À la vue de cette pochette dire que le Black Metal conserve est un doux euphémisme. Cela faisait un sacré bout que je ne m’étais préoccupé de ce projet – peut-être à tort – et voilà qu’à la faveur de cette sortie je renoue quelque peu avec le temps passé. Depuis "The Ogress" sorti il y a vingt-cinq ans je ne m’étais guère préoccupé des albums suivants. Pourtant son fondateur Ingar Amlien n’a pas chômé. Les années ont passé et à plus de soixante ans, voilà que "The Ghost" est déjà son neuvième album. À l’instar d’Agathon et de son projet GLOOMY GRIM, CREST OF DARKNESS est-il resté aussi à part toutes ces années ?

Clairement oui. Le style caractéristique de cette entité norvégienne est resté peu ou prou le même. Un mélange plus ou moins subtil de Black et de Death sur des mid-tempo frénétiques avec des enveloppements atmosphériques parfois mélodiques à tendance Heavy, parfois plus Indus et syncopés dans l’âme. Ingar n’a jamais caché son amour pour le satanisme, alors a-t-il conservé de sa superbe maléfique sur ce "The Ghost" à un âge où l’on peut prétendre – selon les régimes – partir pour une longue retraite bien capitalisée ? Peut-être bien mais en tout cas les premières secondes donnent pas mal le ton général de l’album. La production assez caustique étouffe tout de même pas mal les ambiances. Il en résulte des titres bien composés certes mais qui paraissent un peu englués dans leur ensemble.

Avec sa tête de Mortiis d’un autre temps, Ingar me décourage un peu car j’ai beaucoup de peine à me concentrer avec ce nouvel album. Foncièrement les compositions respirent le professionnalisme et il y a bien quelques passages forts intéressants lorsqu’ils s’inclinent vers le côté mélodieux. Je pense notamment à "Satanic" doté d’un riche passage mélodique en milieu de titre, ou bien encore à l’inattendu et jazzy "Sacrificied To The Sun" bien troussé en émotions, qui du reste constitue selon mes attentes l’acmé de l’album. Car même si le titre suivant "The Awakening" réveille un peu l’écoute, le titre a tendance à retomber un peu à plat lorsqu’il retourne dans sa routine Black Metal – malgré pourtant les faveurs d’une section de cuivres pas bégueule et un soli loin d’être dégueu. Voilà en substance ce que je retiendrais donc de ce "The Ghost", et ce n’est peut-être déjà pas si mal.

Ainsi s’achève déjà cette chronique, cela ne sert à rien de tourner en rond. La puissance de feu de CREST OF DARKNESS est diminuée à l’instar par exemple de celle des Norvégiens de 1349 avec lesquels nombreux les ont comparés. Je n’ai certes pas passé de mauvais moments à écouter ce nouvel album mais mon plaisir n’a jamais su être sublimé. Je retiendrai donc certains passages bien plus originaux – ceux jazzy - mais aussi l’effort produit par Ingar et sa bande de ne pas éteindre la flamme originelle qui brûle depuis 1993 tout de même… Respect donc à CREST OF DARKNESS et affaire à suivre me concernant.