C’est qu’elle en aura fait du bruit cette tournée de 2000 promouvant "Heavy Metal Anthem", un album best of inespéré de la part de la formation japonaise qui avait splitté suite à son dernier album de 1992. Or, il était hors de question pour Naoto Shibata de seulement se reposer sur un passé présumément glorieux (surtout quand on sait la façon dont s'est terminée l'aventure). Si Mad Ohuchi le grand ami du bassiste préfère se recentrer sur ses activités de restauration plus lucratives, ANTHEM va pour autant renaître de ses cendres avec Akio Shimizu comme commandant en second et une section rythmique qui ne se découvre pas vraiment, puisqu'elle aura été celle de LOUDNESS pendant la plus grande partie des années 90. En effet, Hirotsugu Homma rejoint ANTHEM pour l'enregistrement du premier album de sa deuxième carrière.

"Seven Hills", puisque c’est comme cela qu’il s’appelle, va très très rapidement nous démontrer qu'on n'en avait pas fini avec ANTHEM, ce que les années 2000, très florissantes d'un point de vue créatif, ne cesseront de démontrer il y a donc deux manières de jauger ce "Seven Hills" : si on se met dans la peau de l'amateur de Heavy Metal qui connaissait les six premiers albums c'est un retour en forme évident et quasi inespéré, dans une configuration qui conjugue les débuts d’ANTHEM ainsi que sa dernière mouture plus aguerrie et professionnelle matérialiser par la cohabitation au sein du même effectif d'Akio Shimizu et de Eizo Sakamoto. Des morceaux de la trempe de "Grieve Of Heart" ou encore de "XTC" montrent deux choses : que Eizo Sakamoto continue de s'affirmer comme un chanteur qui se bonifie au fil des années et des albums enregistrés, et que le potentiel plutôt impressionnant d'Akio Shimizu n'en était qu’à ses balbutiements sur "Domestic Booty". Il suffira pour ça de se concentrer sur "D.I.M. 422", instrumental fort 'goûtu' dont le guitariste se fera désormais une spécialité à chaque album.

Et puis il y a l’amateur d’ANTHEM qui connaît le catalogue publié par les Japonais au cours des années 2000, et au-delà d'un album de Heavy Metal puissant, parfaitement exécuté et frondeur, elle sentira un ANTHEM tourné vers l'avenir, mais qui surtout s'appuie fortement sur ses fondamentaux. Et le talent déjà affiché sur les premiers albums pour les titres speed va se confirmer ici.

"Seven Hills" est-il un essentiel de la carrière d'ANTHEM ? Il est crucial car il a permis au groupe de se relancer sur le marché japonais et de conserver le momentum créé par "Heavy Metal Anthem". Sa production assurée par le fidèle Chris Tsangarides, qui fut particulièrement surpris par le niveau de professionnalisme acquis durant les dernières années par ses petits protégés, se veut organique, puissante, mais pas tape-à-l'œil.

"Seven Hills" est un disque fondamentalement solide, plus proche de "Bound To Break" que de "Domestic Booty" ; un disque de Heavy Metal racé tel qu'on le produisait au début des années 90 et qui aurait très bien pu succéder à l'opus de 92 sans qu'on y trouve rien à redire. Signant un contrat sur le papier particulièrement avantageux avec JCV Victor, ce qui ne sera pas forcément une aide pour internationaliser le groupe, on va même, en 2001, se retrouver dans un paysage Metal bien différent de celui qu'il avait quitté en 1993, à une époque où les groupes de sa génération, quand ils subsistent, peinent soit à se renouveler, soit à garder la tête hors de l'eau, la mouvance True Metal venue d’Europe fait beaucoup d’émules au Japon et une nouvelle génération de groupes menée par des guitaristes extrêmement talentueux (CONCERTO MOON, VERSAILLES, UNLUCKY MORPHEUS, GALNERYUS…). Ces groupes qui ont fait la synthèse du Power d'HELLOWEEN et de X JAPAN, sont les nouvelles têtes d'affiche du style au Japon, ce qui va mener ANTHEM à se tourner vers l'expérimentation dès l'album suivant "Overlord". Avec un très bel album de retour hélas un peu passéiste, "Seven Hills" annonce tout de même la couleur, il ne se reniera pas, il fait encore jouer de sa puissance de feu, plutôt renforcée qu'atténuée par les années de hiatus, et sa propension à dégainer des speederies hymniques et fédératrices va immanquablement compter dans cette nouvelle ère.