Né des cendres du projet HYDRA le projet de Alexis Xanthopoulos, d’où un unique album sortira aux débuts des années 2000, VANANIDR est une entité suédoise happée par la mélodie et par une certaine idée de la puissance du Black et du Death. Si Alexis ne joue pas sur cet album, nous devons à Anders Eriksson l’ensemble des compositions de ce cinquième opus. Et Anders n’est pas né de la dernière pluie, producteur et multi-instrumentiste, le sieur a quelques flèches à son arc. Aidé par l’appui de son indéfectible batteur Fredrik Andersson (non pas celui qui a joué au sein de MARDUK – c’est un homonyme) mais bien l’ancien cogneur au sein de AMON AMARTH pendant une quinzaine d’années et qui a fondé à la fin des 90s le groupe talentueux de Mélodeath A CANOROUS QUINTET dont je vous parlerai prochainement, Anders nous sort un album de qualité et enthousiasmant à plus d’un tour.

Enthousiasmant car si l’album se veut copieux – un peu moins d’une heure au garrot – il n’en est pas moins savamment construit. À la même époque l’année dernière nous étions nombreux, à raison, à nous pâmer devant le dernier album de SWORN : "A Journey Told Through Fire", ou au surpuissant album déniché par l’ami Kol, "Tales" des Suédois de NIGHT CROWNED, malgré les différences notables, VANANIDR me ramène sur les berges de ces deux groupes à la différence cependant notable que "In Silence Descent" est davantage un album sombre et mélancolique, né dans le tréfonds d’une abîme tortueuse, lascif sur les bords et embourbé dans la mélasse infernale d’un piège mortel.

Et le haut niveau des leads va s’avérer salutaire sur des titres comme ceux de "Tearing Skin" ou de "The Black Crow And The And White Swan" par exemple qui sont tout à la fois entêtants et d’une belle luminosité. Les ténèbres sont parfois d’autant plus captivantes lorsqu’elles se laissent entrevoir par l’interstice de quelques beaux rais de lumière permettant non pas de débâtir leur lugubrité mais d’entrevoir leur complexité brûlante. VANANIDR joue en effet de cet effet de clair-obscur. La voix d’abord d’Anders ne s’époumonne jamais mais s’immisce plutôt par couches successives dans notre pensée. Son timbre racé colle à la peau des titres, leur faisant gagner une aura davantage dépressive et larvée que brutale et hirsute. J’apprécie beaucoup ce jeu qui n’en fait jamais trop mais qui trace le chemin et aiguille nos émotions à s’éprendre davantage des riffs toujours riches en mélodies.

Et les guitares sont en effet la grosse plus-value de l’album. Gracieuses, superbes et indomptables sur la majorité de "In Silence Descent" quoique davantage sur sa première moitié, elles aussi, tout comme la voix d’Anders, ne s’emballent que rarement ne cherchant pas à concourir à un examen technique. Elles engendrent par contre, avec leur lascivité, cet effet hypnotique bien prononcé fonctionnant sur nombre de titres. Je pense par exemple à "Superior To None" qui n’a pas son pareil pour nous chuchoter ses tourments.

Si l’album souffre un peu de sa longueur, il n’en reste pas moins une des plus belles sorties de Death/ Black Mélodique de l’année. Certains titres portent un peu moins d’intérêt que les autres. "Revel In Tragedy" ou bien encore "Far Beyond" n’apportent plus de choses que cela. D’une manière plus globale, la première partie de l’album est plus mémorable que la seconde. Mais eu égard à l’épaisseur des ambiances et le cortège d’émotions qu’elle embarque, "In Silence Descent" est un disque à découvrir. Parfait pour se sortir du réel, ce cinquième album donne bien envie de remonter le fleuve discographique du groupe et d’y trouver un peu plus de matière encore.

Note réelle : 3,5/5.