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2018 The Great Divide
2024 World On Fire
 

- Style : Diviner, Narnia
 

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MILLENNIAL REIGN - World On Fire (2024)
Par HAPLO le 13 Janvier 2025          Consultée 376 fois

C’est au fil d’un reportage comme seule notre sacro-sainte chaîne @rte sait les programmer que j’ai récemment découvert qu’en Europe du Nord (et plus particulièrement en Finlande semble t’il), il était courant que des groupes de Metal se chargent de l’animation musicale lors de messes chrétiennes. Surprenifiant ! Au-delà de la gymnastique culturelle que cela implique (fermons les yeux et imaginons un combo metallique hexagonal à l’ambon lors de la messe de réouverture à Notre-Dame de Paris…), ça veut surtout dire que ce (contre) courant désigné comme Metal chrétien a su se faire sa petite place dans les esprits comme dans certains édifices religieux… jetant à bas l’imagerie satanique aux grognements lubriques qui colle si souvent aux bottes de moto de notre style préféré : Et ça, les Américains de MILLENNIAL REIGN l’ont bien compris !

Créature attitrée du (bon) guitariste Dave Harvey, la formation texane officie dans cette micro niche depuis maintenant plus de dix ans sans avoir, il est vrai, provoqué de véritables étincelles tant dans sa force évangélisatrice que dans la signature de son Metal, certes solide, mais demeurant somme toute assez classique. Point de servant d’autel boutonneux et maladroit, pas d’orgue liturgique solennel aux résonances éthérées et encore moins de nuages d’encens aux balancements parfumés chez MILLENNIAL REIGN qui propose depuis son pêcher originel un Heavy Metal énergique et très correctement burné au travers duquel l’ami Harvey fait passer ses messages christiques sans pour autant sauter à pieds joints dans la bassine d’un prosélytisme outrancier.

Côté line-up, le combo repose, outre les saintes guitares aiguisées du Maestro, sur de solides instrumentistes qui, même s'ils ne rayonnent pas au zénith de la profession (qui connaît la basse de Neil Bertrand ?) fournissent néanmoins des prestations honnêtement convaincantes. Le chant semble quant à lui avoir plus de mal à se fixer avec des vocalistes qui se succèdent au fil des albums sans pour autant faire acquérir au groupe une signature suffisamment attrayante pour qu’il s’échappe enfin du Purgatoire ! C’est ainsi que Trae Doss ("Millennial Reign" 2012) puis James Guest ("Carry the Fire" 2015) s’emparent tour à tour du micro le temps éphémère d’un unique enregistrement studio. Cette petite touche manquante est magistralement comblée sur "The Great Divide" (2018) en la personne de l’étonnant Travis Wills (INFIDEL RISING) dont l’organe vocal, à la fois puissant et terriblement élastique, vient sublimer des compos tant inspirées que punchy… MILLENNIAL REIGN rayonne enfin et peut décemment espérer sortir la tête du sac : L’absolution n’est pas loin !

Mais comme tu l’auras sûrement remarqué ô lecteur assidu, après t’être pieusement flagellé à la lecture de la kro ad hoc sur ton webzine préféré, le brillant vocaliste était sûrement promis à d’autres projets car disparaissant des plans tissés par nos croisés métalliques… dommage !
Mais qui cherche trouve et c’est la gracieuse Tiffany Galchutt, toute auréolée de son anonymat mystérieux qui vient reprendre le micro courant 2020-21 à l’occasion de l’enregistrement de l’EP "Carry the Fire Again" dans lequel MILLENNIAL REIGN revisite d’anciens titres issus de son deuxième opus. Le test semble concluant car c’est bien la voix basse, mais sachant être puissante, de la donzelle que l’on retrouve cette fois-ci sur le quatrième effort studio au titrage très apocalyptico-messianique de "World On Fire" et paru en juin 2024. Optimiste de nature, ce qui ne m’empêche pas de noter que de nombreuses choses partent en sucette autour de nous aujourd’hui, je me suis donc farci les douze prières métalliques portées par ce "World On Fire" histoire de voir ce qu’elles pourraient m’inspirer… à Dieu vat !

Et bien force est de l’admettre ici : cela n’a pas été une sainte illumination qui m’est tombée sur le coin de la caboche à l’écoute consciencieuse de ce cru 2024. Non pas que les Américains n’y mettent pas de la bonne volonté, voire de l’application, en proposant un Metal liturgiquement riffé, énergique comme il faut, basé sur un socle guitare-basse-batterie tant soudé que trépidant et qui respecte scrupuleusement les figures de style du genre… et où le Boss Harvey injecte méticuleusement ses soli vrombissants et agressifs comme un bon vieux routard qu’il a le mérite d’être ; le tout enrobé par une prod loin d’être dégueulasse. De leur côté, des synthés viennent çà et là poser une petite ambiance mélodique adoucissante pas désagréable ayant le mérite de ne pas ramollir plus qu’il ne faut le versant Heavy.

Pour sa partie, Miss Tiffany fait de son mieux, mais peine à combler la hauteur de marche qui la sépare de son talentueux prédécesseur ! Car même si elle s’acquitte globalement du job, et qu’elle fait d’ailleurs ponctuellement montre d’un certain relief comme d’une capacité à varier ses lignes ("Eternity", "Tongues Of Fire", "World On Fire" mais surtout la clôturante et très chouette reprise de TRIUMPH "Allied Forces"), la chanteuse demeure la plupart du temps sur une posture assez monocorde, ayant même tendance à diluer sa partie face aux performances instrumentales qui elles, ne faiblissent pas… à l’image d’une double grosse caisse tonitruante qui tabasse sec !

Avec des compos quelques peu moins inspirées que sur l’opus précédent, ce défaut congénital de dynamique empêche selon mon humble avis ce "World Of Fire" de véritablement décoller pour trouver ensuite sa vitesse de croisière. Les titres se succèdent gentiment mais ne laissent en tête qu’un souvenir plus qu’éphémère. L’écoute s’essouffle à la mesure du désespérément classique "Tongues Of Fire", du sans grand intérêt "Onward To Victory" malgré son tempo soutenu ou encore de l’ultra convenu "Crack The Eastern Sky" en dépit de ses gros riffs qui déblaient. Et je ne parle pas des minimalistes et orchestrés à la mode de Caen tels "Exousia" (44 secondes) ou "Parousia" (45 secondes) qui pourraient l’un comme l’autre servir d’intro officielle au titre qui suit…
La sauce finit quant même par prendre sur la l’ultime partie d’album avec le titre éponyme qui tracte relativement bien et où Tiffany Galchutt impulse une énergie vocale qui la fait raccrocher un train instrumental galopant autour d’une ritournelle divinement obsédante. Il aurait été souhaitable que cette symbiose courre sur le reste de l’opus ! Mention spéciale en outre pour le miracle final personnifié par une reprise très enlevée du "Allied Forces" pondu en 1981 par les Canadiens de TRIUMPH et dans laquelle MILLENNIAL REIGN aligne simplement tout ce qui manque au reste des titres : mélodie accrocheuse, énergie décapante, conviction et puissance abrasive… sans même évoquer une voix qui sort (enfin) de sa zone de confort en prenant clairement les choses en main ! Le contraste met malheureusement presque tout le reste de l’album en défaut : Mais pourquoi ces diables d’Américains n’ont-ils pas joué comme ça sur les onze titres qui précèdent ?

Comme tu l’auras compris cher lecteur attentif, ce "World Of Fire" m’a un chouïa déçu au vu des attentes (et surtout des espoirs !) que son prédécesseur avait fait naître pour un combo que je ne connaissais pas et un chanteur, il est vrai, réellement hors normes. MILLENNIAL REIGN fournit ici le minimum métallico-syndical, sans que je me permette bien sûr de commenter le fond des textes car tout un chacun est (encore) libre de croire en ce qu’il veut, pour aboutir sur un album terriblement classique, limite poussif, et dont le souvenir ne survivra sûrement pas à l’entame de ma prochaine kro… Peut-être quelques ingrédients de la recette à revoir pour Dave Harvey et ses apôtres ?

Acclamés jusqu’à l’épuisement pour le final de notre prestation d’hier soir lors de la messe célébrée devant la Congrégation des Sœurs Réparatrices des Saintes Sandales de Jésus Enfant où l’ami Christophe a pu placer jusqu’à trois solos guitare d’affilée, nous remontons dans le bus afin de poursuivre notre tournée des églises du Comté. Je dessine sur la vitre embuée un énorme cœur qui provoque quelques cris parmi les sœurs venues nous dire adieu. J’y ajoute un 2/5 pas très fraternel pour ce "World On Fire" ne m’ayant pas convaincu : nul n’étant Prophète en son pays, ça ne doit pas l’empêcher de chercher à s’améliorer !

- pour le gentil lancement instrumental trop court :"Exousia"
- pour le sursaut : "World Of Fire"
- pour la reprise qui décoiffe méchamment : "Allied Forces"

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- Tiffany Galchutt (voix)
- Dave Harvey (guitares)
- Neil Bertrand (basse)
- Pedro Cortes (batterie)


1. Exousia
2. Bring Me To Life
3. Wandering
4. Trust
5. We Follow On
6. Eternity
7. Parousia
8. Crack The Eastern Sky
9. Tongues Of Fire
10. World On Fire
11. Onward To Victory
12. Allied Forces (triumph Cover)



             



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