Terrifiants et enveloppés de ténèbres les Nazgûls sont ces spectres immortels entièrement dédiés à la vie de Sauron. Et DAY TO DAY LIFE OF THE NAZGÛL porte assez bien son nom mais ne vous attendez pas pour autant à du pur Dungeon Synth, l’univers de SkötD est bien plus varié. Si les traverses de Black Metal sont bien présentes, il subsiste dans cet album une part d’Ambient dosé par d’excellents ingrédients expérimentaux. Et c’est sans doute cette approche bien singulière qui a retenu mon attention et qui, une fois décantée par un nombre important d’écoutes, me conduit à vous écrire à son sujet.

SkötD a de nombreux projets dans la besace mais celui-ci met en exergue son amour du "Filosofem" de BURZUM et des longues plages de riffs hypnotiques bardés de solitude et d’épouvante possible. L’album court et dépasse d’une courte tête la demi-heure et pourrait se concentrer sur ses deux longs titres. Si l’on souhaite décortiquer le premier d’entre eux, "Hearth : Counterfeit Consciousness", j’aimerai vous dire qu’au-delà de l’aspect un peu méditatif qu’il m’inspire, il m’impressionne sur son côté Ambient tout autant que ses leads très singuliers aux consonances un poil Post. DAY TO DAY LIFE OF THE NAZGÛL me semble assez Psyché dans les atmosphères qu’il arrive à produire, notamment au travers de ce titre sacrément bien composé. Les riffs restent en tête, les nappes de claviers qui obscurcissent les solos lumineux nous embarquent dans cette dichotomie intéressante d’une lutte entre forces obscures et belligérantes, et puissance de vie.

Si l’interlude "The Collective Fever Dream Of Happiness" nous rappellera les paysages sombres si chers au comte Grishnackh, l’outro "Epilogue: Why Won't God Let Me Die" avec son brasier de riffs dissociés et son clavier éthéré et quasi enchanteur nous renvoie comme des drones à la figure à la toute fin. "Depths: Accepting Ones Worthlessness" est peut-être le titre le plus intéressant. SkötD nous entranse avec ses éructations aux tonalités doucereusement Grind (il a un autre projet de Grindcore nommé AN ADVOCATE FOR RANDOM ACTS OF VIOLENCE pour info), et ces boucles sonores répétées à l’infini nous absorbent au fur et à mesure le cerveau. Je reste friand de ces longues plages sonores qui vous infusent jusqu’à la moelle pour vous envenimer le corps. Certains n’y verront qu’un éternel recommencement ennuyeux là où d’autres, tel que moi, y ressentent de la rêverie, de l’introspection et de la matière pour explorer avec toute la sensorialité des terres inconnues de la pensée.

Premier album court certes mais passionnant, je dois bien dire que DAY TO DAY LIFE OF THE NAZGÛL a réussi son tour de passe-passe pour me faire chavirer. Sans doute cette sortie s’est noyée parmi d’autres, mais les amateurs de voyages sensoriels et d’expériences en auront pour leur argent. "Pain From A Previous Life" est quelque part un Ovni, un album à part et aux frontières indéterminées. Les titres s’enchaînent et forment un magma effusif très intéressant, qui marquera pour moi ce début d’année.