Recherche avancée       Liste groupes



      
OPERA DOOM  |  STUDIO

Lexique doom metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Style : Colosseum, My Dying Bride, Shape Of Despair, Evoken, Draconian
- Membre : Old Man's Child, 1349, In Vain
 

 Instagram (2)
 Site De Season Of Mist (2)

FUNERAL - Gospel Of Bones (2024)
Par PERE FRANSOUA le 10 Mars 2025          Consultée 1193 fois

La carrière de FUNERAL est un long chemin de croix parsemé d’embuches et de pertes, de tragédies et de tristesse comme l’annonçait prophétiquement les titres de leurs premières œuvres. Même s’il a souvent pensé baisser les bras et jeter l’éponge, Anders Eek a poursuivi la route du malheur musical, malgré les changements de membres, malgré les échecs et surtout malgré le suicide de deux de ces amis et membres principaux.
S’il on pensait ses plaies bandées et son deuil digéré grâce à une succession de disques consistants et qualitatifs avec une équipe plutôt stable, le batteur norvégien nous surprend une fois de plus avec une équipe quasiment entièrement remaniée (seuls restent le bassiste et la violoniste) et un disque consacré au deuil infini lié à la perte de ses deux compagnons Einar Andre Fredriksen (décédé en 2003) et Christian Loos (décédé en 2006) ainsi qu'à celle d’une mystérieuse troisième personne, vraisemblablement partie trop tôt ("Too Young To Die",) et si le compte est bon ça fait trois hommes morts ("Three Dead Men").

Conçu comme une cérémonie funéraire, "The Gospel Of Bones" plonge les mains dans le cambouis visqueux de la perte des êtres chers, de l’effroi de voir leur cercueil descendre sous terre, de la persistance de la douleur et du manque, et nous étale sa noirceur collante sur le cœur à l’aide du dispositif sonore le plus abouti de leur histoire, atteignant enfin le Graal longtemps recherché d’une fusion accomplie entre le Doom et la musique classique.
 
L’odyssée commencée avec des pièces de guitares classique romantique et du chant de soprano délicat ("Tragedies"), longtemps poursuivi avec des claviers synthétiques et des voix claires de mecs, donnant l’impression de stagner dans une qualité soutenue, a explosé son plafond de verre avec l’arrivée de Eirik P. Krokfjord, authentique chanteur d’opéra dont le timbre de baryton incroyablement profond transcende le disque, rempli l’espace sonore et comble nos cœurs.
Le brave Sine Nedland (*) (IN VAIN), frère de Lars Nedland (SOLEFALD, BORKNAGAR) avait fait du bon boulot sur "Oratorium" ou sur le récent "Praesentialis in Aeternum", mais il se fait balayer par la magnificence d’un véritable baryton rompu aux pièces d’opéra. La musique de FUNERAL en est transfigurée. Le fantastique Eirik Krokfjord, performeur expérimenté, sait insuffler l’expressivité des gens de scène et éblouit par son charisme (tel que l’on peut s’en apercevoir dans la vidéo de "My Own Grave").
Ajoutons à cela toutes les cordes acoustiques, violon, violoncelle, et même un "hardingfele" (violon Hardanger traditionnel norvégien, à l’étrange sonorité permise par la vibration par sympathie de quatre cordes supplémentaires), jouées et arrangées par Ingvild Anette Strønen Kaare (dit Sareeta), au prix de mois de travail, qui apportent une sonorité et une présence qu’aucun clavier synthétique ne pourra offrir, et vous obtenez un accomplissement sonore indéniable et inédit par sa qualité.

Doom et Opéra se mélangent harmonieusement, ça fait beaucoup de fréquences qui doivent cohabiter et il n’y a pas de la place pour tout le monde en même temps. Une bonne partie est occupée par la voix du baryton, qui en multiplie et superpose souvent les couches afin d’accentuer l’effet d’opéra, et s’acoquine parfaitement avec les énormes riffs rythmiques des guitares (à la production moderne et puissante). La concurrence se fait nettement plus sentir entre les mélodies des guitares et celles pourvues par toutes les cordes non-électrifiées.
Afin d’y remédier et que tout le monde trouve sa place, les norvégiens alternent les parties Doom et classique, comme sur "Yestertear", passant du calme au rugissement, avec pour fil conducteur les longues notes du baryton et les percussions solennelles.
L’efficacité maximale est atteinte sur "My Own Grave", sans conteste la meilleure œuvre du disque, aussi riche qu’accrocheuse, gardant sa cohérence à travers tous ces vicissitudes.
Analysé objectivement, le disque enchaîne les pièces riches aux multiples parties et surprises, sachant dosé ses atouts, mais une impression d’écœurement peut subvenir, un sentiment de submersion sonore, lié au spectre sonore rempli et à une écriture qui peut faire perdre pied, de tiroirs ouverts en virages labyrinthiques. Chaque moment est bon mais sur les une heure et six minutes que dure le disque on ne s’en rendra pas toujours compte, à moins d’une écoute ciblée et attentive.

Comme avoir un formidable chanteur d’opéra ne suffit pas, un autre chanteur est invité, l’étonnant Espen Ingierd de BEYOND DAWN, étrange groupe sans limite, qui passa d’un Doom Goth avant-gardiste (voire l’excellent "Pity Love") à un Electro Folk alternatif. Ses vocaux tout en délicatesse, à la nasalité immédiatement attachante, parfois à peine murmurés, tout en contraste avec la puissance du baryton, font de "To Break All Hearts of Men" l’autre meilleur moment de l’album, ainsi qu’un moment de fraîcheur bienvenu.

Il n’existe pas d’album semblable à celui-ci. L’entité maintenue et conduite par Anders Eek à travers toutes ces années compliquées atteint un accomplissement dont je me dois de souligner et célébrer. Accomplissement de la fusion harmonieuse entre Opéra, Classique et Doom Metal, sous l’égide de la tristesse et de l’enterrement, mais aussi accomplissement dans l’élaboration de ce Doom assez unique en lui-même, puissant et subtil, toujours très lent et pesant, sans toutefois pouvoir être estampillé Funeral et qui donc ne pourra qu’être qualifié de FUNERAL.
Malgré la fatigue et le trop plein qu’une œuvre aussi ambitieuse peut occasionner, je ne peux que me résoudre à reconnaître qu'un tel travail d’écriture, une telle qualité de production, un tel aboutissement de carrière et une si belle manière de transcender le deuil mérite tous les honneurs et toute notre attention, et donc une Sélection.

Note réelle : 4,5/5.

(*) Depuis l'écriture de cette chronique, l'ancien chanteur Sine Nedland, qui s'était volontairement mis en retrait de ses activités musicale pour lutter contre un cancer, a fini par perdre sa bataille et vient de décéder ce 2 mars 2025, à seulement quarante ans. Paix à son âme et pensée pour ces proches et sa famille.
Il vient tragiquement grossir les rangs des membres de FUNERAL qui quittèrent cette Terre trop tôt.
Je m'emploierais à mettre des mots sur ces exploits musicaux du mieux que je peux."

A lire aussi en DOOM METAL par PERE FRANSOUA :


SINISTRO
Sangue Cássia (2018)
Patrícia Sagrada

(+ 1 kro-express)



ABYSMAL GRIEF
Blasphema Secta (2018)
Cadavres Exquis


Marquez et partagez






 
   PERE FRANSOUA

 
  N/A



- André Asile (claviers)
- Anders Eek (batterie)
- Rune Gandrud (basse)
- Sareeta (violon, violon hardanger)
- Stian Kråbøl (guitares)
- Eirik P. Krokfjord (vocaux baryton)
- Espen Ingierd (vocaux additionnels)


1. Too Young To Die
2. Yestertear
3. Procession Of Misery
4. These Rusty Nails
5. Ailo's Lullaby
6. My Own Grave
7. To Break All Hearts Of Men
8. Når Kisten Senkes
9. Three Dead Men



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod