Bon vous avez vu la note ? Est-il besoin d'en dire davantage ? Si je me suis lassé des Lives de MAIDEN, pas toujours bien exécutés, mal harmonisés et relativement redondants (surtout avec une telle carrière), le passage d'HELLOWEEN de cinq à sept musiciens a donné lieu à un retour aussi triomphal qu'attendu par les fans des Anglais en 2000… à ceci près que la deuxième carrière d'HELLOWEEN a été florissante et que ses fans ont dû attendre vingt-cinq ans pour voir revenir le fils prodigue Michael Kiske et quasi trente pour le fondateur d'un genre tout entier (rigolo de constater que Kai a quitté ses comparses à peu près au moment où Adrian Smith mettait les bouts).

Tout ça pour dire que le roboratif "United Alive" a entériné une réunion qui n'avait pas de garantie de durer quand bien même ses membres enchaînaient les signaux positifs. Mais un album plus tard et un second en route, entrecoupé d'une nouvelle tournée et d'un Live immortalisant sa première venue au mythique Budokan, HELLOWEEN semble remonté à bloc et vit un rêve éveillé. Et c'est sur la vidéo que je vais m'attarder ici, m'étant déjà, je pense, bien exprimé sur la performance musicale en elle-même.

Car ce "Live At Budokan" n'est pas seulement joué avec un immense professionnalisme tout en ne se prenant pas au sérieux, il est extrêmement divertissant et transmet l'harmonie qui règne au sein de l'entité hambourgeoise. HELLOWEEN maintenant qu'il ne se sent plus obligé d'afficher son unité (tout sur "United Alive" était là pour l'appuyer), jouit de sa formule étendue, et change les configurations selon les morceaux. En quelque sorte, libéré de cette démarche de crédibilisation, les Allemands, après un "Skyfall" magistral où le public japonais chante déjà de concert, et où on peut mieux se rendre compte du travail guitaristique qui est parfaitement réparti entre Sascha, Weiki et Kai, vont jouer de leur line-up étendu, ne se contentant pas d'intervertir les chanteurs selon les titres.

Et je dirais même que ce concert compte trois phases : celle d'introduction qui montre le line-up étendu dans sa toute-puissance, de "Eagle Fly Free" à "Forever And One", puis jusqu'à la fin du concert. Dans la troisième, HELLOWEEN jouera de sa complémentarité observée sur "Skyfall" et fera monter le degré de connerie jusqu'au bout. D'un point de vue symbolique je trouve ça très cool que ce long crescendo commence par "Best Time", un des meilleurs titres du dernier album. On y enquillera les moments de bravoure, en particulier sur la doublette du rappel : "How Many Tears" introduite par Kai, et dans laquelle il va nous placer un petit bout de "Heading For Tomorrow", qu'il avait écrite à l'époque pour devenir le titre épique du quatrième album d'HELLOWEEN, qui ne s'est jamais fait en ces termes du fait de son départ, et "Keeper Of The Seven Keys" qui commence en trio avec Sascha, Markus et Michi.

Pour la deuxième phase, C'est intéressant à deux titres ; déjà parce qu'on se rend compte que l'impact sur la puissance totale est négligeable mais que cela propose des combinaisons de musiciens différentes. Ainsi, de la même manière que le groupe n'a plus besoin de faire place nette pour Michi et Kai tout en essayant de ménager des espaces pour chacun, tout est plus naturel, et Sascha et Kai sont beaucoup plus présents tant à la caméra qu'à la parole. Ainsi, on pousse le bouchon loin, avec le medley de Kai qui voit le fondateur d'HELLOWEEN commencer seul au chant, accompagné par Weiki et Sascha (il se saisit de sa six-cordes en cours de route, et il m'apparaît plus en forme que jamais, tant vocalement que physiquement). On a aussi une alternance assez stricte de titres chantés par Kiske et par Deris, et "Forever And One" qui voit les deux vocalistes se rejoindre, avec une bise pleine d'affection de la part de Michi sur le final, qui met un point d'honneur à vanter les mérites d'Andi en tant que songwriter, la variété des titres écrits par HELLOWEEN et souligne comment le plus gros de la carrière créative du groupe s'est fait sans lui. Et sur ce titre, c'est Kai qui se repose justement.

Quand bien même "United Alive" constituait un vertigineux best-of, je ne peux m'empêcher d'avoir un feeling particulièrement positif envers ce "Live At Budokan" qui incarne parfaitement le plaisir d'être sur scène, de communier avec le public par tous les moyens (Dani Löble qui crie depuis sa batterie pendant son solo, Sascha qui fait chanter l'outro de "Keeper Of The Seven Keys", ou encore la battle entre Michi et Andi pendant le post-solo de "I Want Out" et avec lequel ils plaisantent désormais). Sans compter le nombre de conneries à la minute en provenance de Markus Grosskopf (concours de pas de danse tantôt avec Weiki tantôt avec Kai) ou de Michael Kiske, qui bien souvent échange des regards complices avec Andi Deris, semblant toujours en train de chercher la prochaine connerie à faire (du médiator collé sur le crâne aux simulations de pet). Bref tout ce qu'on demande à un Live : du divertissement, de la performance, et le bonheur qu'on en retire.