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AVANT-GARDE BLACK METAL  |  STUDIO

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DØDHEIMSGARD - Black Medium Current (2023)
Par STORM le 22 Mai 2023          Consultée 5408 fois

Pied de nez total à l’ordre établi, geste insultant haut dans le ciel à toutes les instances surmoïques, DØDHEIMSGARD ne se gêne pas de couper le fil d’Ariane pour délivrer le Minotaure et l’emmener à reprendre possession du labyrinthe sur cet album.

Hold-up de l’année ou endgame ? DHG joue une nouvelle fois une partition et un jeu que l’on n’attend pas, tout en se proposant d’en être l’adversaire et l’arbitre du match. La pochette de l’album nous donnerait-elle des clés de ce jeu de pistes ? Nous pouvons y mirer un satellite tellurique, que nous pourrions imaginer extra-solaire. Il s’agit pourtant d’Europe, l’une des quatre lunes de Jupiter, prévue sur les tablettes de la mission Juice. Nous y retrouvons aussi un séquençage de la lumière dans l’infrarouge… sorte de symbole, d’une vraie divagation d’un kaléidoscope, diffracté, perdu dans l’espace-temps. Totalement barré, notre Sadhu norvégien ricane sans doute encore, des tribulations d’esprit qu’il crée en nous.

Nous serions tentés de croire à une fumisterie générale et géniale, mais il n’en est rien. Les auditeurs trancheront de quel côté "Black Medium Current" retombe ou retombera. Néanmoins, ces derniers ne buteront-ils pas sur leur propre plafond de verre ? Leurs représentations pourront s’avérer faussées, leurs seuils de tolérance entamés et leurs références usitées. Le boomerang DØDHEIMSGARD alors leur reviendra, achèvera et taillera en pièces leurs sentiments. Pourtant, il peut paraître facile de passer à côté de l’album. Il divisera, ou étoffera, le champ des possibles à raison.

Serait-ce donc l’acmé d’une fureur maniaque, ou les derniers spasmes agités des Norvégiens entreprenant une nouvelle mue ? Sans doute rien de cela ou si peu. Vicotnik, ce vieux bougre, n’en est pas à son premier essai et ses apparitions dans VED BUENS ENDE, ou bien encore CODE, ont rendu sa démarche de plus en plus congruente au fil des ans. DØDHEIMSGARD congédiera tous les faiseurs de catalogues, car il s’agit d’un groupe visionnaire, qui ne vit ni dans les mirages trompeurs et prévisibles, ni dans le chant des sirènes faciles et impersonnelles. "Black Medium Current" est l’expression sincère de pirouettes artistiques audacieuses et doucement éhontées, mais ô combien assumées.

Comment mieux laminer les esprits que de les congédier à apprécier ce qu’ils pensaient détester ? DHG utilise/autorise ce tour de passe-passe et s’en joue avec délectation. Utilisant la moelle de différents styles de musiques impromptus (ambient, néoclassique, musique progressive, IDM), DØDHEIMSGARD en vampirise les substances, pour s’en créer des appendices, les amonceler à leurs compositions, tout en prenant soin de les concasser à loisir.

Pour exemple, l’intro de toute beauté de "Et Smelter" sonne comme si ELEND avait ressuscité, mais ne ressemble en rien aux minutes qui suivront, plus conventionnelles. Et encore moins à la dernière minute trente totalement improbable, qui permettrait de headbanguer en faisant un cœur avec ses mains, faisant passer ce signe des enfers au purgatoire… tout un programme.
Seul un groupe de la trempe de DØDHEIMSGARD assume cette totale liberté de composition. Cette assurance, indique le mépris complet que le groupe promet au jugement altéré d’autrui. La bande à Vicotnik est maintenant totalement décomplexée et le fait savoir. Mais ne l’était-elle pas déjà depuis ses débuts ? L’album n’est jamais un fatras, ni un pêle-mêle, mais un parti-pris osé jusqu’à l’os. Beaucoup de titres ont des passages justes magnifiques qui impactent la mémoire auditive.

Je n’aurais jamais pensé pouvoir citer AUTECHRE, mais il semble bien que le duo culte de Warp Records, conclut d’un très beau break "Intestellar Nexus". Un somptueux morceau mixant l’Electronica délicat, aux fureurs industrielles si chères au groupe. Le grand Alan PARSONS se taillerait-il une belle part en partageant l’introduction de "It Does Not Follow" ? Est-ce un featuring ? Un hologramme ? Une hallucination ?

Je dresse une mention spéciale à "Halow", véritable bijou sonore, peut-être le moins osé des titres. Peut-être aussi celui qui fait, pont et relais, avec toutes les autres compositions. Le morceau s’envole, avec une basse tonitruante, peu avant la sixième minute et fait éclater un riffing superbe : frissons garantis. "Abyss Perihelion Transit" est le morceau avec lequel, le groupe a joué la carte du teasing. On ne va pas se mentir, il fait partie des balades sonores de l’album. Je trouve aussi que Vicotnik déploie beaucoup sa palette vocale, tout du long, pour mon plus grand plaisir. Enfin comment ne pas nommer le dernier titre ? Une pièce superbe, où se chuchotent des voix, des élans de timbres, des cliquetis spatiaux, et où le piano tient la dragée haute en soupirant par intervalles.

DHG entame une vraie transition dans ses compositions sombres, en les accompagnant d’accents aux tons majeurs éclairants, éclatants. L’outro notamment de plusieurs morceaux étant composée et réfléchie, comme un contrepied astucieux, une autorisation de croiser les regards avec le méconnu, l’impossible.
Par cet effet, l’album semble réussi et ne comporte, de mon point de vue, aucune piste inintéressante, inanimée ou vide. Il y a un aspect dissonant, avec des intonations industrielles rémanentes et des velléités avant-gardistes assumées. Il s’agit bel et bien d’une œuvre authentiquement magistrale, qui fera date et marquera 2023.

Ouf ! l’honneur de DØDHEIMSGARD est sauf ! Son ADN et/ou son fonds de commerce aussi.

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   (2 chroniques)



- Vicotnik (chant, guitare, synthétiseur)
- L.e. Måløy (basse)
- Tommy Thunberg (guitare)
- Myrvoll (batterie)


1. Et Smelter
2. Tankespinnerens Smerte
3. Interstellar Nexus
4. It Does Not Follow
5. Voyager
6. Halow
7. Det Tomme Kalde Mørke
8. Abyss Perihelion Transit
9. Requiem Aeternum



             



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