Alors que récemment je vous avais parlé des malchanceux GATES OF ISHTAR, mais aussi fait découvrir pour certains SACRILEGE, voilà qu’il est urgent de déterrer cette pépite tapie dans l’ombre qui pourtant va vous éclairer de sa superbe, et s’accrocher à vous sans doute un temps indéterminé. Et dans le rayon des pépites de Death Mélodique et/ou de Death/Black Metal Mélodique, il en manque encore un peu à la pelle…. Ohé EBONY TEARS ! Ohé The MOANING ? Ohé UNANIMATED ohé !!! Mais bref passons les balivernes car WITHERED BEAUTY mérite une place entière dans cette chronique qui je l’espère sera lue et relue.

Alors si l’on doit en quelques mots sonder l’ADN de l’album et du groupe, rappelons que WITHERED BEAUTY est un trio suédois qui n’a produit qu’un unique album signé chez Nuclear Blast et enregistré sous la coupe d’un Peter Tägtgren au mieux de sa forme au sein de son fameux studio Abyss. On oubliera la faute de goût de la pochette pour aller très vite dans le cœur de ce Death Mélodique savamment puissant et nuancé de touches Black Metal. Car disons-le tout de go, l’album est sacrément racé et agressif. Dès les premières secondes du titre prodigieux qu’est "Lies", nous percevons nettement l’intensité efficace et fouettarde qui jaillit de toutes parts. Le son d’abord, typique des offrandes de Tägtgren, notamment celui des guitares qui me rappelle furieusement le "Once Sent From The Golden Hall" de AMON AMARTH (évidemment aussi produit par Peter à quelques mois d’intervalle). Et puis le riffing très puissant entre un DECAMERON et un LORD BELIAL, toujours très cadencé et évoluant dans des volutes à la fois mélodiques et agressives, ne laissant que peu de répit. Et les motifs de cet album s’ornent très souvent d’une saveur très DISSECTION-ienne ou bien plus généralement des productions No Fashion et Black Mark de cette époque prolifique.

Les titres sont tous bien ficelés. Le trio suédois fait son office et nous assène un nombre de riffs imparables, balayant férocement les ambiances et les atmosphères. Il en découle des titres absolument géniaux et parfois curieux. Je pense bien évidement à "Lies", mais aussi à la superbe track bourrée d’énergie "Veil Of Nothing" qui détient un passage court mais incroyable passées les deux minutes. "Worm" avec son éminent moment atmosphérico-épique surgissant au milieu du titre nous surprend et nous adresse une main bienveillante avant de nous la repousser avec violence, le titre reprenant de plus belle dans un Black/ Death pur jus… Que nous retrouverons aussi sur d’autres titres ("Dying Alone", "Joust"). Nulle inquiétude vous aurez bien évidement droit à votre pause avec l’excellent titre instrumental "Through Silent Skies", bien que celui dure moins de deux minutes. C’est déjà ça !

Et comment ne pas parler du meilleur pour la fin de l’absolument géniale "He Who Comes With The Dawn", un chef d’œuvre de presque huit minutes qui vous absorbera totalement – et qui mérite son paragraphe à lui-seul. Ce titre dénote de tous les autres par sa douceur mélodique, mais aussi et surtout par ses aspects très Doom/Death atmosphérique avec son chant clair incroyable, la tempérance de ses claviers et la profusion d’émotions qui éclosent de toutes parts au fur et à mesure que le titre se déroule. N’entendez-vous pas aussi comme moi, un peu de "La Moldau" de Bedřich SMETANA dans cette envolée de riffs de guitare qui se dresse devant nous à intervalles réguliers (peu après les quarante-cinq secondes par exemple…). J’y ai pensé instantanément avec bonheur. Véritable ballade sonore, endrapé d’un voile mélancolique, "He Who Comes With The Dawn" clôture cet album avec son ambiance poignante et profonde, et ce seront les dernières notes de musique produites par WITHERED BEAUTY.

Au regard du potentiel énorme de ce trio suédois, nous en venons à regretter que WITHERED BEAUTY se soit arrêté en si beau chemin. Bien sûr les membres iront convoler ailleurs et produire d’autres choses plus ou moins pertinentes, mais le trio avait bien trouvé l’art et la formule dans cet album et l’on ne peut que les en remercier. Puisse cette chronique réhabiliter encore un peu plus cette œuvre géniale passée bien trop souvent sous les radars. Allez vite l’écouter je vous presse et je vous prie à la fois.