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- Style : Jaded Heart, Fair Warning
- Membre : Cyberya, Rage, Universal Mind Project, Cyhra, 21 Octayne, Silent Force, Luca Turilli's Rhapsody, Herman Frank
 

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AXXIS - Coming Home (2024)
Par GEGERS le 10 Juillet 2024          Consultée 1574 fois

En 1989, AXXIS entre sur la scène Hard Rock allemande par la grande porte, son premier album "Kingdom Of The Night" connaissant un succès massif autant qu'inattendu pour cette jeune formation venue de la banlieue de Dortmund. Depuis certifié disque d'or pour 250 000 exemplaires vendus, ce premier album reste une pierre de touche du Hard Rock européen. Trente-cinq ans plus tard, AXXIS est un groupe exsangue. Durement touché par la crise du COVID, le groupe a vu ses membres se lancer dans la réalisation d'albums solo, subventionnés par le gouvernement allemand, pour se maintenir à flot financièrement. Depuis 2019 et la fin de sa tournée en soutien à son album "Monster Hero", le groupe n'a donné qu'une poignée de concerts, pourtant toujours vécus comme de grands moments par les spectateurs, l'énergie du groupe et la bonhommie de son chanteur Bernhard Weiss participant à les rendre mémorables. Touché par la valse des guitaristes, le groupe a également perdu beaucoup d'énergie à trouver le successeur de Stefan Weber, et peine créativement à se relever du départ du brillant Marco Wriedt qui avait beaucoup apporté à la formation dans le courant des années 2000 et 2010. Pourtant solidement ancré dans le paysage musical allemand, propriétaire de son propre studio depuis l'an 2000 (les Soundworxx à Bergkamen), gestionnaire de son label Phonotraxx, AXXIS souffre. Alors que des problèmes personnels forcent le claviériste Harry Oellers à se mettre en retrait, le groupe profite de ce trente-cinquième anniversaire pour annoncer sa retraite. "Harry doit quitter le groupe pour des motifs privés que nous comprenons parfaitement", nous déclare son camarade Bernhard Weiss. "Et je ne vois pas comment je pourrais continuer à maintenir le groupe à flots sans mon partenaire. Je préfère que le groupe tire sa référence plutôt que d'imaginer un avenir sans Harry."

Cette triste nouvelle annonce s'accompagne néanmoins de réjouissances : une tournée (essentiellement en Allemagne), agrémentée de deux concerts spéciaux à Memmingen et Bochum, en novembre et décembre 2024, et la sortie d'un dix-huitième et ultime album, dont le titre "Coming Home" symbolise cette idée de fin de règne, et cette intention de boucler la boucle. Réalisé par Thomas Ewerhard (AVANTASIA), le visuel de l'album pioche dans les paroles pour construire un monde et des ambiances à mi-chemin entre SF et fantasy. Le groupe nous présente ici le "Dark Angel", créature onirique aux airs de chimère, protégeant un bébé endormi. Il y a de la vie qui s'extirpe de ces ruines, même si Bernhard Weiss semble surtout désabusé lorsqu'il évoque ce visuel : "Ce bébé est AXXIS, notre groupe, qui dans les bras de ce guerrier mi-homme mi-animal, semble bien inoffensif dans ce monde où règnent destruction, fake news et mensonges. Comme ce bébé, notre groupe n'aura pas été capable de changer le monde avec nos petites chansons sur la paix, la justice, la liberté et la protection du climat. Que nous étions naïfs en 1989."

Cette opposition entre ombre et lumière, ce mariage entre le Paradis et l'Enfer aura toujours été au centre de la musique d'AXXIS. C'est d'ailleurs ce qui aura permis au groupe de créer durant les années 2000 un amalgame savoureux et parfaitement équilibré entre les genres Hard Rock et Power Metal, ce qui lui a permis de tutoyer le succès et la reconnaissance avec les albums "Time Machine", "Paradise In Flames" et "Doom Of Destiny". C'est cette facette de sa musique que le groupe nous présente en introduction de l'album, le morceau "Blackest Vision" émulant les sonorités Power mélodique de ces albums. "Il était important pour nous de rassembler sur cet album toutes les facettes de notre musique, tout ce qui fait que nous sommes AXXIS", déclare Harry Oellers. Et effectivement, après deux albums résolument orientés Hard Rock, ce morceau d'ouverture nous ramène quinze années en arrière. Le résultat est bon, mais impossible de ne pas être gêné ici par une petite odeur de réchauffé, qui est renforcée cette sensation de paresse que l'on ressent à l'écoute du solo pas vraiment flamboyant du guitariste Matthias Degener. L'exaltation de puissance portée par la combinaison entre les claviers et la guitare, scellée dans le Metal grâce à la force motrice de la section rythmique résolument germanique, fonctionne et séduit. Mais si retrouver le groupe en si bonne forme procure un immense plaisir après six années de silence (l'EP "Virus Of A Modern Time" excepté), comme au poker, on paye ici pour voir.

"Coming Home", qui donne son nom à l'album, confirme la volonté d'AXXIS de retourner à ses deux racines Hard Rock et Power Metal. C'est le premier de ces deux genres qui est ici mis à l'honneur avec ce titre lumineux, porté par un refrain minimaliste mais suffisant, qui rappelle l'époque "Kingdom Of The Night". Le son de la guitare est clair puis crunchy sur le solo, plus Rock que Hard, et nous permet ici d'apprécier plus amplement le jeu du dernier arrivé. Évoquant la difficulté du retour à la maison pour les soldats à l'issue de la deuxième guerre mondiale (selon les estimations, environ un million sont morts après la capitulation de l'Allemagne), le texte est ici écrit à la première personne, du point de vue d'un soldat qui va périr. Saisissant.

Chacun des morceaux présentés nous permet de redécouvrir une facette de l'identité du précieux groupe allemand. Ainsi, "Atlantica", tout comme "Legend Of Phantasia", renoue avec ces descriptions de terres fantasmées dont Bernhard Weiss est friand. Ces thèmes permettent souvent au parolier d'utiliser l'allégorie pour traiter d'un sujet lui tenant à cœur, "Atlantica" évoquant, par la résilience et la rédemption, le réchauffement climatique et ses désastreuses conséquences. Le chanteur propose également quelques évocations oniriques et hors du temps, et donne à "Moonlight Bay" une saveur délicate. Avec ses chœurs imposants réminiscents de l'époque "Time Machine", ce titre Reggae Rock façon "Touch The Rainbow" est du AXXIS pur jus. Tout comme "Love Will Shine For Everyone", un titre Hard Rock énergique et enlevé, doté d'une plaisante introduction aux claviers et de paroles plus positives.

Le groupe sort légèrement de sa zone de confort avec "Irish Way Of Life", dont les sonorités irlandaises portées par le clavier sonnent un peu cheap et factices. Ce titre entraînant se fait néanmoins une bonne surprise, et si Bernhard Weiss se contente ici d'égrener des poncifs sur l'Irlande, le morceau reste un bon moment. À l'image de "Lord Of Darkness", titre Power mélodique particulièrement entreprenant, que l'on croirait tout droit sorti de l'album "Doom Of Destiny". L'auditeur se retrouve ici pris entre le marteau et l'enclume, au point de rencontre entre ombre et lumière, et se fait ici le témoin d'un processus créatif qui donne ici naissance à un morceau de grande qualité. Plus convenu, "Ready To Burn" séduit essentiellement par un solo cette fois digne de ce nom. Il en va de même sur "Tears Of A Clown" sur lequel Matthias Degener se fait cette fois carrément aventureux, le guitariste se montrant bien plus à son aise sur les morceaux Hard Rock énergiques de cette trempe que sur les titres Power Metal.. Ce morceau qui évoque la soumission des esprits aux réseaux sociaux et aux théories du complot, est porté par un chouette travail à la batterie de Dirk Brand, et se fait un des grands moments de la fin d'album. On le préfère à "I Won't Sell My Soul", qui malgré de beaux atours et ses ambiances Hard Rock "musclées" n'est pas la conclusion épique que l'on aurait aimé entendre. Le morceau est bon, sorte de mélange entre "Fass Mich An" et "Break Your Soul", mais ne se fait pas transcendant.

Miné par une certaine baisse d'engouement depuis la deuxième moitié des années 2010, AXXIS relève la tête et nous offre comme point final à sa brillante carrière un album carré et inspiré, qui balaye le large spectre d'influences du groupe. S'il manque ici un peu de flamboyance et de décomplexion, "Coming Home" s'impose comme l'ultime (vraiment ?) témoignage d'un groupe droit dans ses bottes, dont le savoir-faire donne une nouvelle fois naissance à des morceaux de qualité, qui titilleront la fibre nostalgique des vétérans de l'époque "Kingdom Of The Night" comme de ceux acquis plus récemment à la cause avec "Paradise In Flames". Cette originalité faisant sa richesse, nous ne pouvons que déplorer la perte de ce groupe précieux qui, pour les bons moments, pour les émotions, pour les joies qu'il nous a offertes et les peines qu'il a épongées, doit sincèrement être remercié. Pour la musique, thanxx.

3,5/5.

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   GEGERS

 
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- Bernhard Weiß (chant)
- Harry Oellers (claviers)
- Matthias Degener (guitare)
- Rob Schomaker (basse)
- Dirk Brand (batterie)


1. Blackest Vision
2. Coming Home
3. Atlantica
4. Moonlight Bay
5. Dark Angel
6. Love Will Shine For Everyone
7. Irish Way Of Life
8. Legends Of Phantasia
9. Lord Of Darkness
10. Ready To Burn
11. Tears Of A Clown
12. I Won't Sell My Soul



             



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