Si l’on ne présente plus le groupe aujourd’hui tristement défunt à jamais, il est possible que l’on oublie cet EP fameux où coexistent deux titres de renom et sans doute – selon moi – l’un des meilleurs morceaux du groupe. Sorti l’année d’avant l’album "Der Freiwilige Better" dont vous pourrez lire quelques lignes ici-même, "Einsiedler" suinte par tous les pores de ce fanatisme décharné Urfaustien… Lisez ces lignes en vous mettant "IX: Der Einsiedler" dans les oreilles je vous prie, et montez de quelques crans le volume pour épaissir l’ambiance dingue qui va s’ouvrir à vous. Allez-y, je vous attends ! Vous y êtes ? Très bien. Alors partons !

Suivons donc ce chemin de chair où les choses partent en lambeaux. Les poches crevées, les cailloux sous les chaussures, les larmes dessinant leurs sinuosités sur un visage figé, avons-nous encore envie d’être aux choses, aux autres et aux choses des autres ? Sous un crépuscule ardent, l’oraison est de mise. Surtout ne pas vouloir mourir de suite. Si les désordres intimes sont de la partie, on dirait bien qu’ils veuillent foutre le camp. Fini le soleil, fini les rêveries marines, fini l’observation du ciel, fini les aspérités de la vie, fini aussi la vie des nuages qui passent et trépassent derrière l’horizon rougeoyant. Surtout ne plus se retourner, surtout ne plus tergiverser, surtout ne plus arrêter de s’arrêter.

Ah c’est la merde et ce depuis le premier jour. La mort nous accouche et nous recueille à l’aube. IX et VRDRBR le savent si bien qu’ils en font une bande-son féroce et sincère sur cet EP dingue. Chacun sa partie. Premier titre et premier abandon. Les claviers cannibales, les descentes sonores, leurs flux et reflux dans l’épigastre… jusqu’à désirer ardemment d’en gerber. Jusqu’à désirer en contaminer le pouls et les pénultièmes sanglots des ventricules, et en éjecter les derniers restes de vie. URFAUST est maître, URFAUST est grand commandeur et incendiaire du chaos et des stupres. URFAUST hulule et hurle dans les boyaux de l’humanité, pour en créer des hernies infectes et infectées. Entendez-vous les supplications de IX ? Trépassez-vous de la rythmique de la batterie de VRDRBR ? Marchez-vous déjà près du bord des cimetières, près du dernier trou qui vous y aspire ? Avez-vous aperçu votre dernière nuit derrière vos paupières intranquilles ? Rejoindrez-vous les hordes des bestiaires, des harpies fendant l’air, des dernières Érynies ?

Il est peut-être temps d’enlever cette musique de vos oreilles afin que vous puissiez en trouver un quelconque antidote. Voilà s’est terminé pour vous cette fois-ci… Si le second titre "Verderber" ne brille pas autant d’horreur que le funèbre et exponentiellement émotionnel "IX: Der Einsiedler", cet EP infernal est d’une beauté monstrueuse et un voyage essentiel à embarquer sous toutes les latitudes pour ressentir ne serait-ce qu’un instant la plongée vertigineuse dans une abîme. Expérience garantie pour les fanatiques et courageux d’entre-nous. Infernal, abyssal et somptueux à la fois. Chef d’œuvre !