Le problème, avec la hype… Non, prenons le problème différemment. Aujourd’hui, avec les moyens actuels, des groupes parviennent à faire le buzz de façon impressionnante. Cela devient viral, tout le monde en parle, la presse commence à s’y intéresser et de fil en aiguille, cela prend des proportions inimaginables. Un groupe devient LE truc du moment, LE machin à suivre ab-so-lu-ment. La fan base grossit, grossit, grossit, pour atteindre des proportions assez ahurissantes et si tu n’aimes pas, tu es le vieux con rabat-joie. Et c’est cette veste que j’enfile (encore) aujourd’hui concernant SPIRITBOX, dont l’album "Eternal Blue" est pressenti pour devenir disque de l’année sur beaucoup de sites spécialisés. Youpi, Nightfall fait de la résistance (et je vais encore me faire taper sur les doigts…).

SPIRITBOX, c’est la sensation du moment, un groupe qui va jouer l’année prochaine sur la Mainstage 01 du Hellfest, signé avant que l’album ne sorte. Tout de suite, ça place la barre haut. Puis il y a ces comparaisons incessantes avec JINJER qui reviennent, vu que les deux formations évoluent avec une chanteuse. Donc oui, SPIRITBOX évolue dans le Djent, style qui fait pas mal parler de lui depuis quelques temps maintenant et au niveau des influences évidentes, on peut également citer ARCHITECTS et TESSERACT, au niveau de la façon d’apporter les riffs et la rugosité. Mais pour une fois, nous allons tourner autour du pot.

La formation est née des cendres de IWRESTLEDABEARONCE, groupe dont le nom est très pénible à écrire, mais qui figure sur nos pages, vous pouvez aller vérifier. Bon, nous n’avons chroniqué qu’un album et il se trouve que les musiciens qui nous intéressent ici ne faisaient pas encore partie du groupe. En fait, à la fin, il n’y avait plus de membres originaux. Aussi, Mike Stringer (guitare) et Courtney Laplante (chant), mari et femme à la ville, ont décidé de former un groupe ensemble et ils ont patiemment composé chez eux. Une maison de disque s’est intéressée au projet et le couple s’est arrangé pour produire un EP et plusieurs singles en quatre ans, avec des clips assez chiadés vu qu’ils ont misé dessus.

Là, il n’y a pas de quoi crier au scandale, chacun fait bien comme il le veut. Seulement, ce serait mieux si SPIRITBOX dégageait une réelle personnalité plutôt que de ressembler à ce qui fonctionne actuellement. Donc sur "Eternal Blue", vous trouverez du Djent, nous sommes d’accord là-dessus, mais également quelques riffs à la GOJIRA (non signés Duplantier, donc moins définitifs et oui, ceci est un avis à l’emporte-pièce) et de grosses doses de Pop (et des touches à la EVANESCENCE également). Et pour être totalement franc, c’est dans ce domaine que le groupe a l’air le plus à son aise.

Ce n’est pas totalement innocent si le disque démarre avec un "Sun Killer" plutôt posé, qui ne demande pas de growls de la part de Courtney Laplante. La mélodie est assez efficace dans son genre, le chant est à l’unisson, mais l’aspect Metal n’est pas vraiment présent. Il y a bien une espèce de tension qui règne tout du long, mais l’explosion ne vient pas. Ils préfèrent la garder pour la suite, où elle viendra graduellement, pour être éteinte par une ballade ou un nouveau morceau plus Pop dans l’âme. La première vraie surprise réside dans un featuring de Sam Carter de ARCHITECTS sur "Yellowjacket". Jusque là, pas de quoi fouetter un chat.

Les phases les plus agressives ne sont pas les plus excitantes parce qu’elles sont assez banales. Les constructions, les auditeurs de TESSERACT les connaissent déjà, l’influence est plutôt évidente. Le growl de Courtney est maîtrisé, mais il n’est pas le plus impressionnant qui soit. Maintenant que la technique s’est répandue dans le milieu féminin, il n’y a pas qu’une source de comparaison, il y en a plusieurs et son chant se veut assez classique et évolue en mode extrême de façon assez prévisible (et les cheveux bleus ne font pas d’elle une Alissa White-Gluz bis). Elle s’avère plus intéressante en voix claire, ses connotations plus Pop (ce qui n’est pas injurieux) fonctionnent en effet mieux.

Aussi, "The Summit" et "We Live In A Strange World" fonctionnent bien mieux. Si vous remplacez la guitare par des effets électroniques, vous pourriez avoir des titres tout à fait convenables pour Miley CYRUS ou SIA (d’ailleurs, difficile de ne pas imaginer la gamine désarticulée qui danse dans les clips de cette dernière sur "Strange World"). Il est à noter que la fin de l’album se veut bien plus posée que son milieu qui, paradoxalement, devient un ventre mou quand des titres qui fonctionnaient assez bien au format single viennent se télescoper et ne faire que se répondre bêtement au sein du disque. Et oui, "Holy Roller" s'avère plaisant très bien isolé. Au cœur de "Eternal Blue", sa brutalité dérange presque.

Donc non, SPIRITBOX n’est pas original. Pas à mes oreilles en tout cas. Et il surfe un peu trop sur les styles à succès pour être entièrement honnête. Cela me rappelle un peu l’époque où le Metal Symphonique à chanteuse explosait, propulsé par les NIGHTWISH et autres WITHIN TEMPTATION. Les chanteuses étaient comparées sur leur physiques car l’homme est un crevard et sur leurs performances vocales. Puis ensuite, sur qui pompe qui. Et c’est cette dernière interrogation qui me travaille le plus avec SPIRITBOX, qui fait son taf sans couvrir ses pistes, nous ramenant vers des références bien trop évidentes et pas toujours aussi bien assimilées que cela (cf les riffs à la GOJIRA).

Voilà. La hype. Si vous aimez ce groupe, grand bien vous fasse, c’est votre droit et je ne suis pas là pour juger le plaisir que vous prenez à écouter ce disque, je suis là pour donner un avis (un brin sentencieux, je vous l’accorde) sur un album qui n’a réussi à me séduire sur ses moments les plus calmes, ce qui est plutôt foireux quand on a affaire à un groupe de Metal qui s’autorise des growls. Sans vouloir être mesquin, j’attends le second effort de SPIRITBOX. Pour entendre si je me suis trompé, bien que je craigne fort de ne pas me faire d’illusions dessus. "Eternal Blue". J’ai essayé. Je lui ai donné plus de chances qu’il n’en méritait certainement, mais il ne me convainc qu’à moitié.