Les artworks avec château médiéval (tiens cela me fait associer aux premiers albums de WALLACHIA) et Proxima du Centaure (ce n’est sans doute pas exact, cela peut-être davantage ARCTURUS ou bien encore Bételgeuse) le tout dans une teinte magenta foncé, moi ça me capte de suite. Si qui plus est le titre est on ne peut plus équivoque et laisse une part possible et non négligeable au règne du songe, et que l’opus contient un Black Metal qui plus est français, qui plus est féminin, qui plus est multi-instrumentistes… en la personne de Lila Chupin (ici L.S mais que l’on peut retrouver sous le pseudonyme de Vöghräth). Ma curiosité redouble exponentiellement. Sorti le jour des morts, ce premier long effort de ARDENTE pourrait être un oublié de 2024 si nous omettions d’y jeter plus qu’une simple oreille.

Et si tous ces signaux nous laissaient déjà entrevoir une écoute intéressante, le contenu musical, je vous le dis de suite, confirmera cette prime impression. Bien que différent dans son style de Black Metal, "La Nuit Éternelle" me ramène pourtant par des associations toutes personnelles sans doute aux ambiances des albums de EPHELES. Avec cette infinie noirceur atmosphérique, cette envie d’embrasser la solitude par de longues marches introspectives au contact d’autres puissances ou d’autres aspects de l’ordre de la Nature. Car il y a bien quelque chose de cela qui se dégage de certains titres tels que "Flammes Et Destruction" ou bien encore à la majestueuse pièce musicale qu’est "Larmes Étoilées (Scintillant à travers la Nuit Éternelle)". Avec des riffs aussi hypnotiques et des nappes de claviers aussi voyageuses, difficile de retenir cette envie pressante d’aller regarder la voûte céleste et d’y faire perdre son regard dans l’infini.

Si des aspects plus épiques et moyenâgeux transparaissent de "Diluviennes Angoisses" et surtout au sein de "De Sang Et De Pierre", "La Nuit Éternelle" est un album hivernal mordant de froid et d’hostilité mais empreint d’une beauté neigeuse immaculée. Avec sa production bien rêche et ses hauts médiums bien en avant faisant la part belle au riffing, ce premier album passionne. Acmé pour moi le long titre instrumental superbement labyrinthique qui me ramène derechef aux belles heures des 90's ; j’y vois un peu des leads superbes du "Landscape Symphonies" de MEPHISTOPHELES (1997). Pas aisé de tenir son auditeur dix minutes en haleine et pourtant "Souvenirs Des Terres D'Émeraude" dévoile toute l’étendue du talent de compositrice de la prolifique Lila Chupin. Et cela force le respect tant la maîtrise instrumentale et la captation des ambiances bardées d’émotions est ici saisissante.

Je suis juste un peu moins comblé par le chant screamé de Lila Chupin mais son jeu, discret, laisse les instrumentations et leurs motifs enténébrés prendre largement place en monopolisant l’attention. Après un nombre important de collaborations, de démos, de compilations et de singles voilà que Lila Chupin accomplit un premier album qui peut nous rendre que très fier d’avoir une relève aussi talentueuse au sein de la scène française du Black Metal. En absorbant tous les faisceaux d’ombre, de lumière et de clair-obscur, "La Nuit Éternelle" est je dois dire l’une des plus belles surprises du Black Metal obscur français de cette année. Promis à un grand avenir. Voilà, c’est dit et assumé !