J’ai toujours cru que cet opus était… un Live !

Quelle honte ! Moi qui habituellement sait débusquer ce type de sorties, friand que je suis de ces produits, je ne sais comment j’ai réussi à me persuader qu’il s’agissait du premier Live des Finlandais de MORS PRINCIPIUM EST… Un comble donc que de découvrir, bêtement, en complétant (enfin) cette discographie que je m’étais clairement fourvoyé, et de quelle manière !

"...And Death Said Live" est donc le quatrième album studio du groupe. Il trompe objectivement son monde car il arrive cinq longues années après "Liberation = Termination". Ce gap conséquent pouvait laisser dubitatif les amateurs de Death Mélo made in Göteborg : MPE avait pourtant clairement lancé la machine à l’époque avec un opus dynamique et sincère dans sa proposition.

Le départ de Jarko Kokko qui dès 2007 annonçait ne plus vouloir tourner avec le groupe sans pour autant le quitter… avant de le faire en 2009, a dû contribuer à la valse des guitaristes. C’est donc le duo Andy Gillion / Andhe Chandler qui arrive aux postes et qui va contribuer à la qualité de cet album. Un Britannique et un Néo-Zélandais recrutés via les réseaux sociaux (en mode "soit on trouve deux gratteux, soit on meurt"), laissant toutefois dubitatif votre serviteur sur la possibilité de répétition dans ce cadre, mais je m’égare !

Il ne vous faudra qu’un couple d’écoutes pour mesurer le bilan de l’état des lieux évident : pas besoin de faire trois fois le tour du propriétaire pour constater que le bien est clairement sain ! Vous savez, ce genre de visite pour un achat/location d’un bien immobilier ou d’une voiture/moto par exemple : cette découverte où s’allume chez vous la petite lumière "Vice Versa" qui vous murmure à l’oreille "T’inquiète, c’est fiable cette histoire" !

MORS PRINCIPIUM EST ne laisse donc pas de place à la fois au doute et à la nature de l’entreprise : vous cherchez du Death très Mélodique, accrocheur et efficace ? Alors vous êtes au bon endroit. Ici, c’est la place aux guitares lead et rythmiques qui fusent et brillent : ce petit solo sur "Bringer Of Light", ces mélodies constamment efficaces et plaisantes. On y ajoute ce court morceau titre instrumental lorgnant vers les claviers de DARK TRANQUILLITY (sans oublier les autres qui penchent de ce côté comme un "Ascension" dans sa première partie). Les Suédois demeurent avec leurs confrères AT THE GATES les influences majeures ici : il suffit d’écouter l’introduction de "Destroyer Of All" qui semble tout droit sortir avec son introduction d’un clonage de "Slaughter Of The Soul" avec ce p’tit stop & go détonation ! Si l’aspect mélodieux peut faire penser à IN FLAMES, il convient de clarifier la situation : non, MORS PRINCIPIUM EST ne penche pas de ce côté et constitue indubitablement l’étape de l’évolution entre le Death très très Mélo alternatif voire mainstream de IN FLAMES et la bande du génie Tomas Lindberg.

Je demeure toutefois moins fan des touches synthélectro apparues par le passé et confirmées ici ("Birth Of The Starchild" et son break). Il faut noter à ce propos la disparition pure et simple d’un membre du groupe à ce poste (exit Joona Kukkola), c’est sur cet opus Thomas "Plec" Johansson qui semble remplir cette "mission".
On notera la présence de deux guests à la guitare : Ryan Knight (The BLACK DAHLIA MURDER) sur "Birth Of The Starchild" et l’Australien Jona Weinhofen (ex BRING ME THE HORIZON, ex-BLEEDING THROUGH, ex I KILLED THE PROM QUEEN) sur "What The Future Holds?"… ce qui ne va pas révolutionner l’offre proposée ici. Et c’est au final sans doute ici que se trouve l’écueil de cet opus : si vous cherchez de l’originalité, vous en serez pour vos frais. MPE nous propose un Death Mélodique hautement qualitatif mais sans grande originalité. Il se dégage un sentiment d’homogénéité qui ne permet pas vraiment de différencier un titre véritablement sortant du lot.
À ce petit jeu, "Dead Winds Of Hope" est mon préféré car il développe encore un peu plus la présence des guitares qui se lâchent vraiment côté soli. Les guitares virevoltent et même les nappes de claviers contribuent à la réussite de ce morceau. Espérons que la suite de la carrière du groupe proposera autant de morceaux de cet acabit.

L’autre grand gagnant qui confirme ici tout son talent, c’est bien évidemment Ville Viljanen qui livre au chant une sacrée prestation une nouvelle fois. Aucun baisse de régime, une rage intacte et une fusion vraiment royale avec le riffing de ces collègues qui contribuent à l’énergie intrinsèque de chaque titre. Il pousse même sa voix dans un growl ultra Death sur la seconde partie de "Dead Winds Of Hope" ! Vraiment une grande réussite ce morceau, je vous l’ai déjà écrit ! Les batteurs apprécieront sans doute le jeu à la double pédale de Mikko Spinola.

Comment vous le dire aussi simplement après tant d’années d’attente ? Non le Mélodeath de Göteborg n’est pas mort et MORS PRINCIPIUM EST en demeure clairement l’un de ses plus beaux représentants. Vif et nerveux à souhait, ce fleuron du genre ne pourra que vous plaire si vous ne cherchez pas d’originalité mais appréciez une technique hautement qualitative. Vous trouverez alors seulement un bon moment dans le genre, la faute à une absence de véritables hits en puissance.
"...And Death Said Live" ressemble bougrement à un album de transition, reste à voir ce que la suite nous proposera.

Note réelle : 3,5/5.

Top : "Dead Winds Of Hope" surtout qui laisse apparaître tout le potentiel du groupe, "Departure".