PRAYING MANTIS connait depuis de nombreuses années une retraite dorée au Japon ; en Europe, la formation peine à légitimer les espoirs qui avaient été placés en elle à la sortie de "Time Tells No Lies" en 1981. Un management foireux aura eu raison du groupe quelques années après ce premier essai qui le hissait à la hauteur des meilleurs espoirs de la NWOBHM et la reformation (enfin, disons plutôt la remise sur pied du combo par les frères Troy [qui contrairement à leur nom, ne sont que deux]) a fini par conduire vers une nouvelle charte mélodique, nettement plus axée AOR, tout en conservant quelques notes plus Heavy.

Après quelques mouvements de personnel, PRAYING MANTIS présente un line-up stable depuis 2013, avec les arrivées de John Cuijpers (chant) et de Hans in't Zandt (batterie). "Defiance" est le quatrième album proposé par cette incarnation de la bête et force est de constater que la formule n’évolue pour ainsi dire pas. La pochette est même un peu trompeuse, puisque la mante façon xénomorphe possède quelque chose de flippant, qui pouvait faire songer à un retour aux sources de la part de cette institution qui n’en est pas vraiment une. Poser le disque sur la platine, c’est aller en terrain connu, avec ses bons et ses mauvais moments.

Commençons par un mauvais, tiens. "Forever In My Heart" est l’archétype de la ballade qui peut nous inviter à nous interroger sur la capacité des groupes de Hard Rock/Heavy Metal à encore exceller dans cette catégorie. Une entame assez catastrophique avec des chœurs d’un autre temps que la suite, bien policée et surtout très guimauve, ne parvient pas à rattraper. C’est un exemple parmi d’autres qui montre les carences de PRAYING MANTIS au niveau de l’écriture, comme si le groupe se contentait du minimum syndical et qu’il ne cherchait pas franchement à prendre des risques.

Et pourtant, les musiciens, sont capables de présenter de belles choses, en s’appuyant sur leur chanteur dont le timbre n’est pas sans évoquer Joey Tempest (en un peu plus empâté cependant) et en testant des passages plus Heavy bien que ces derniers soient souvent très courts. "From The Start" s’avère presque brillant en ouverture, entre son approche Heavy Metal et sa volonté plus AOR dans l’idée qui offre un contraste mélodique bien affirmé. Cela reste toutefois un peu trop classique, dans la lignée des essais précédents, pour vraiment casser la baraque d’entrée de jeu. "One Heart", avec la présence d’une guitare acoustique en embuscade et "Let’s See" sont également très sympathiques dans leur exécution.

Dans les bonnes surprises, on notera également la reprise du "I Surrender", compo de Russ Ballard qui aura été popularisée par RAINBOW (la version originale est celle de HEAD EAST, un an auparavant), qui tend vers la version de l’Arc-en-Ciel, l’emphase de Joe Lynn Turner en moins. Cela reste classique, très propre sur soi, mais cela fonctionne bien et c’est là l’essentiel. C’est joué fidèlement au modèle choisi, ça ne prend pas le risque de proposer une ligne mélodique qui viendrait dénaturer l’ensemble. Du bon travail de petit artisan à qui on aurait demandé de recopier une œuvre de maître : c’est très propre, soigneusement ouvragé, mais on remarque toutefois qu’il s’agit d’une habile copie.

Et au rayon des curiosités, PRAYING MANTIS va taper fort avec "Standing Tall", qui est un véritable ovni au milieu de cette collection de morceaux pour le moins convenus. En effet, ils vont donner un rythme plus dansant à ce titre, allant jusqu’à embrasser le Disco ! En fait, il est tellement incongru que l’on s’en souvient, bien qu’il lui manque une certaine dose de feeling, ce même feeling qui avait fait de "Whad’ya Say" une surprise totale mais réussie sur le "Fallen Angel" de URIAH HEEP en 1978, bien en phase avec son époque ; alors que là "Standing Tall" va rapidement sembler bancale car elle n’a pas cette fluidité que l’on retrouve aujourd’hui chez un groupe comme The NIGHT FLIGHT ORCHESTRA.

Le reste ? Au mieux, c’est fade, mais cela reste toutefois assez médiocre. "Defiance" donne l’impression que les musiciens de PRAYING MANTIS ne se challengent même pas pour proposer quelque chose qui sortirait du lot et qui serait réussi (contrairement à "Standing Tall" donc). Il manque un peu de cœur à l’ensemble, c’est bien trop stéréotypé et cousu de fil blanc pour vraiment être intéressant, même pour les amateurs du genre qui ont bien mieux à se mettre sous la dent en termes de Hard Rock Mélodique.

Si je voulais enfoncer un peu plus les clous dans le couvercle du cercueil que je viens de leur confectionner, je dirais que ce disque est quand même un peu paresseux. Il n’y a guère de renouvellement dans la formule proposée, les fans seront contents, mais pas dit qu’ils engagent de nouvelles personnes à les suivre avec un tel opus. Parfois, je me dis que le fait que les Japonais continuent à les entretenir album après album et que d’un autre côté, Frontiers semble toujours leur dire amen, la situation de PRAYING MANTIS n’évoluera pour ainsi dire jamais. Sauf que l’inspiration montre quand même des signes d’épuisement inquiétants.