Le son des guitares qui se dégage dès les premières secondes de cet album nous indique clairement une piste inévitable assez simple à deviner, celle des studios Abyss de Peter Tägtgren. Ni une ni deux, vous allez inévitablement penser à ce son bien identifiable qui colle à la peau d’autres albums pas si différents fondamentalement de ce second album des Suédois de ALLEGIANCE. Réécoutez le "Summon The Beast" de The ABYSS, le "Nightwing" de MARDUK, le "The Final Chapter" de HYPOCRISY, ou bien encore le "Once Sent From The Golden Hall" de AMON AMARTH et vous m’en direz des nouvelles. N’y percevez-vous pas les mêmes motifs sonores et des structures similaires ?

Cette fois-ci ALLEGIANCE s’est brutalisé et a augmenté les tempos en délaissant sa cape Viking War Metal qu’il avait pourtant tant souhaité déployer sur l’album précédent "Hymn Till Hangagud" et qu’il continue toujours et encore de brandir comme un étendard. Mais vous allez vous en rendre compte dès l’introduction passée, que les clameurs nordiques sont passées à la moulinette des trémolo picking et des blasts intempestifs à la MARDUK. Fredrik le batteur et Bogge le guitariste et hurleur (aka B-War) sont toujours de la partie et entretiennent donc un lien étroit avec le groupe de Morgan Håkansson puisqu’ils en sont.

Il en résulte donc des compositions assez homogènes et peu variées. Je ne vous cache pas que cinquante minutes ainsi c’est un peu long pour moi et à la limite de la suffocation ou de l’indigestion. Les amateurs du son à la Tägtgren et fans adorateurs du MARDUK survitaminé à la Blitzkrieg y trouveront aisément leur compte. Il y a bien des passages et des titres un peu au-dessus de toute cette bouillie sonore d’un Black Metal brutal, je pense notamment au titre éponyme avec son solo un peu dégueulasse tout comme celui de "En Svunnen Tid", bien que cette track reste la plus intéressante de l’album avec ses quelques riffs bien sentis quoique prévisibles. Il y a bien de-ci de-là des passages acoustiques courts mais assez empreints d’une petite beauté, je pense à ceux de démarrant "Yggdrasil" par exemple ou ceux encore de "Blot". Un peu dommage que ALLEGIANCE n'est pas plus consacré de temps à ces motifs acoustiques ou à des riffs entrainants comme ceux contenus dans le titre réussi et bien plus Viking War Metal "Korpen Skall Leda Oss".

Vous savez à quoi vous en tenir chers lecteurs avec ce "Blodörnsoffer", mais pour ma part je n’accroche pas plus que cela. Malgré une production bien ficelée, qui n’a pas vieilli, faisant la part belle à tous les instruments (notamment la basse bien audible et qui ravira les amateurs de par son jeu bien technique), un chant bien écorché mais restant dans les canons du genre et des titres très énergiques, cet album de ALLEGIANCE ne tient pas la comparaison avec MARDUK et leurs albums contemporains de "Blodörnsoffer". Pourtant difficile de ne pas y voir des cousins germains ou des frères d’armes munis des mêmes cartouches. Des trois albums de ALLEGIANCE, celui qui nous préoccupe aujourd’hui est sans le moindre doute le plus brutal et agressif. J’aurai voulu y trouver plus de mélodicité comme sur le titre final, oui mais voilà… L’album est bon certes, bien maîtrisé mais pour les émotions ce n’est pas tout à fait cela. On a tous nos limites.