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THALL  |  E.P

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2024 Mare

MIRAR - Mare (2024)
Par REMISSA le 1er Février 2025          Consultée 428 fois

C’est bien confortable dans ma grotte, à la recherche de nouveautés en dehors du spectre d’artistes dont j’ai la charge que j’errais sur les Internets, et plus précisément sur Bandcamp à la recherche d’une nouvelle perle rare à accrocher à mon tableau de chasse. Oui, je glandais, ne pinaillons pas sur la sémantique.
Bref, tout à coup, mon oeil fut attiré par un sublime artwork reprenant "Giuditta e Oloferne", ou "Judith décapitant Holopherne" du Caravage. Méga-Metal me dis-je. Je creuse, tiens tiens, c’est Français, et les premières critiques semblent dithyrambiques… Je me méfie tout de même, c’est Bandcamp : il s’agit peut-être de membres de leur famille, vous savez comme cette grande tante qui like toutes vos photos Facebook, même celles où vous êtes de dos… Je lance donc cet EP, et là, stupeur et frissons (voire tremblements).

Cela fait bien longtemps qu’un album ne m’avait pas laissé sur un tel sentiment d’incompréhension face à ce qu’il a à me proposer. MIRAR est singulier, résolument moderne, et se veut surprenant à chaque instant. Le duo Léo Watremez/Marius Elfstedt derrière cet énigmatique nom de scène délivre, toujours selon les Internets, un Metal Progressif… Mais amis du Prog gentillet ou scolaire, fuyez tant qu’il est encore tant. L’ami Kol ne s’y était pas trompé, bon augure qu’il est : la jeune génération de Metalleux ne se laisse pas enfermer dans un carcan à la sempiternelle recherche de réinventer l’existant pour tenter de le sublimer, non. Ces deux jeunes trublions aiment à se perdre dans des étendues sauvages, presque hostiles, loin de tout repère, dans une errance consciente où les routes ne se rejoignent jamais. Bienvenue dans le merveilleux monde du "Thall", cousin proche du Djent, moins groovy et démonstratif, mais nettement plus hypnotisant.

Reprenant sur le papier les mouvances néoclassiques et baroques, les plus aguerris d’entre-vous pourront repérer des thèmes, des notes, ou au mieux, des airs du "Concerto pour piano n°2 en do mineur, op. 18" de Rachmaninov sur "Rachma" ou de son "Prélude en Sol mineur, op. 23 n° 5" sur "Cauchemar" ; du Ballet de Rameau "Les Indes galantes" sur "Rose Bonbon" ; ou encore du "Prélude en Do Mineur BWV 847" du "Clavier bien tempéré" de Bach sur "Franka"... Mais il faudra bien tendre l’oreille et oser embrasser la torture que le duo français leur fait subir, à l’instar de ce pauvre Holopherne précédemment dépeint.

Bien que les sonorités des guitares syncopées et hyper compressées en post-production donnent des airs dissonants, un certain ordre semble régir ce chaos absolu. Est-ce dû à la rigueur dans la composition des pièces par les maestri originaux, est-ce par choix conscient du duo ? Impossible de l’attester, de toute manière, tout défile à trop grande vitesse pour conscientiser tout cela à la première écoute. Les coups de butoirs cadençant les chugs par milliers alourdissent la douloureuse, et brisent tout rythme ou repère qui permettraient d’avoir un quelconque refuge familier ou début de réconfort. Car oui, "Mare", est angoissant. Angoissant par son atmosphère, et par l’efficacité qu’il dégage.

Sans être des amuses-bouches, les deux premiers titres ne sont que des annonciateurs de la déflagration qui point avec "Hestehov", incorporant des clavecins tranchant encore davantage avec les centenaires séparant les ingrédients de cette folle cacophonie. Le point d’orgue (ba-dum-tss) arrive avec "Oslo", poussant le bouchon jusqu’aux frontières du Metal, ni plus ni moins. Indiscutablement Djent à ses prémices, ses breaks n’ont pas pour objet de jouer dans la même cour que les Coreux en quête de trouver celui qui creusera le plus profond son trou dans la violence, mais servent de tremplin à des passages trance-hardstyle, sommets de la folie de MIRAR. Hérésie ou comble du comble, il serait presque possible de danser dessus pour les moins tachycardes d’entre-nous (et avec un ou deux cachetons d’ecstasy pris préalablement).

Finalement, "Cauchemar" et ses neuf minutes est une redescente nécessaire après cette apocalypse, quoi qu’un peu longuette avec cette outro au piano légèrement superfétatoire.

Là où VILDHJARTA a cimenté les premières briques, construit le premier étage et même posé les tuiles du Thall, MIRAR s’engouffre dans la brèche pour faire les finitions. Avec une très grosse truelle. L’absence totale de chant, contrairement aux Suédois précédemment cités, ouvre la voie vers une autre appréhension de ce nouveau courant, qui comme les plus "récents" d’entre-eux (Core, Djent, etc.) aura son lot de détracteurs de principe. Pour ma part, je profite sans bouder mon plaisir à l’intarissable soif de création de la jeunesse. Et cocorico au passage.

Morceaux préférés : "Oslo", "Hestehov", "Rachma".

N.B. : Et vous savez le plus drôle ? J’ai découvert MIRAR pile six mois après la sortie de "Mare"... Bon ben, je suis bon pour scroller de nouveau sur Bandcamp, c’est pas aujourd’hui que je vais dégoter des nouveautés croustillantes…

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   REMISSA

 
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- Léo Watremez (tout)
- Marius Elfstedt (tout)


1. Rachma
2. Rose Bonbon
3. Hestehov
4. Franka
5. Oslo
6. Cauchemar



             



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