On peut être métalleux et avoir un côté fleur bleue. Faire beuaaaagh aux premiers trois coups de China et apprécier les coquelicots et les comédies romantiques. D’ailleurs, je me rematais récemment "Love Actually" avec mes trois filles sur le canapé, et je me disais qu’elle était quand même ‘achement mignonne la petite assistante rouquine de Hugh Grant. Cette bisounourserie qui nous caractérise secrètement pour qui saura aller au-delà des apparences barbares généralement affublées à notre musique fétiche, fait autant partie de notre culture que les doigts de Metal ou le triple 6 du docteur Satan.

C’est ainsi sereins, aussi bien dans les croquenots que dans l’slibar, que l’on peut également parfaitement assumer d’être un bon gros bourrin et d’éprouver des penchants virulents pour les courants les plus bas-du-front du merveilleux monde des musiques extrêmes. Et quoi de plus con - et de plus bon, après tout il n’y a qu’une lettre de différence - qu’un peu de Crossover Thrash à forte connotation Metalcore, je vous le demande ?... Pas grand-chose, nous sommes bien d’accord ! Ça tombe bien, c’est le registre dans lequel officient mes p’tits gars de PLEDGE OF SILENCE, made in France, siouplé !

Enfin, p’tits gars, oui et non, car les gaillards ont tout de même quelques kilomètres au compteur. Près de vingt piges pour être exact. Il était temps que NiME pose ses plumes velues sur le bestiau, même si nous ne sommes pas nécessairement toujours à la pointe de l'actualité, il est vrai. Si on couvrait du Reggae, on en serait sans doute à peine aux GLADIATORS...
Parigots/têtes de veau, le combo s’évertue contre vents et marées à nous castagner vertement les ratiches, malgré une relative confidentialité persistante depuis leurs débuts. Huit ans après un "Memento Mori" savoureux, après le départ d’un Gribin laissant un long vide avant l’arrivée de Lee derrière le micro, troquant pour l’occasion des textes Français pour des oripeaux anglois, "Guilty As Charged" est-il parti pour changer la donne ? Il n’appartient qu’à toi, ô glorieux lecteur (©Haplo) d’en décider, mais laisse-moi donc au préalable t’en conter quelque peu fleurette.

Qui dit Crossover Thrash, dit globalement "Gros riffs de Thrash", chant Hardcore et optionnellement breakdowns rupestres, petits toffees de gang vocals et de "fuck" virulents soupoudrés de-ci-de-là. Enfin, c’est la définition que j’en donnerai, mais il faudrait demander à Positron, c’est lui notre référent biblico-théorico-mélodique. Il me manque d’ailleurs, bordel (*). Bref, excusez… Vous voyez le dessin, quoi ! En gros, c’est exactement ce que la galette va vous proposer : des riffs simples que même Kerry KING y saurait jouer, balancés à grande vitesse (et exécutés par des professionnels, n’essayez pas de reproduire à la maison) et UNE PUTAIN D’ENERGIE DE MALADE à chaque seconde, que la basse claque, les guitares (per)sifflent ou les membres vous scandent leur conviction à la face, supplément postillons inclus. En parlant de postillons, le petit nouveau, Lee, mérite les encouragements du jury, les raclements de gorge éructés étant saisissant de sincérité (le reste aussi je vous rassure). Bravo à Mehdi et Max d’être allé le chercher pour relancer la machine PLEDGE OF SILENCE, même si j’avoue éprouver un petit faible pour la forte personnalité apportée par son prédécesseur évoluant dans notre belle langue de Molière (ouais, j’ai des réfs de ouf’).

Alors bon, en revanche, vos petits interludes parlés, vu la durée du bousin, on s’en care un peu les steaks, hein les gars. On n’est pas là pour se développer culturellement. Si on est des gros bœufs, c’est qu’on parle pas l’Shakespeare, mon pote (c’est ma deuxième réf, j’te rassure, c’est fini). Donc zêtes sympa, vous les rangerez à l’avenir "de par devers vous", et vous nous filerez une dose un peu plus généreuse de ce qu’on est venus chercher : de la grosse castagne à la KICKBACK, pour la référence française, ou plus certainement à la POWER TRIP ou GET THE SHOT pour les sommités internationales. Faut que les chicots finissent par terre à la fin, pas de temps à perdre.

Et bordel, à ce jeu-là, PLEDGE OF SILENCE peut regarder les grands du baston-game dans le blanc des yeux, tant la recette destructrice est maîtrisée à la perfection, que ce soit au niveau de l’écriture ciselée, de la maîtrise des tempi (principalement rapides, mais pas chiants) ou de l’agressivité permanente des musiciens. Les cinq réelles pistes de cet EP se dégustent donc sans arrière-goût si ce n’est une production un tantinet fadasse, et sauront à l’évidence vous tirer de quelque torpeur que ce soit sans peine aucune. Une jolie réussite, donc, que j’ai hâte de découvrir en concert tant la formule est née pour être déclinée en live. Chaos assuré.

(*) Message personnel : allez, Posi, reviens maintenant ! ça suffit les enfantillages, on a compris, en plus ALCEST a sorti un nouvel album et CHAT PILE aussi, même que je l’ai collé en sélection.