Premier album et déjà une personnalité bien trempée. ARISTARCHOS – dont on ne sait rien de l’identité de son line-up -, est une entité écossaise qui ne nous délivre ni un pudding récupéré de je ne sais où, ni un Black Metal soporifique ou bien trop entendu. À l’image de sa pochette fuligineuse, ce premier album semble être imprégné de l’odeur âcre d’une nuée ardente affamée d’invasion. Et si le groupe ou le One-man-band (qui sait ?) continue sa maturation, il vole au-dessus de cet album éponyme les ombres belliqueuses d’un BLUT AUS NORD ou d’un NIGHTBRINGER.

Passée l’introduction, nous sommes emmenés sans ménagement par des forces obscures à plonger dans les limbes. Cette chute va durer tout du long des quatre titres suivants, sans jamais s’arrêter. Et il est vrai que nous pourrions avoir cette impression que les riffs nous contraignent à ressentir ce vertige tant les mélodies dissonantes nous agitent les neurones le tout dans une infernalité généralisée. L’aspect symphonique bien perceptible, renforce l’aura maléfique des guitares et pousse le royaume des enfers à prendre place partout, en tout lieu et sous les peaux. Le chant jamais trop vindicatif, nous assène de paroles hargneuses et belliqueuses avec un timbre infernal parfaitement dosé, quoique légèrement un peu trop en retrait. Les voix gutturales qui sillonnent de temps à autre les titres, émergent telles des apparitions hirsutes d’un bestiaire cauchemardesque et dopent les atmosphères dérangeantes.

S’il nous fallait parler de certains titres, aux dépens des autres, nous ne pourrions passer à côté de "Ascension IV (For As Thou Spake To Thine, We Prevailed)", sans doute la pièce maîtresse de l’album. Impérial dans son approche, ce titre altier de l’étouffement qu’il crée reste vorace de bout en bout. La longue descente des riffs dissonants qui me rappelle celle du dernier album de AKHLYS, "House Of The Black Geminus", submerge les pauvres erres que nous sommes. Il nous faut alors prier ou espérer que la lumière et l’oxygène reviendront, mais une petite voix interne s’y refuse d’y croire, tandis qu’au même moment le vocaliste diabolique nous vocifère à la quasi échéance du titre, "Ascend, Ascend, Ascend"; comme une clôture impossible à franchir ou l’injonction de passer au-dessus d’interminables monceaux de barbelés. Mention aussi plus qu’honorable à " Ascension II (He, I & We Who Hath Traveled And Doth Avow)". Ce titre vous fera écarquiller les yeux à l’heure où il aurait mieux fallu les fermer. Mais trop tard, les assauts mélodiques vont ne rien faire d’autre que nous poncer le corps. Les leads à la fois très beaux au milieu de cette aura constamment maléfique sont, peut-être, ces uniques perspectives de salut. Mauvaise pioche. Avec des claviers saisissants, bien plus prononcés que sur les autres titres, ces fameux leads ont été contaminé et leurs doucereuses notes vont pouvoir rentrer de manière sibylline dans nos oreilles pour nous dévorer de l’intérieur…

ARISTARCHOS a réussi son premier essai, et lorsque l’on sait à quel point le second album tient la corde tout en conservant cette identité déjà formée avec "Aristarchos", nous ne pouvons que nous incliner ou ployer le genou espérant un quelconque sursis. Sa majesté ARISTARCHOS est inconnue et invisible, et le restera. Tapie dans sa tanière, elle attend sa prochaine proie. Et ce sera vous, si vous osez ! Chacun son tour, j’ai enfin touché le fond et j’implore votre aide. Que ferez-vous ?