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2023 Lost Animals
2025 A Story To Make Us Real
 

- Style : Tribe After Tribe
- Style + Membre : Machine Vertigo

TOMO VERTIGO - A Story To Make Us Real (2025)
Par DARK BEAGLE le 6 Février 2025          Consultée 760 fois

Lorsque je parlais du premier album de TOMO VERTIGO, "Lost Animals", j’évoquais une certaine difficulté à évoquer la musique du groupe, qui était assez originale, du fait de son aspect collaboratif et qui voyageait entre Heavy Metal, Prog et ambiances plus tribales. Pour ce deuxième essai, "A Story To Make Us Real" à la pochette, ma foi, qui a le mérite d’exister, je me retrouve également quelque peu englué dans mes impressions concernant ce disque. En fait, j’aime énormément l’idée de fond, mais je n’apprécie pas spécialement la forme que prend l’ensemble. Ce qui est franchement dommage, parce le tout fourmille d’idées pour le moins intéressantes.

Alors par quoi vais-je commencer ? Bon, à la première écoute, j’ai pensé à du MARILLION période Hogarth. Il y a ce calme mêlé de tensions qui se greffent progressivement à l’ensemble, avec un chant un peu plaintif qui n’empêche pas les titres de devenir épiques, bien au contraire. J’avais déjà souligné la qualité du chant de Tomas Baptista sur le précédent album, je ne peux que m’incliner devant ses qualités, même si je dois mettre un ou deux bémols, du genre « ne se renouvelle pas assez ». En effet, son timbre est agréable, il se veut plutôt expressif, mais le fait qu’il ne se renouvelle pas, qu’il mette plus de hargne par moments fait qu’il peut devenir un peu monotone au fil des écoutes. Puis à mesure que je me passais le disque, l'aspect MARILLION s'effritait petit à petit. Remplacé par quoi ? Par rien en particulier, même si certains passages sont évocateurs sans que je parvienne à mettre exactement le doigt dessus.

Ensuite, la batterie est ici programmée. Et elle ne sonne malheureusement pas très bien, elle est trop rigide, elle manque de souplesse et surtout du groove essentiel que pourrait apporter un véritable batteur. Là, c’est froid, clinique. Et je pense que le choix est tout à fait volontaire, cela vient donner des connotations New Wave à l’ensemble, une coloration très ’80 finalement, qui tranche complètement avec la tribalité de "Lost Animals". Nous passons d’un univers menaçant à quelque chose de plus désespéré, mais cette batterie fait grincer des dents par sa non-présence, remplacée par la machine.

Et complètement à l’opposé, un saxophone évocateur surgit sur plusieurs compositions, venant apporter une chaleur assez inespérée, une réelle plus-value à un ensemble qui peine un peu à décoller par moments. Il faut dire qu’ici la guitare est reléguée au second plan, elle n’a pas la mainmise sur l’ensemble, elle laisse en revanche un énorme espace pour que Tomas Baptista puisse s’exprimer. De nombreux titres fonctionnent par sa présence, qui est énorme, comme si Arnaud Guéguen, instigateur du projet, à tout construit autour de la voix de son chanteur.

Cependant, si la forme se veut par moments bancale, le fond est, quant à lui, irréprochable. "A Story To Make Us Real" ressemble fort à un concept album (le disque a été livré sans les paroles, ce qui peut être un peu embêtant pour bien s’imprégner de la chose), où l’on navigue dans une espèce d’onirisme, où rien n’est tout à fait réel. À ce point, "Impressions" joue un peu le rôle de charnière centrale, comme avait pu l’être "Amazonia" sur l’opus précédent, mais ici, nous vivons un brusque retour sur terre.

La guitare revient au premier plan et avec elle une agressivité qui jusque là était en filigrane, en sourdine autant qu’épisodique. C’est totalement Punk dans l’esprit même si cela part dans tous les sens, notamment avec ce saxophone aussi sauvage que déchaîné, qui va créer un lien avec "New Impressions", le morceau suivant, qui retrouve également des rivages plus calmes. Le chanteur semble à la recherche de vérités, d’authenticité, quelque chose qui lui donnerait une identité qui lui est propre pour ne pas simplement être un rouage dans la matrice. C’est ainsi que j’ai ressenti ce disque, qui se veut sombre et teinté d’un spleen quasi Baudelairien.

Et les idées ne sont pas en reste, elles fourmillent de partout. TOMO VERTIGO est un projet créatif, qui joue sur des schémas mélodiques complexes mais soignés. Des morceaux comme "My God", "Disaster", "Sad Miracle" ou encore "Slow And Hypnotic" ont un potentiel terriblement sous-exploité par l’impression que donne le rendu final. Alors oui, s’il y a un concept derrière tout cela et qu’il se rapproche de ce que j’ai imaginé en écoutant l’album, la batterie programmée s’avère en définitive assez logique, histoire de bien déshumaniser le truc. Cependant, je ne peux m’empêcher de réellement adorer le fonds, les morceaux en règle générale, même si leur forme ne m’encourage pas à écouter le disque en boucle comme avait pu le faire "Lost Animals".

Aussi je me pose la question des limites de l’auto-production, et surtout du fait de gérer quasiment seul tout l’aspect créatif et musical d’un disque pétri d’autant d’ambitions. Car oui, cet album est ambitieux, assurément. Sous ses dehors accessibles, il demeure complexe, peu commun. Mais pour le coup, Arnaud Guéguen semble manquer quelque peu de recul, d’avis extérieurs qui auraient pu changer la donne. Ou tout simplement de musiciens supplémentaires qui auraient pu apporter une couleur différente à l’ensemble avec leur feeling.

Je campe néanmoins sur ce 3/5, note un peu plate, j’en conviens, mais moins sentencieuse qu’un 2 qui ne serait pas mérité. Parce que "A Story To Make Us Real" possède un potentiel terrible, entre trouvailles mélodiques (ce clavier qui s’insère délicatement dans l’ensemble sans devenir trop présent, ni étouffant, les couleurs chaudes apportées de façon salutaire par le saxophone, le chant de Baptista qui fait par moments de véritables miracles et qui pourrait aller au-delà s’il lâchait un peu plus les chevaux). Il s’agit d’un album en totale rupture avec son prédécesseur, œuvre d’un artiste qui ose. Il ose laisser libre-court à ses idées et il ose les exploiter, quitte à parfois se tromper ou ne pas parvenir à un résultat totalement satisfaisant pour l’auditeur que je suis, mais qui sait créer un certain émoi et à focaliser l’attention. Et ça ce n’est pas donné à tout le monde. Autant dire que j’attends de pied ferme le troisième album tant celui-ci éveille ma curiosité et me frustre à la fois.

Morceaux préférés : "My God", "Disaster", "Sad Miracle" et "Slow And Hypnotic", qui forment une superbe suite.

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- Tomas Baptista (chant)
- Arnaud Guéguen (guitare, basse, programmations, claviers, percussions)
- Apoline Jousseaume (chant)
- Itunu Babatunde (choeurs)
- Bertrand Delaloy (percussions, basse additionnelles, claviers additionnels)
- Kevon Scott (saxophone)


1. The Crossing
2. My God
3. Disaster
4. Sad Miracle
5. Slow And Hypnotic
6. Impressions
7. New Impressions
8. Cold Moon
9. The Followers
10. Metamorphosis



             



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