Quasiment tous les deux ans, les Américains de AS I LAY DYING étaient de retour pour un nouvel effort studio…
Le groupe connaissait un succès de plus ne plus marquant à l’issue de la sortie de "Awakened", mais c’est l’interpellation et l’incarcération de Tim Lambesis (accusé et écroué pour tentative de meurtre sur son ex-épouse) qui a stoppé la machine en plein vol. AILD s’est donc brusquement effondré et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai mis beaucoup de temps et d’hésitation dans la balance avant de me décider à revenir sur le combo. En effet, ce passif consternant qui fait écho avec B. Cantat en France peut toujours interroger : ici, Lambesis a purgé sa peine, fait acte de repentance et ne se présente pas en victime en se faisant "plutôt" discret. L’annonce de cette "reformation" nous a tous laissé pantois, d’autant plus que Nick Hipa n’avait pas maché ses mots à l’époque sur la situation et son auteur...

Je suis donc revenu vers AS I LAY DYING en découvrant totalement par hasard (je pensais que le groupe ne se relèverait jamais de la peine de prison de Tim Lambesis en toute honnêteté) le premier single "My Own Grave", véritable tube : intro hypnotisante guitare/hurlement, ouverture né pour le live, Tim féroce, chœurs déments, refrain redoutable de mélodicité. Une gifle. J’ai donc ravalé mon dégoût de la situation et tout le mal que je pense de son leader pour me tourner sur l’artistique. Les choses devaient pourtant être simples : de toute façon après une telle absence, le combo allait pondre une bouse, au mieux un album décevant…

Et c’est que donc l’affaire se corse…
En toute franchise, impossible pour moi depuis de totalement m’enthousiasmer sur le groupe avec un tel passif quand pour autant ce "Shaped By Fire" est un digne successeur de "Awakened". En effet, il maintient le rythme et poursuit sur la dynamique de 2012. Le groupe réussit tout d’abord le tour de force de conserver son line-up, ce qui n’était pas gagné d’avance, loin de là.

Le son est particulièrement dynamique et puissant. AS I LAY DYING revient aux affaires avec son cadrage habituel désormais, tout en abusant de la formule voix growlée de Tim/refrains voix claire de Josh (pénible sur "The Wreckage", autant que son fade to black final totalement foiré car bien trop brutal !).
Toutefois, en proposant des plans et constructions assez variés, "Shaped By Fire" est une réussite : il emprunte des sonorités Metalcore de plus en plus inspirées par le Djent. Les guitares et la batterie sont clairement dans cette veine. Le groupe poursuit ce riffing nerveux lead qui entête (j’adore l’intro de "Take What’s Left"), tout en proposant des morceaux efficaces et faciles d’accès ("Shaped By Fire") : il rend l’extrême entêtant et agréable avec notamment le très malin "Only After We’ve Fallen" et "The Toll It Takes" sont vraiment inspirés par un certaine frange de la scène Deathcore Mélodique, concluant l’opus avec des perspectives très intéressantes. On peut même entendre quelques touches un peu Indus sur ce dernier morceau, discrètes certes mais vraiment a propos pour illustrer la qualité globale de la production ici de la galette.
Il est dommage que les soli soient si rares quand ils fusent, ils ne font pas semblant ("Gatekeeper", "Only After We’ve Fallen", "Blinded").
La production est vraiment convaincante car soignée et très moderne une fois encore. Le son est chaud, riche en guitares valorisées et avec une section rythmique en forme (notamment une batterie privilégiée au détriment de la basse globalement).

En 44 minutes et douze titres, AS I LAY DYING signe un retour aussi vivifiant que (soyons honnête) inespéré. "Shaped By Fire" est percutant et efficace : il ravira les mordus de Metalcore lorgnant vers le Deathcore (la voix de Tim est toujours aussi puissante et agressive).
Les natifs de San Diego laissent donc jaillir un sens du groove imparable par moments, une succession de cavalcades de riffs, un chant marquant comme toujours, concluant un come back vous l’aurez compris réussi...

Note réelle : 3,5/5.

Top : "My Own Grave", "Shaped By Fire", "Only After We’ve Fallen".