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- Style : X Japan

BAND-MAID - Unseen World (2021)
Par DARK BEAGLE le 7 Juin 2024          Consultée 1279 fois

Personnellement, je dois vous avouer que les Japonais sont très doués pour rendre les choses flippantes. Prenez par exemple "The Ring", comparez-le avec sa version américaine et venez me dire celui qui vous a le plus mis mal à l’aise. Je ne prendrai pas la peine d'évoquer les mondes monstrueux de Junji Ito, mais "Spirale" me fait froid dans le dos rien que d'y songer. Et là je dois vous avouer que cette pochette m’angoisse un petit peu. Pourtant, ce n’est qu’un troupeau de doigts, mais leur multiplication autour des mains fait qu’on a l’impression de se retrouver face à des paluches de Yokai qui ne nous veulent pas forcément du bien. En tout cas, elle tranche nettement avec celles des précédents opus et elle continue d’attirer le regard toutefois, merveilleuse dans son malaise.

Pour les filles, les choses ont évolué ; elles ont signé sur le label Pony Canyon, une référence au Japon qui s’illustre également dans les animes et les jeux vidéo avec plus ou moins de succès. Elles vont voir leur son être dopé par une production qui ne laisse rien au hasard et qui va mettre en avant toute leur agressivité. C’est simple, "Unseen World" va être alors leur disque le plus violent, le plus Heavy de leur jeune carrière. Et pourtant, la formule ne va pas changer plus que cela dans le fond : nous sommes toujours confrontés à un mélange entre du Metal sous divers spectres et de la J-Pop entraînante, qui peut avoir de faux airs de génériques de dessins animés.

Aussi, nous sommes cueillis à froid par une belle intensité, qui explose littéralement sur "No God", le second morceau de l’album. Ici, nous pouvons vraiment apprécier la production de l’album à sa juste valeur. Entre le tranchant des guitares, la puissance de frappe de la batterie et cette basse qui claque fort, les amateurs du genre seront ravis. Et il y a toujours cette voix, ce chant qui semble être hors sujet, qui apporte une note de douceur à l’ensemble, même si le terme n’est pas tout à fait exact : Saiki Atsumi hurle assez peu, elle sait conserver ses atouts Pop pour colorer les compositions et elle le fait extrêmement bien. Mais surtout, la musique reste en adéquation, elle ne vire jamais trop extrême pour ne pas tout faire tomber à plat.

Et cet équilibre, qui est primordial, est parfaitement respecté tout du long de l’album sans pour autant laisser une impression d’homogénéité étouffante. Les BAND-MAID vont placer quelques mid tempo tout du long, avec une ascendance J-Pop évidente, qui va vite fondre dans un environnement plus Metal. Très axé Heavy, le disque flirte par instants avec le Thrash (mais jamais de manière réellement factuelle, disons plutôt que les jeunes femmes créées des climax s’en approchant sans jamais franchir le Rubicon. L’ensemble dégage néanmoins beaucoup de puissance, via des morceaux souvent assez courts, très peu excèdent les quatre minutes ; aussi tout se retrouve condensé et chaque composition parvient à digresser dans ses riffs tout en conservant leur logique.

Et en fait, nous n’étions pas tout à fait prêts pour cela. Pour ce jusqu’au-boutisme affiché (jusqu’au-boutisme somme toute relatif par rapport à d’autres combos, je vous l’accorde). Pour cette absence de ballades. C’est peut-être un détail pour vous (mais pour moi ça veut dire beaucoup), cependant c’est assez révélateur de la volonté des filles d’aller de l’avant et de proposer le disque le plus fort possible. Ne vous fiez pas aux titres, ils sont trompeurs. "Nightingale" voit certes Miku Kobato, une fois n’est pas coutume, faire un petit passage derrière le micro, mais nous sommes en réalité devant une J-Pop solidement charpentée, aux relents Heavy appréciables. "Giovanni" n’a rien de réellement romantique bien que ce soit inspiré d’un récit fantastique Japonais du début du XXème siècle et en plus le groupe nous confronte à de véritables murs de son dessus, de quoi en perdre son latin !

Évidemment, se prendre cette succession d’ogives balistiques dans les dents, ça a de quoi désarçonner un brin. "Black Hole" termine en plus l’album comme il l’a commencé : sur les chapeaux de roue. Tout du long, cette intensité, pour ne pas dire cette frénésie, déboule, nous moleste, nous maltraite, et bien que nous en redemandons, nous terminons complètement lessivés après les 45 minutes du disque. Cela fait un peu le même effet qu’avec un disque de LOVEBITES, autre groupe entièrement féminin Japonais, qui développe des ambiances similaires mais avec un discours typiquement Power Metal à l’ancienne. Et c’est justement toute cette intensité qui pourrait être le point faible de l’album aux yeux de ceux qui préféraient la variété clairement affichée sur les précédents opus. J’émettrai également quelques réserves sur "Ambition", coincée entre "Giovanni" et "Black Hole", soit deux des plus beaux fleurons de ce disque et qui peine de fait à exister. Il s’agit là du seul morceau dont je suis incapable de fredonner l’air instantanément.

Mais si nous faisons fi de cela (allo le XVIIIème siècle), que reste-t-il ? Un disque absolument référentiel de la musique Japonaise actuelle, qui se détache des canons US et Européens de bien belle façon. Les filles utilisent les codes des genres qu’elles approchent, elles les distillent dans leur créativité et offrent un résultat solide, bien réfléchi, qui sait rester audacieux tout en conservant une bonne dose de feeling (bien étrangement entretenu par cette basse plus que présente qui vient apporter beaucoup de chaleur aux compositions). La formule commençait à être extrêmement bien rodée sur "Conqueror", elle est ici à son apogée.

"Unseen World" est une baffe passée relativement inaperçu en 2021, la faute certainement à la géolocalisation du groupe – il est tellement plus simple au final de parler d’un disque d’un groupe Européen car la proximité joue tout de même un rôle important, comme l’exposition aux médias – et une distribution toujours un peu difficile par chez nous. Là, vous n’avez plus trop d’excuses, vous avez le nom de la formation, celui de l’album, vous avez très certainement une plate-forme de streaming que vous fréquentez avec assiduité, vous pouvez vous préparer à vous en prendre une bonne derrière les oreilles. Peut-être bien le disque de référence des Japonaises.

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- Saiki Atsumi (chant)
- Miku Kobato (guitare, chant)
- Kanami Tono (guitare)
- Misa (basse)
- Akane Hirose (batterie)


1. Warning!
2. No God
3. After Life
4. Manners
5. I Still Seek Revenge
6. H-g-k
7. Nightingale
8. Why Why Why
9. Chemical Reaction
10. Giovanni
11. Ambition
12. Black Hole



             



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