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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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  Marbles
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2012 Sounds That Can't Be ...
2013 Radiation 2013
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2022 An Hour Before It's D...
 

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MARILLION - An Hour Before It's Dark (2022)
Par DARK BEAGLE le 13 Juin 2022          Consultée 4559 fois

Le dernier véritable album studio de MARILLION datait tout de même de 2016. "F.E.A.R" (joyeux acronyme pour Fuck Everyone And Run) se glissait dans les pas de "Sounds That Can’t Be Made" avec ses pièces découpées en différents mouvements et six ans plus tard (et après la parenthèse réussie "With Friends And The Orchestra"), la bande à Steve Hogarth revient avec "An Hour Before It’s Dark", qui suit lui-même ce même principe. Peut-on accuser MARILLION de ne plus se renouveler ? Oui et non, parce que comme le signale le chanteur lui-même, quand l’âge moyen des musiciens arrive à la soixantaine et que les années de carrière se font de plus en plus nombreuses, il y a une envie de parler de choses importantes qui se met en place et une fois encore, la plume de Hogarth va livrer sa vision de la société.

Et il a eu de quoi faire. Alors que le groupe voulait entrer en studio, l’élan a été brisé net par la pandémie mondiale qui laisse de nombreuses traces dans les textes. "An Hour Before It’s Dark" parle énormément de la Covid, mais pas que. Globalement, on pourrait avancer que le propos est sombre, cette fameuse heure avant l’obscurité indiquant le temps qui reste avant la catastrophe. Les lecteurs de "Watchmen" du grand Alan Moore se souviendront de l’horloge atomique qui délivrait son sinistre compte à rebours à mesure que les chapitres passaient. Pourtant, ce MARILLION nouveau n’est pas une œuvre en noir, comme semble l’indiquer sa pochette finalement plutôt bariolée. Nous sommes plutôt dans une espèce de clair-obscur où l’amertume se dispute avec la joie et avec cette formation, cela brasse forcément énormément d’émotions.

Globalement, nous sommes plus ou moins dans la continuité de "F.E.A.R". MARILLION pratique une musique qui lui appartient, hybride. La frontière entre le Rock et le Progressif s’amenuise encore un peu plus et bien que les morceaux soient longs pour la plupart, ils sont coupés en différentes parties qui rendent l’écoute absolument dégueulasse sur les plateformes de streaming (personnellement, très mauvaise expérience, avec ces blancs qui survenaient entre chaque mouvement, coupant la dynamique des compositions ; l’écoute sur support physique est bien plus plaisante). Mais surtout, nous retrouvons un groupe dynamique, qui donne de l’ampleur à ses titres sans forcément trop en faire. Il suffit d’écouter les interventions de Steve Rothery pour s’en rendre compte. Il est arrivé plus tardivement dans le processus d’écriture, mais chacune de ses interventions est essentielle, il délivre des soli qui ne sont pas bavards, à l’économie de notes, à l’instar de David Gilmour.

L’une des premières choses à m’avoir sauté aux oreilles réside dans le jeu de Ian Mosley. Ces dernières années, il avait opté pour un jeu très pépère, qui ne permettait pas forcement de grands assauts rythmiques. Ici, il semble avoir bouffé du lion. Il propose des parties plus riches, plus denses, il remplit parfaitement l’espace sonore qui lui est alloué, sans jamais entrer dans l’extrême inverse qui serait de bourriner. Non, il y va tout en élégance, apportant un groove auquel répond sans problème l’excellent Pete Trewavas, dont la basse chaloupée se fait bien entendre. Si la plupart des morceaux sont joliment menés par les claviers de Mark Kelly, ce dernier laisse la place qu’il faut à Rothery pour des montées en puissance superbes, parfois discrètes, mais bien présentes, jusqu’à ce que la guitare éclate, nous rappelle pourquoi nous parlons de MARILLION ici.

Puis il y a Steve Hogarth. Si aujourd’hui encore de nombreuses personnes ne peuvent s’empêcher de le comparer avec Fish, son illustre prédécesseur, il faut bien convenir qu’il s’est parfaitement fondu dans le décor, qu’il a su apporter sa touche à la formation, lui faisant prendre des directions parfois plus Pop, parfois plus éthérées, tout en imprimant une véritable signature vocale. En écoutant "An Hour Before It’s Dark", il faut en convenir, il a vieilli, le temps ne fait de cadeaux à personne. Cependant, sa prestation reste toujours très émouvante tant il parvient encore et toujours à véhiculer ses sentiments à travers son chant unique. En trente trois ans au sein du groupe – durée terriblement christique ! – il est devenu le métronome d’une stabilité qui pouvait faire défaut du temps de Fish et il aura su se démarquer avec la qualité de ses textes, poursuivant ainsi l’œuvre de l’Écossais dans ce domaine sans pour autant toucher aux mêmes sujets.

En France, les paroles des chansons anglo-saxonnes ne nous importent pas toujours. Et quand on traduit certains standards de la musique qui nous anime, il y a de quoi être très circonspect. Hogarth, lui, exprime ses opinions avec des mots simples qu’il habille de poésie. Il va s’inquiéter de ce que l’on fait subir au monde en nous rappelant que finalement, la vie sur terre tient d’une série de miracles sur "Be Hard On Yourself", il va donner ses impressions sur la pandémie sur "Reprogram The Gene" et surtout sur le plus court "Murder Machines" aux paroles superbes (« I put my arms around her/And I killerd her with love […] She put her arms around me/And she killed me ») où il va nous dire que, contaminés, nous pouvons apporter la mort à l’être aimé et que l’adultère peut provoquer quelque chose de similaire. Tout en simplicité, vous dis-je.

Il va également rendre un hommage un peu tardif à Léonard Cohen, en puisant subtilement dans l’œuvre de ce maître des mots, sur le très doux "The Crow And The Nightingale", ponctué par un solo magnifique de Rothery. Puis surtout, il y a "Cares", quinze minutes au compteur, terriblement émouvante, ponctuée par les montées en puissance que j’évoquais plus haut. Hogarth y décrit les pensées d’une personne en fin de vie, en train de perdre son combat contre le cancer, ce foutu crabe auquel nous sommes de plus en plus confrontés dans nos vies. Au début, les paroles peuvent sembler un peu confuses, mais regardez le titre de la partie : "Maintenance Drugs". Les idées ne sont pas claires et Hogarth le retranscrit avec beaucoup de pudeur et son texte évolue petit à petit, jusqu’à parler du personnel soignant sur "Angels On Earth", avec beaucoup de bienveillance.

L’expérience "With Friends From The Orchestra" a laissé des traces vu que MARILLION fait appel à un ensemble de cordes pour "The Crow And The Nightingale", ainsi qu'un groupe de chœurs pour intensifier l’aspect émotionnel de certaines compositions, à travers le Choir Noir dont Kat Marsh viendra en solo épauler Hogarth sur quelques compositions, apportant un réel plus à l’ensemble. Cela contribue à renforcer le côté émotionnel très présent sur cet album, qui se déchire donc entre la lumière et l’obscurité, sans choisir de camp, ce qui le rend terriblement humaniste. Difficile de ne pas être ému par cet album qui brasse les sentiments avec un naturel déconcertant, même si le propos musical ne bouge pas réellement et qu’il ne se montre pas étonnant.

Alors, me direz-vous, pourquoi coller la note maximale à un album qui n’apporte pas grand-chose de neuf ? Parce que, pour ma part, je suis guidé par l’émotion que me procure un disque plus que par sa technique ou ce qu’il peut apporter de neuf, sans compter que je me montre bien plus conciliant avec un groupe qui n’a plus rien à prouver depuis longtemps. Alors oui, c’est peut-être un brin surnoté, mais si c’était à refaire, je le referai sans hésiter un seul instant, pour ces larmes qui me sont montées aux yeux, pour ce plaisir pris du début à la fin, sans que je ne trouve un seul temps mort (l’instrumental "Only A Kiss" ? L’introduction idéale pour "Murder Machines" !). Je me suis laissé prendre au jeu, j’ai succombé aux mélodies et j’ai pris un pied monumental à l’écoute de cet album. Vous n’êtes pas du même avis ? Tant pis ! Les goûts et les couleurs…

P.S : la version vinyle propose en face D un remix de "Murder Machines", dans une veine un peu plus Electro qui fonctionne très bien. Sur le CD, elle apparait en ghost track après quatre minutes de silence environ.

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   DARK BEAGLE

 
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- Steve Hogarth (chant)
- Steve Rothery (guitare)
- Pete Trewavas (basse)
- Ian Mosley (batterie)
- Mark Kelly (claviers)


1. Be Hard On Yourself
- the Tear In The Big Picture
- lust For Luxury
- you Can Learn
2. Reprogram The Gene
- invincible
- trouble-free Life
- a Cure For Us ?
3. Only A Kiss
4. Murder Machines
5. The Crow And The Nightingale
6. Sierra Leone
- chance In A Million
- the White Sand
- the Diamond
- the Blue Warm Air
- more Than Treasure
7. Cares
- maintenance Drugs
- an Hour Before It's Dark
- every Cell
- angels On Earth
8. Murder Machines 12' Remix



             



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