De toute façon j’allais mal finir. À force de disséquer la discographie complète des œuvres du génial Swartadauþuz, je frôlais l’indigestion. Heureusement que je ne me suis pas (encore) attaqué à celle de Déhà, j’en aurais vomi mes boyaux à intervalles réguliers. Mais peut-être que j’aurai une contre-indication en dernier recours pour pouvoir rester sauf… Forcément lorsqu’un monstre tel que Swartadauþuz vous tord le cerveau en vous distillant des œuvres géniales (je pense à la série que je vous ai concocté « L’enfer du Black Metal Symphonique » à laquelle il a largement concouru (GREVE, GNIPAHÅLAN, TROLLDOM, GARDGHASTR), il serait malhabile de ne pas observer de plus près l’ensemble de ses agitations. S’il me faut encore vous parler de NATTFÄRD, et même sans doute de AZELISASSATH, il est bien temps de m’attarder sur MUVITIUM.

Cette fois encore, Swartadauþuz fait à peu près tout. Hormis le recrutement d’un batteur de session, notre suédois discret et secret, s’est occupé à mixer l’album et a travaillé lui-même sur la cover et le layout. Bien maintenant, passons à ce qui nous anime plus encore ici : la musique. Avec le projet MUVITIUM, l’amour du Black des 90s se fait ressentir à pleins poumons. Gonflé à bloc de ce grésil rempli de reverb et du mur sonore des claviers – la production aidant aussi à ce sentiment un poil Raw - MUVITIUM nous assène quatre titres poignants. Car la brutalité n’est pas de mise, "Under Vemodets Töcken" navigue plutôt dans un nuage dense, mélodique, avec des relents atmosphériques continus et possédés. L’aspect hypnotique des riffs et des ambiances est nettement marqué, bien plus d’ailleurs que tous ses autres projets. Dès ma première écoute, j’ai été saisi par le flot des nappes, par le son des guitares quasi-chancelantes et paraissant imperceptibles à mesure que l’album progresse.

C’est cette impression, ressortant aussi du projet de RINGARË, qui joue des tours et rend MUVITIUM passionnant. D’ailleurs si je me concentre sur cet album, je n’oublierai pas de parler du précédent, "Evighetens Cirkel" majestueux au possible. Peut-être que pour vous faire une idée, je vous encouragerai à écouter en premier lieu le superbe titre "Natten Giv Ditt Namn... Våldets Styrka Ta…", avec ses mélodies mémorables et son ambiance épaisse et impénétrable, tout aussi envoûtante que l’autre monument de l’album, le dernier titre "Rista Afv Hat... Eder Hjärtans Fördärv...". Le chant mi-parlé mi-hurlé de Swartadauþuz concourt aussi à endraper de mystère cet album, en lui donnant une aura très particulière. Et, mine de rien, la pochette de l’album en dit long sur le contenu. Le brouillard ténébreux des montagnes zigzague et encadre une forêt de conifères à feuillages persistants malgré la horde du froid et de l’hostilité. Et les riffs suivent aussi ce chemin, et les claviers les empruntent également en galbant et en densifiant l’épais frimas qui se dégage inexorablement de l’ensemble de ces compositions.

Alors pour ne pas trop vous égarer, je dirai que ce MUVITIUM m’a fait penser aux atmosphères glaciales d’un ABIGOR ou d’un EMPEROR période "Nachthymnen" et "In The Nighside Eclipse" bien entendu. Mais c’est aussi des relents BURZUMiens, avec notamment certaines parties lancinantes des claviers qui nous ramènent fort sérieusement au beau milieu des 90s. La production, un poil rêche, nous invite aussi dans ces années-là, là où tout s’est transcendé au sein des scènes extrêmes du Metal. J’aurai vraiment voulu mettre la note maximale à cet "Under Vemodets Töcken…", mais le troisième titre, "De Jag Minns... Tidlös i Klockverkets Slag...", comporte quelques longueurs et est globalement moins inspiré. Mise à part cela, selon moi, c’est un sans-faute et un encouragement de plus pour sonder tous les trésors enfouis ou déclarés de Swartadauþuz.