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WITHERFALL - Sounds Of The Forgotten (2024)
Par HAPLO le 29 Décembre 2024          Consultée 750 fois

Si il n’est jamais facile de décrire l’art musical avec nos bien pauvres mots, l’exercice prend une tournure carrément désespérée quand on s’attaque à une formation aussi imaginative que virtuose comme peut l’être le combo américain de WITHERFALL.

Comment en effet tenter de décrire au plus juste l’organe vocal abrasivo-élastique toujours sur le point de rompre d’un Joseph Michael qui en joue d’ailleurs avec un sadisme consommé tout en titillant sans vergogne les limites de la justesse ? Comment retranscrire la finesse, le piquant et l’habileté diabolique des jeux guitaristiques d’un Jake Dreyer passant sans sourciller d’une ligne rythmique rafalo-pilonnante à un solo aux spirales tant vertigineuses qu’acrobatiques ? Par quels termes illustrer au mieux un socle basse/batterie à la foutue vélocité comme à la propreté d’exécution tout simplement hallucinantes quand il ne se complaît pas dans des échappées au groove insolent ? Comment, enfin, rendre au plus juste cette signature artistique si particulière, forte d’une cohérence d’ensemble sachant mêler au millimètre prêt, noirceur, puissance et sens de la mélodie ?

Je pourrais simplement pour cela, Ô lecteur affamé, t’inviter à aller te jeter sur la discographie déjà bien fournie de ces drôles de californiens, et si il n’en fallait qu’un, de privilégier sans aucune retenue ce monument de larmes et de rage auditives tourbillonnantes ramassées dans "A Prelude To Sorrow" (2018) car voyant ces musiciens inspirés hurler d’une si belle manière leur tristesse à la face du monde après le décès soudain de leur premier batteur transporté dans le Valhalla Métallique par un cancer du sang. Relevés de leurs cendres, nos bouillonnants américains s’occupent tout d’abord de panser leurs plaies au travers d’un EP doux-amer ("Vintage" – 2019) symbolisant l’apaisement et l’apprivoisement de la colère… puis décident d’entamer un nouveau chapitre avec un "Curse Of Autumn" (2021) à mon sens un brin plus mitigé car lorgnant un peu lourdement vers une musique plus consensuelle non dénuée d’arrières pensées mercantiles : Ce qui n’est pas une tare en soi à partir du moment où on le sait et que cela n’affadit pas trop la sauce. Sans être perdu à jamais, WITHERFALL me semblait avoir parcouru la partie la plus riche de son chemin, même si celle-ci s’est construite sur le mordant de la douleur, et apparaît comme voué dès lors à aller alimenter la volumineuse réserve des combos de Dark Power mélodique dont on a finalement peu de chance de réentendre parler… À part sur les tee-shirts ou les mugs de fans nostalgiques!

Mais là mon gentil Haplo, c’est sans compter sur l’énergie et l’envie d’en découdre des vieux routards complices que sont Michael et Dreyer, qui boostent leurs travaux de composition, avec toute la hargne de vouloir demeurer au contact de leur public, et qui dès octobre 2023 commencent à égrainer des brûlots en mode single, chaque cartouche étant couplée à un clip vidéo qui, même si il ne révolutionne pas le septième art, montre pour notre plus grand bonheur que WITHERFALL a semble t’il toujours faim et que le moteur tourne à plein régime ! C’est ainsi qu’entre fin 2023 et mai 2024, ce ne sont pas moins de neuf torpilles qui sont éjectées des tubes pour venir éventrer les oreilles des fans comme des passants audacieux… Chacun de ces missiles isolé s’attelant progressivement à façonner l’univers musical comme esthétique en clair obscur nimbé de violet d’un "Sounds Of The Forgotten" officiellement offert en sacrifice le 31 mai dernier.

Et c’est bien ce Metal puissant, harmonique et nerveux, trempé dans des ambiances électro-poisseuses à ravir qui fait tout le charme de ce quatrième opus studio : WITHERFALL y associe avec talent une rigueur technique millimétrique à une folie carnassière sous-jacente qui ne me semble pas simulée ou produite entre deux binouzes à la demande d’un producteur aux poches arrondies et au sourire de diamants. Menés par la voix possédée d’un Joseph Michael proprement inclassable et par les guitares effilées d’un Jake Dreyer tout simplement impérial et constamment en embuscade, les américains parviennent à rebattre complètement des cartes qu’ils avaient laissées bien trop visibles sur l’album précédent… Et si ça, c’est de la pantomime, elle n’est ni risible ni grand-guignolesque et mériterait presque le respect !
De ce Metal sulfureux et aiguisé comme la lame du rasoir d’un Jack l’Éventreur hystérique, moult créatures oniriques ont surgies de l’obscurité pour venir à moi :

- un tentacule froid et musclé comme de la pierre est parvenu à serrer ma gorge jusqu’à l’étouffement sur le baroque et chaotique "Insidious", titre aux ruptures et aux accélérations magistrales elles-mêmes enrobées par le chant déjanté d’un Michael qui tambourine aux portes de la folie,

- une jeune fille pâle enfermée dans son placard aux angles moisis qui investit mes nuits pour me susurrer à l’oreille les doux arpèges déliés d’un "Where Do I Begin?" pour glisser progressivement dans l’hystérie hurlante percée par un solo guitare ravageur et finalement m’assommer de son refrain en apothéose,

- des créatures aquatiques aux extrémités translucides qui m’enlacent irrésistiblement pour me plonger dans l’eau profonde des lignes rythmiques épaisses du long et somptueux "What Have You Done?" dont les sombres ondulations instrumentales mêlées aux vocalises décalées d’interrogations obsédantes échouent sur une fin jubilatoire en explosions de riffs, de mélodies et de cris,

- le cri déchirant d’une mitrailleuse fauchant des silhouettes floues sur un fond de séisme s’abattant sur mon crâne sanglant et bousculé par l’ultra-rythmé "They Will Let You Down" dont les accélérations ne le cèdent qu’à des soli arachnéens imitant la danse des douilles jonchant le sol sablonneux,

Les images, les sensations en mode looping, sans même parler du simple plaisir auditif procuré par des compos divinement rentre-dedans tout en étant intelligentes sans omettre des interprétations brillantes, s’enchaînent ainsi sur cette parenthèse teintée de pourpre balancée par ces zigotos de californiens sur ce long rêve éveillé de 55mn que procure ce "Sounds Of The Forgotten" et qui permet, selon mon humble avis, à WITHERFALL de renouer une nouvelle fois avec la grâce.
Alors, c’est sûr, les coupeurs de tentacules en douze pourront toujours la ramener en assenant que WITHERFALL fait du WITHERFALL, que les deux power balades "Where Do I Begin" et "When It All Falls Away" présentent de troublantes similitudes relevant sûrement d’un manque cruel d’imagination, que les (trop) courts "A Lonely Path" (1:32), "Aftermath" (01:30) et dans une certaine mesure le truculent "Opulent" (02:45) ne sont uniquement là que pour faire du chiffre et auraient pu être facilement intégrés dans les autres titres dont ils auraient composé l’introduction ou la fin énigmatique… Bref, que la machine à sous californienne n’est pas très loin, et qu’acheter un LP alors que tu te précipite sans compter depuis six mois sur les singles qui le constituent ça ressemble un chouia à du foutage de gueule… Ils pourraient, et n’auraient peut-être pas complètement tort.

Oui mais voilà : "Sounds Of The Forgotten", moi, me réconcilie avec un combo dont la qualité première, en dehors des talents déjà évoqués, réside principalement dans le fait d’être complètement imprévisible… et qui renoue ici avec une hauteur d’écriture, une application d’interprétation comme un sens consommé de l’inattendu. Au travers de leurs compos bigarrées et fichtrement défoulantes, les californiens proposent avec ce quatrième opus studio, une offrande riche et percutante qui signe le retour en grâce d’un WITHERFALL tant hargneux qu’inspiré : Une musique sombre, brutale, poétique… et surtout bellement imprévisible. À écouter d’une pièce, en mode immersion et dans le noir absolu : Vous m’en direz des nouvelles !

Le dos strié par les nombreuses racines qui effleurent du sol sablonneux, je me relève péniblement en posant délicatement le voile violet abandonné par la belle inconnue sur une roche m’ayant l’air épargnée par l’humidité ambiante. Notre ébat n’a duré que quelques instants mais m’a fait apercevoir les étoiles siégeant au dessus des cieux plombés… Était-elle sincère ? Que signifiaient ses larmes de sang écarlates qui ont roulé sur mon torse alors que je peinais à reprendre mon souffle ? Chamboulé mais heureux et tracassé par ce léger relent d’amertume que je perçois au fond de ma gorge, je trace un très mérité 4/5 pour ce "Sounds Of The Forgotten" ambré et lumineux que nous ont servi ces diables de californiens : une fois de plus WITHERFALL a eut raison de ma foutue myopie artistique… et ça fait du bien !

- pour le méchant coup sur la caboche :"Insidious"
- pour l’escalade conduisant à l’apothéose :"What Have You Done?"
- pour continuer à se faire plaisir : le reste de l’album.

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   HAPLO

 
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- Joseph Michael (voix, claviers, percussions)
- Jake Dreyer (guitares)
- Gerry Hirshfeld (claviers)
- Anthony Crawford (basse)
- Guest :
- Marco Minnemann (batterie)


1. They Will Let You Down
2. Where Do I Begin?
3. A Lonely Path
4. Insidious
5. Ceremony Of Fire
6. Sounds Of The Forgotten
7. Aftermath
8. When It All Falls Away
9. Opulent
10. What Have You Done?



             



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