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2010 Wonderlustre
2012 Black Traffic
 

- Membre : Wishbone Ash
 

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SKUNK ANANSIE - Anarchytecture (2016)
Par HAPLO le 3 Janvier 2025          Consultée 423 fois

Que dire d’intelligent à propos de cet "Anarchytecture" pondu par les SKUNK ANANSIE début 2016 et qui ne vienne douloureusement s’ajouter aux tonnes de cartouches lui ayant déjà été généreusement rafalées par les chroniqueurs de tous poils, ce qui lui a du coup méchamment troué la carlingue ?

Une illustration de couverture qui pique les yeux forte d’une colorimétrie moche à ravir ? Des ambiances popisantes sournoisement chewing-gummesques qui diluent la rage du combo dans une musique tant molle du genou qu’outrageusement consensuelle ? Un batteur, descendant d’une haute lignée de bûcherons, devenu brusquement amnésique et qu’on a dû remplacer à l’arrache par une foutue boîte à rythmes et des samples à deux balles ? Un guitariste naguère mordant que l’on réduit aujourd’hui à des ombres de riffs éthérés qui ne rayent plus que son amour propre ? Un gang désespérément rentré dans le rang et qui prépare gentiment sa retraite en grappillant les royalties gagnés sur de gentils fans tiédasses rabattus à la dernière heure ?

Un peu de tout ça ma bonne dame… À l’exception prête que l’on parle ici des SKUNK ANANSIE, et que ça fait forcément réfléchir !
Né dans la cuve bouillonnante de la scène alternative londonienne de l’aube des années 90, ce combo hautement improbable qui uni une Diva panthère noire dont la voix explose les vitres, un bassiste rasta-rocker aux cordes vrombissantes, un guitariste en forme de mèche à béton sans oublier le bûcheron déjà cité derrière les fûts, va faire dégringoler les étagères locales puis s’envoler à la conquête de la planète… Qui tombera d’ailleurs rapidement sous le charme de cette énergie survoltée, de ce mélange urticant qui oscille entre la gifle claquante et le musc entêtant de la passion mélodico-charnelle. Bref, les SKUNK deviennent alors les SKUNK ! Et ils vont régner sans partage.

Oui mais voilà ; toutes les romances ont une fin et malgré un retour inspiré après dix ans d’absence (les inédits figurant sur la compil "Smashes and Trashes" 2009), nos trublions marquent un changement de cap, sans doute artistiquement réfléchi, mais qui va laisser les fans de la première heure s’étant trop vite réjouis, un peu comme deux ronds de flan… Car si la voix et le geste sont toujours bien présents, notamment sur scène, les oreilles s’écarquillent quand même à l’écoute du (quasi) soporifique "Wonderlustre" (2010), ou de l’à peine plus convaincant "Black Traffic" (2012) dans lesquels le quartet sert un rock castré de sa composante la plus rageuse et passionnée. "Anarchytecture" vient donc clore un second cycle ambivalent par lequel les Britanniques, tout en capitalisant sur leur passé glorieux, semblent être clairement passés à d’autres choses… même si l’opus de 2012 donne le (léger) sentiment d’un petit coup de reviens-y qui n’a pas été pour me chagriner. Mais quid de la musique annoncée par cette pochette aux angles prononcés et aux couleurs criardes de 2016 ?

Loin de nous faire le coup de la séquence 'revival' de derrière les fagots ou du paquet de pop-corn cloutés en mode surprise, les SKUNK entérinent leur migration vers des contrées soft-pop aux échos électroniques envahissants, que certains s’aventureront sans doute à qualifier de maturité artistique, mais qui concrètement nous conduit aux antipodes de ce qui faisait le cachet de ces hurluberlus londoniens. L’introductif et très aseptisé "Love Someone Else" scelle ce parti pris, à grand renfort d’effets synthé, de (quelques) échos sur la voix pourtant si indomptable de Skin mais surtout avec une batterie ultra-minimaliste qu’on croirait tout droit sortie du Bontempi de mon petit cousin. Et même si tous les titres d’"Anarchytecture" ne se vautrent pas dans cette instrumentalisation guimauvesque, ils en reprennent néanmoins les gimmicks et la tournure générale clairement dégoulinante.

"- Le navire est en train de couler mon capitaine… les femmes et les moussaillons d’abord ?"

Oui… La première est et sera Skin.
Atemporelle, impériale, inégalée… les adjectifs décrivent si mal cette voix et cette sensualité auditive hors-normes. Un organe si bien maîtrisé qu’il s’adapte encore et toujours à des styles qui potentiellement le desservent : Même en battant les œufs en neige pour les mélanger à de la choucroute, Miss Skin reste un puits sans fond de puissance et d’émotivité que tous les Barbelivien du monde ne pourront jamais mettre en sourdine… Et qui parvient à surnager au travers de compos qui s’écrouleraient sans elle : à l’image d’un "Death To The Lovers" ou d’un "I'll Let You Down" où la Diva parvient le temps d’un titre à me faire oublier toutes les méchantes choses que j’ai prononcées sur cet album.

L’art de la mélodie la suivra.
Anesthésiés, en plein coming-out Pop ramollo, les SKUNK ANANSIE ne perdent néanmoins pas leur foutue capacité à produire des mélodies accrocheuses, voir hypnotiques, et qui viennent clairement sauver les meubles sur ce cru doux-amer de 2016 : bouée de sauvetage à laquelle je me raccroche désespérément sur l’intrigant "In The Back Room" et sa cadence funky ou fusée de détresse qui donne une teinte plus sanguine à la douleur de Skin sur le progressif "Victim", le sens de la montée en puissance mélodique est encore l’apanage tout comme le talent des Anglais qui s’en servent ici de manière bien ordonnée… Ouf ! Tout ne fout pas le camps !

Le bassiste tu n’oublieras pas !
Contrairement à ses confrères instrumentistes dont les champs d’actions semblent nettement rognés, l’ami Cass tire sa carte du jeu avec des lignes de basse globalement audibles et respectées. Profitant seulement des nombreuses séquences dépouillées qui viennent en contre-pied d’un refrain ou d’un bridge un chouia punchy, et y adosse sans vergogne sa basse serpentine et colorée à la voix de la Diva. Il est ainsi le rocher sur lequel s’accrochent des titres comme le minimaliste "Bullets" ou le plus crunchy "Beauty Is Your Curse" même avec une petite carence d’âme. Cass is present !

La Gloire passée en mode clin d’œil tu revivras !
Le temps d’un morceau, et d’un seul, le combo britannique resserre les rangs et se met un tantinet le mord aux dents pour nous offrir au travers du rafraîchissant "Without You", dont les alternances entre des passages très soft groovy et des séquences plus amples n'est pas sans rappeler la recette gagnante des succès passés, un petit moment de grâce cuivrée qui éclaire bien faiblement le potage ambiant… Mais bon ; ils l’ont fait !
Par contre, je ne dirais rien de l’insipide "That Sinking Feeling" qui cherche maladroitement à cloner le très convaincant et martelant "I Believed In You" de 2012… Zut ! J’en ai parlé.

Bref, tout ça pour dire que les SKUNK, avec ce "Anarchytecture" très convenu et propre sur lui, s’éloignent encore un peu plus des rives Métallo-alternatives qui faisaient pourtant leur charme des débuts. Électronisée et rendue sage à outrance, leur musique glisse dans les oreilles comme une confiserie sucrée aromatisée à la voix de Skin et à la basse de Cass… mais finalement très oubliable. Un quatrième opus dans cette veine rose-bonbon méritera t’il seulement d’être (encore) chroniqué sur NIME ? À l’image de leur (belle) prestation au PinkPop de juin 2016, les Britanniques semblent s’en tamponner le coquillard, quitte à mettre sous le fagot ce dernier opus (trois titres seulement sur quatorze sont issus d’"Anarchytecture" paru seulement cinq mois avant!) et continuent d’électriser les foules… quand y’a d’la gène, y’a pas de plaisir !

Seul devant ces tables vides… qui encadrent la scène du Monto Water Rats de Londres, où les SKUNK ANANSIE ont fait leurs débuts vibrionnants en 1994, je grave avec peine dans le bois durci par le cul des pintes de bières un 2/5 rageur pour cet "Anarchytecture" bien trop sage pour moi. Après plus de vingt ans d’élucubrations musicales, le gang de Skin me semblait être digne de ne pas (encore) rentrer dans l’âge de raison.

- pour le flash salvateur :"Without You"
- pour la Voix :"I'll Let You Down"
- c’est pas grave si t’en parles pas à tes petits enfants devant le feu de cheminée la veille de Noël : le reste de l’album.

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   HAPLO

 
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- Skin (chant)
- Ace (guitare)
- Cass (basse)
- Mark Richardson (batterie)


1. Love Someone Else
2. Victim
3. Beauty Is Your Curse
4. Death To The Lovers
5. In The Back Room
6. Bullets
7. That Sinking Feeling
8. Without You
9. Suckers!
10. We Are The Flames
11. I'll Let You Down



             



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