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1972 Jerusalem

JERUSALEM - Jerusalem (1972)
Par DARK BEAGLE le 11 Janvier 2025          Consultée 715 fois

Voilà une histoire du Metal pour le moins étrange que celle de JERUSALEM. Étrange car elle semble inachevée et il ne reste aujourd’hui qu’un vague souvenir chez les plus anciens d’entre nous et ce disque à la pochette assez moche pour rappeler au monde que la Grande Bretagne était à la pointe d’un Hard Rock vindicatif dans les années 70. Cette offrande unique avait les clés en main pour ouvrir de nombreuses portes à ce groupe, mais l’histoire en a donc décidé autrement. Et ce malgré le gros coup de pouce de Ian Gillan.

Bon, remontons un peu en arrière. Nous sommes en 1970. DEEP PURPLE vient de casser la baraque avec le colossal "In Rock" et il allait entrainer dans sa traîne de jeunes combos qui voient en ce disque une excellente alternative à une scène Rock certes en pleine ébullition, mais qui pouvait manquer de virulence. Parmi eux, une première mouture de JERUSALEM va voir le jour et le combo va taper dans l’œil de Ian Gillan, qui ne peut rester insensible à cette musique tant elle lui rappelle celle qu’il réalise avec son groupe, sauf que JERUSALEM remplace les claviers par une seconde guitare.

Gillan va donc produire ce premier (et unique donc) album de la jeune formation en 1972 et il va exprimer son intérêt envers JERUSALEM au verso de la pochette, se fendant d’un texte relativement élogieux à leur égard, ce qui n’est pas une mince publicité en leur faveur. En écoutant l’album, on peut aisément comprendre ce qui lui avait plu dans la musique de ses compatriotes et comment il a su la restituer du mieux qu’il a pu. Ne vous attendez pas à quelque chose de propre et d’élégant, JERUSALEM est franchement bordélique et ça lui confère un charme certain.

Alors oui, il y a du "In Rock" là-dedans, jusqu’à certains passages de "Hooded Eagle" (cette marche qui n'est pas sans rappeler celle de "Child In Time", la guitare part à l’assaut, la rythmique est furibarde, elle rebondit partout, le groupe développe une tension proche du Heavy Metal, une lourdeur qui lui appartient, tout en conservant un souffle épique. Pour faire simple, on pourrait considérer que JERUSALEM pratique une musique proche de celle de DEEP PURPLE, tout en se rapprochant du premier essai de CIRITH UNGOL (qui comprend bon nombre de morceaux écrits dans les années 70). Les soli fusent dans tous les sens, les parties instrumentales occupent bien l’espace. Nous n’allons pas parler de virtuosité ou de savoir-faire, on va plutôt évoquer une fougue et même un jusqu’au-boutisme assez inédit pour l’époque.

JERUSALEM, c’est un groupe de jeunes chiens fous qui jouent bruyamment, à coups de grosses cavalcades de guitares et d’une section rythmique bien présente, même si le batteur manque quelque peu de variété au niveau de son jeu. Derrière le micro, Lynden Williams sonne la charge. Il n’a pas un coffre extraordinaire, mais sa voix fait mouche, elle se rapproche de celle de Gillan, mais déjà on peut entendre le type de voix que l’on entendra quelques années plus tard au sein de la NWOBHM.

Je n’irai pas à dire que JERUSALEM était avant-gardiste totalement, ses racines la formation les puise dans le Blues comme beaucoup de combos de l’époque (écoutez bien "When The Wolf Sits") et son inspiration se cherche volontiers du côté de DEEP PURPLE ou de BLACK SABBATH (avec lesquels le groupe aura tourné au début des ’70), mais nous assistons à une radicalisation du son, le tout sonne de façon très agressive (et bien bordélique, comme l’atteste "Frustration" en ouverture, mais ça le fait, parce que ça fait partie du charme que dégage le combo).

Et nous naviguons dans diverses contrées, faites de riffs véloces, de structures mouvantes où règne parfois un esprit Doom bien senti ("Primitive Man", l’excellent "Beyond The Grave"), JERUSALEM se lance également dans quelques expérimentations sauvages comme "She Came Like A Bat From Hell", où le Blues se fait plus tortueux et s’offre des accélérations brutales diablement Rock’N’Roll. Ce disque n’est pas qu’une simple resucée de "In Rock" comme cela peut être avancé quelques fois, il n’y a pas de clavier pour arrondir les angles, tout est dans l’agression, avec une tessiture plus sombre, quasi Heavy Metal tel qu’on l’entendra quelques années plus tard.

Il y avait clairement quelque chose qui se passait à ce moment-là. Quelque chose qui fait que ce disque est devenu culte pour les amateurs du genre, même s’il n’est pas cité spontanément lors des soirées Metal mondaines (en gros bière et sandwiches rosette en lieu et place des canapés et du champagne). Et le fait que le groupe se saborde quelques années plus tard, sans lui donner de successeur à l’exception d’un 45 tours y contribuera logiquement. Du line-up ayant enregistré ce disque ne subsisteront que le batteur Ray Sparrow et le guitariste Bob Cooke, la magie – et peut-être bien l’envie – se seront envolées avec le reste du groupe. De ces cendres naitra PUSSY, qui lui aussi disparaitra après un seul et unique album…

Ian Gillan a eu le nez creux en aidant JERUSALEM à sortir son LP, il y a certainement entendu quelque chose qui lui faisait penser que ce n’était pas banal. Relisez ce qu’il en dit au verso de la pochette. Avec un énorme recul de plus de cinquante ans, il y avait effectivement quelque chose, qui a pu échapper aux amateurs du genre et à la critique à l’époque. Peut-être qu’il était pour le mieux que JERUSALEM en reste là, pour l’aspect culte, ou peut-être parce qu’il n’aurait pas réussi à faire mieux. C’est peut-être un énorme gâchis également. Quoiqu’il en soit, cette unique offrande reste remarquable, bien qu’imparfaite.

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- Lynden Williams (chant)
- Bob Cooke (guitare)
- Bill Hinde (guitare)
- Paul Dean (basse)
- Ray Sparrow (batterie)


1. Frustration
2. Hooded Eagle
3. I See The Light
4. Murderer's Lament
5. When The Wolf Sits
6. Midnight Steamer
7. Primitive Man
8. Beyond The Grave
9. She Came Like A Bat From Hell



             



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