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SEAR BLISS - Heavenly Down (2024)
Par VOLTHORD le 26 Septembre 2024          Consultée 385 fois

J'aimerais pouvoir dire que l'on ne présente plus les Hongrois de SEAR BLISS. Mais il faut sans doute encore le faire.
D'un côté un incontournable de la scène underground de l'Est de la fin des années 90 et début des années 2000, de l'autre… relire ma phrase en insistant sur "underground", "de l'Est", et finir à "début des années 2000". Aucune histoire sordide ou épique n'a contribué à asseoir une forme d'aura, aucune fin romantique ou sordide ni récit croustillant n'aura davantage assis son mythe. Alors oui, comme SEAR BLISS ne fait plus trop partie de la conversation, il faudra les présenter à nouveau. Comme des vieux briscards attachés à leurs atmosphères à ciel ouvert, à leur trombone épique qui perce les étoiles, donne vie au reste, à cet aigle qui autrefois plongeait dans les profondeurs, qui aujourd'hui flotte plus qu'il ne plane. SEAR BLISS transporte toujours une forme de tristesse, une forme de volonté de vaincre. Toujours pragmatique, jamais chaotique, toujours porté d'abord sur l'atmosphère avant la puissance, avant la violence, un Black Metal qui capture l'âme.

Enfin de retour aux crayons, Kris Verwimp reprend un type de composition avec un personnage féminin central, comme celles de "Phantoms", "Grand Destiny" et "Forsaken Symhonies", et nous ressort cet aigle qui fait du surplace de toute son envergure au-dessus d'un astre improbable. L'illustrateur belge rebat donc l'essentiel des symboles associés à la formation hongroise, redite assumée trop iconique pour verser dans la parodie : si on ne présente plus SEAR BLISS, c'est justement parce que la seule vision de cette pochette devrait faire vrombir le son du trombone dans vos oreilles.

Vingt-huit années après "Phantoms", la profession de foi est toujours là, et pour cela seul ce "Heavenly Down" mériterait qu'on lui accorde le temps d'écoute adéquat.

Mais pas que.
Certes, les deux dernières sorties discrètes du groupe n'auront pas vraiment réussi à pousser les curseurs et provoquer le genre de renaissance qui rendrait évidente sa redécouverte pour un public Black Metal plus biberonné aux formules toutes faites qu'il ne voudrait l'admettre. Ironiquement, je pourrais facilement arguer que SEAR BLISS fait aujourd'hui l'album de "Trombone Black Metal" le plus évident de toute sa carrière. Un album qui, pris en dehors des trente ans de vie du groupe, pourrait bel et bien constituer, pour le nouveau venu, le condensé idéal de ce qui constitue sa signature, à défaut de ses plus beaux exploits (qui eux prennent nettement plus de temps à digérer).

Chaque mélodie qui sortira des souffles de Zoltán Pál dans son instrument produira ce genre de moment cinématographique fort, attirant l'attention sur lui avant de se plonger plus profondément sur le contexte qui l'entoure : "Feathers in Ashes" avec ses mélodies centrales fortes et ses nombreuses couches atmosphériques en sera l'exemple le plus évident.

On pourrait presque reprocher aux chants clairs en demi-teinte de "Chasm" de faire de l'ombre à ces quelques notes impériales de trombone qui resteront gravées en tête.

Si la palette de couleurs est plus vive qu'à l'habitude, c'est aussi parce que ces lumières d'un "Paradis du bas" semblent plus prégnantes. SEAR BLISS nous porte vers une lumière aux couleurs crépusculaires, un voyage spirituel dont la dimension épique se vit comme plus métaphorique que réelle, où jamais le ton ne se fait éploré ou dépressif, oppressant ou lourd. À ce compte, même les notes plus noires du titre "Heavenly Down" finiront par écarter les cieux dans un dernier blast pour nous laisser sur les ambiances nacrées de "Forgotten Deity", réminiscentes des passages instrumentaux froids et hypnotisants du fondateur "The Pagan Winter". Une forme de violence apaisante et éthérée, achevant nettement mieux ce que "Letters From The Edge" avait esquissé, sachant piocher dans le registre du groupe pour lui donner une propos unifié.

Cette impression de flottement aura ses avantages et ses défauts, on pourra toujours et encore reprocher au groupe de s'être assagi, et de passer parfois à côté d'idées qui auraient pu faire de "Heavenly Down" l'égal des autres grandes œuvres du groupe. On pourra penser à un "Watershed" planplan, les blasts laborieux de "The Upper World", ou à un "The Winding Path" ouvrant les possibles avec un pont NOKTURNAL MORTUMien qui justement ne parvient pas à créer les mêmes éclats que les Ukrainiens, et laisse de nombreuses pistes inexplorées pour finalement revenir plus ou moins en pilote automatique. Au global, on pourra autant saluer cette basse omniprésente et rendant le son de cet album si particulier, que regretter des guitares qui ne repoussent jamais les limites du déjà connu (et SEAR BLISS a rarement été aux avant-postes de ce côté-là, sauf peut-être sur le tranchant "Grand Destiny" qui en faisait son cheval de bataille).

SEAR BLISS reprend donc ses couleurs mais manque une nouvelle fois de faire un choix assez fort pour faire plus que nous remémorer son âge d'or. À défaut d'un album de l'année, "Heavenly Down" sera déjà l'album Black Metal d'un été, ce qui pour ma part sera déjà un bon accomplissement.

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- András Nagy (chant, basse, clavier)
- Zoltán Pál (trombone et cuivres)
- Attila Kovács (guitare)
- Gyula Csejtey (batteri)
- Zoltán Vigh (guitare)


1. Infinite Grey
2. Watershed
3. Then Upper World
4. Heavenly Down)
5. Forgotten Deities
6. The Winding Path
7. Chasm
8. Feathers In Ashes



             



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