Aujourd’hui, si le Heavy Metal résonne surtout de part une scène revival, épaulée par quelques vieilles légendes, qui tente de ressusciter les années 80 et qui y arrive plutôt bien généralement (là pour les exemples, allez plutôt lire les chroniques des collègues, ils vous aiguilleront mieux que moi), mais ce n’est pas forcément ce Heavy Metal qui m’attire personnellement. Moi ce qui me plaît dans le Heavy, c’est les groupes qui ont leur truc, qui ne font pas juste du Heavy mais qui se l’approprient pour en ressortir quelque chose d’assez unique. Du coup, je vais plus aller vers du CIRITH UNGOL, du MERCYFUL FATE ou du ATLANTEAN KODEX plutôt que de partir sur du ETERNAL CHAMPION ou n’importe quel suiveur de MAIDEN, c’est du coup avec la promesse d’un Heavy plutôt singulier que je me suis naturellement penchée sur SONJA.

Parce que SONJA, c’est du Heavy Metal plutôt atypique qui se veut direct tout en travaillant son ambiance. Les guitares reposent quasi uniquement sur des riffs et quelques leads éparses, aucun solo ne se trouve sur cet album, ce que certains trouveront dommageable mais qui personnellement ne me gêne pas, ça donne une certaine dynamique à l’album, une sorte de vitesse constante qui ne se met jamais en pause pour une démonstration technique. En plus de ça, Melissa Moore (CROSSPITER, ex-ABSU) va jouer aussi sur des sonorités oscillant entre le clair et le saturé pour tricoter l’ambiance brumeuse de l’album, ambiance qu’elle va totalement magnifier avec son chant assez imparfait mais plongé dans la reverb. En vrai, cette ambiance me rappelle un peu ce que fait UNTO OTHERS mais on est ici sur quelque chose de beaucoup moins maniéré, c’est plus organique et ça colle plutôt bien avec le visuel du groupe, aussi bien sa pochette que le clip de "Nylon Night". Pour revenir un peu sur le chant, il est imparfait oui, et si la reverb cache un peu ce fait, on entend que Moore n’est pas chanteuse à la base. En lisant une interview, j’ai lu que Melissa ne sentais pas de faire venir un chanteur dans le groupe, que ça a été fait à l’instinct, je reviendrai là dessus plus tard. Pour ce qui est des deux autres musiciens, Grzesiek Czapla (CROSSPITER, WOE, ex-ABSU) joue avec une énergie communicative tandis que Ben Brand (ex-TOMBS, ex-WOE) va participer à l’ambiance en jouant des lignes de basse assez mélodiques qui ne suivent pas bêtement la guitare.

L’album se montre globalement homogène, et c’est là son seul point faible, à avoir une vitesse de croisière tout du long sans forcément chercher plus loin que faire des morceaux accrocheurs, l’album se montre un poil redondant après un moment, en général, c’est sur les trois derniers morceaux que ça arrive pour moi et c’est con parce qu’ils sont tous aussi bons que les autres, surtout le final "Loud Arriver" qui se montre assez grandiose. Mais hormis ça, on se trouve avec une très chouette album très immédiat d’un groupe qui se dédie corps et âme à sa musique (allez lire les interviews de Melissa, elle parle de sa musique et du Metal en général avec une ferveur qui force le respect) dont les compos sont directement mémorables et renforcées par une ambiance vraiment délectable. D’ailleurs cette ambiance est probablement ce qui me plaît le plus dans l’album, son aspect brumeux couplé à la simplicité des compos donne quelque chose d’envoûtant, limite hypnotisant, ajouté à cela l’imagerie et les paroles et on obtient une mixture dont le seul mot qui me vient en tête pour la décrire est sensuelle. Là on est sur du ressenti pur, je vous l’accorde, surtout que pour avoir fait écouter l’album dans mon entourage, je suis la seule à décrire la musique de SONJA comme sensuelle. Mais il y a vraiment un truc dans cet album de très charnel que je n’arrive pas à clairement intellectualiser, comme si ça parlait au plus profond de moi et non à mon esprit rationnel. Alors j’écoute l’album, encore et encore pour mettre le doigt dessus, je prends toujours autant de plaisir, je ressens toujours la même chose, je lis et relis les paroles pour comprendre, j’y applique une lecture queer qui me semble être la bonne vu que Melissa Moore est une femme transgenre et que certaines paroles semblent évoquer un rapport au corps particulier en plus d’évoquer de la chasse aux sorcières (et si vous suivez un peu ce qu’il se passe actuellement aux USA par rapport aux personnes trans, le parallèle est vite fait) mais aucun mot sur ce sujet en interview hormis la confirmation que Moore a écrit en se basant sur ses expériences personnelles tout en tentant de rendre le propos un peu plus universel donc je sais pas et je reste dans le flou à rendre le tout clair avec mon ressenti personnel.

Désolé pour ce laïus, enfin pas vraiment, je pense que si vous lisez les chronique c’est en partie pour lire des gens divaguer sur des albums de musique, mais "Loud Arriver" est un album assez simple à aborder, c’est direct, accrocheur, bien joué et envoûtant. Je tire mon chapeau à SONJA pour avoir pondu un album aussi prenant et frais dans un paysage Heavy Metal un poil trop envahi par un revival 80's qui commence à perdre grandement son intérêt selon moi.