement à l’aise dans l’exercice, qu’il ne s’encombre même pas de backing tracks pour seconder son lead avec une guitare rythmique préenregistrée, ce qui est d’ailleurs curieux sur le rendu de "Here’s To The Crazy Ones" manquant pour le coup de profondeur sur les refrains.

Afin d’être plus digeste, ce Live est entrecoupé d’intermèdes acoustiques légèrement soporifiques malgré l’excellence de l’interprète, et pas forcément répartis de façon idoine (l’enchaînement "Jiffy Jam"/"Hell Haw" par exemple, est trop insistant) ; ainsi que de samples horrifiques, pas vraiment contextualisés non plus. Puisque nous sommes dans la critique, et avec une pointe relativisme, il aurait été ardu de remplir ces soixante-treize minutes de titres impérissables, et nous passerons rapidement sur les titres aux empreintes peu marquantes comme "Making Monsters", "Now Fear This" ou "Portrait Of Sydney Sloan".

EN REVANCHE ! L’homme au sourire en zigzag nous fait l’honneur d’interpréter le combo "Season Of The Witch" dont l’atmosphère oppressante est parfaitement retranscrite, et surtout "Black Grass Plague", ou, comme en studio, JOHN 5 troque sa gratte électrique pour un banjo afin d’exécuter le lead final, le tout sublimé par la basse de Ross elle-même pas en reste avec un solo bref mais brillant.

Une grosse heure défile ainsi à toute vitesse, nous éblouissant de la faculté de Lowery à copier/coller son jeu studio et à le transposer quasi tel quel sur une scène comme si de rien, en témoigne sa cover de "Beat It", absolument fidèle à celle du regretté interprète originel, et sans basculer dans le "too much" en jouant à la partie chantée par MJ. Un "Medley" traditionnel chez JOHN 5 clôture le disque, ce dernier l’introduisant avec humour en admettant presque honteusement qu’il ne connaît, quoi qu’il en soit, plus aucune autre chanson. Je ne vous ferai pas l’affront de spoiler tous les artistes qu’il contient, car d'une, cela ne vous impressionnerait pas vu la consensualité des titres, et de deux, car il y en a des tartines ! Disons qu’on passe de KISS à SLAYER, l’exercice de blind-test pour nostalgiques reste amusant.

"It’s Alive!" est finalement une sacrée bonne opération pour un enregistrement pas ou peu préparé. L’occasion fait le larron comme on dit. Sachant cela, JOHN 5 aurait pu être un peu plus loquace ou dans le partage avec le public, mais le garçon semble sur la réserve. Il affirme honnêtement qu’il n’a pas de routine faussement spontanée qu’il rabâcherait devant n’importe quel public dans le cadre d’une tournée, et qu’il ne déconne pas trop, justement pour produire un enregistrement potable ! Peut-on lui en vouloir, surtout au regard du résultat où pas un poil de fion ne dépasse comme après une bande de cire ? Le set est carré, avec une tracklist solide, et sans être trop m’as-tu-vu, tout ce qu’on aime en somme.

Morceaux préférés : "Black Grass Plague", "Season Of The Witch", "Flight Of The Vulcan Kelly".

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(*) aka des faire-valoir interchangeables au gré de ses envies, à la GHOST en somme.