C’est vrai qu’avec cet artwork de fou, nous aurions besoin de bien plus de 45 minutes pour le comprendre, mais finalement en écoutant "Foreverglade" et en mirant la pochette du coin de l’œil, force est de constater qu’elle colle de manière congruente à l’ambiance rugueuse et funeste de l’album. Cet album est une véritable descente aux enfers, chaque titre nous fait un peu plus glisser dans ses entrailles chaudes et dévorantes. Si l’EP suivant "Bluenothing" réussira de justesse et temporairement à nous en extirper, "Foreverglade" restera comme l’opus le plus zélé en matière de plongée dans les abîmes.

À l’image des plus belles offrandes salaces et lugubres de NORTT, WORSHIP, SKEPTICISM ou EVOKEN, WORM prolonge l’horreur des plus immondes cauchemars nocturnes. Mais malgré tout, même si aucune lueur n’apparaitra tout du long de cette longue et inarrêtable descente, vous aurez parfois des hallucinations quand vous percevrez l’écho merveilleux de leads qu’un Chuck Schuldiner (DEATH) semble avoir déposé au creux du titre "Subaqueous Funeral". Et cet effet sonore fera comme l’effet d’une seconde chance, à l’instar d’un ultime espoir de survie. Mais ne comptez pas trop dessus car "Centuries Of Ooze" le dernier titre ferme la marche. Et avec ces appétissantes neuf belles minutes, il douchera d’un coup d’un seul vos derniers élans vitaux. Pire ! Jouant avec votre esprit et vous torturant à loisir avec ces mélodies tantôt scintillantes et éprises de beauté tantôt bourbeuses et lugubres, il va sans dire que vous en perdrez la tête ne sachant plus à quel saint vous vouer. D’ailleurs vous entendrez peut-être à la fin du titre ces chœurs élégiaques vous appeler à être damné ou à succomber.

Phantom Slaughter est le gardien de cet enfer. Invisible aux hommes et pourtant partout à la fois et de tous les sales coups. Son growl capiteux et ses hurlements féroces saccageront votre besoin de sérénité. La messe noire de "Cloaked In Nightwinds" vous épouvantera à raison. Les claviers marqueront le rythme des premiers supplices qui vous seront assénés. Ce titre suffocant digne d’un des meilleurs Funeral Doom qu’il m’ait été donné d’entendre, nous prend à la gorge, nous enserre jusqu’à l’étouffement. Remarquable de bout en bout, il nous fait percevoir des tréfonds horribles gorgés en miroir de nos propres phobies. Et si le titre suivant "Empire Of The Necromancers" nous sortira de notre torpeur en nous proposant dès son introduction un rythme Death plus soutenu, des échos maladifs de mélodies nous rappelleront à une réalité plus épouvantable encore.

"Foreverglade" est un disque torturé et affectueusement glauque et sombre. Et si ces adjectifs vous incommodent ou vous contrarient, je ne peux que vous inviter à prendre part à votre propre festin, en dégustant cette offrande de WORM. Nous y boirons votre sang et planterons nos canines dans vos chairs nerveuses et bouillantes d’angoisse. Qu’il était loin le temps où nous pouvions disposer de quiconque aux seules fins de nos fantasmes inavoués. Ainsi donc il nous faut retourner en surface loin des abîmes mais tout près du royaume des traîtres.