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MARILLION - Holidays In Eden (1991)
Par DARK BEAGLE le 21 Février 2019          Consultée 2744 fois

Contrairement à ce que les fans de MARILLION pouvaient penser, le groupe n’était pas mort avec le départ de Fish et l’avait prouvé de manière fort jolie avec un "Seasons End" toujours perfectible, mais de haute tenue. La crainte que tout foute le camp avec l’arrivée d’Hogarth était alors infondée, même si forcément MARILLION avait changé. Avait muté. Ou plutôt mué. Le papillon n’avait peut-être pas la forme idéale, mais il était quand même sacrément beau. Avec des couleurs différentes, plus chatoyantes, qui conféraient à son vol moins fougueux un attrait indéniable. Deux ans plus tard, tout aurait pu être balayé d’un revers de main tant ce "Holidays In Eden" semblait cristalliser tout ce que les fans reprochaient au choix d’Hogarth.

Il se trouve que "Holidays In Eden" est un album relativement calibré pour du MARILLION. Aucun morceau ne cherche à dépasser les sept minutes et les constructions sont relativement simples. Le groupe laisse les mélodies courir, on devine de nouvelles influences, bien éloignées de GENESIS, puisque l’on sent que U2 n’a pas laissé les musiciens indifférents (ou peut-être son succès, si l’on veut être un peu médisant). Aux premiers abords, tout cela n’est guère passionnant, une accumulation de chansons gentiment Rock et des ballades, portées par la voix mélodieuse de H, mais pas de quoi sauter au plafond.

Mais bien souvent, le diable se cache dans les détails. Et "Holidays In Eden" en fourmille. Passé la première écoute où tout semble formaté, la seconde commence déjà à nous révéler plusieurs petits choses, avant que les subtilités ne finissent par exploser de partout. Déjà, il y a ce mariage entre les claviers de Mark Kelly et la guitare de Steve Rothery qui offrent des mélodies gracieuses et toutes en nuances sur la majorité des morceaux ("The Party", "Holidays In Eden" et ce solo sur "100 Nights" !). Ensuite, il y a cette section rythmique qui ne se contente pas du minimum syndical. Elle offre toujours des possibilités de rebondissements au duo précédent, elle apporte ce qu’il faut de groove pour que les morceaux ne soient pas ternes. Et il y a la présence de H.

Ce dernier évolue ici sur des chansons qui ont été entièrement pensées pour sa voix et cela s’entend parfaitement. Il y a moins d’agressivité, elle se fait plus diffuse, les structures sont un peu plus « Pop » si on veut vulgariser un peu la chose, l’aspect Progressif est vraiment très en retrait, tout juste s’il se voit sur les titres les plus longs de l’album ("Splintering Heart", "100 Nights"). Et forcément, si l’on écoute avant tout MARILLION pour cela, la déception est tout à fait compréhensible. Mais il ne faut pas reléguer ce "Holidays In Eden" trop vite aux oubliettes parce que ces fameux détails font tout son piquant et embellissent des morceaux qui auraient pu être franchement anecdotiques. À ce titre, "The Party" est une véritable réussite, véritable canevas musical qui accroche l’oreille, ponctué par un refrain plutôt bien mené.

On peut également citer "This Down", qui bouge plus. Morceau souvent mésestimé, il se rapproche pourtant d’un "Hooks In You" dans l’envie et la manière. Et comme par hasard, il se retrouve lui aussi à la huitième position… Mais les véritables perles résident dans l’ouverture, ce "Splintering Heart" remarquable, dont la douceur s’avère ici bien plus enivrante qu’ennuyeuse, ainsi que "Dry Land", bien mené par le groupe qui brille dans la simplicité. Le single "Cover My Eyes" est également un bon titre, mais qui se veut étrangement plus inoffensif. Et c’est souvent là que l’on peut prendre à défaut MARILLION : cette espèce de facilité qui ne leur ressemble pas vraiment, ces petits morceaux très accessibles, que l’on trouvait déjà dans l’ère Fish, mais sans que le groupe ne parvienne ici à les sublimer.

Aussi, "Holidays In Eden" risque fort d’être à jamais considéré comme une collection de « Pop songs », avec ses patterns sages mais efficaces, ses mélodies insistantes, ses refrains enlevés et cette quasi absence d’agressivité. Mais cela reste toutefois faire un mauvais procès à un groupe qui essaye de s’adapter à son époque avec deux ans de retard. Nous sommes en effet en 1991 et il délivre des saveurs que l’on raccorderait plus facilement avec les années 80, une certaine facilité, pas si éloignée que cela d’un Arena Rock soft, mais maîtrisé de bout en bout malgré tout. Et c’est aussi cela qui rend ce disque plus dispensable que "Seasons End" ou "Brave", ce côté passe-partout au final, qui pourrait aussi bien plaire à vos parents qu’à des personnes qui ont le Hard Rock et le Prog en horreur.

"Holidays In Eden" n’est pas un mauvais disque en soi. Il est juste le genre d’album que l’on attend pas de la part de MARILLION, qu’on préfère embrassant les rivages du Prog, ce qu’il ne fait quasiment pas ici alors qu’il y aurait eu des ouvertures pour le faire. Mais cet opus permet de mettre en valeur la voix de H, de montrer de quoi il est capable sur une musique pensée entièrement pour lui, sans vestiges de choses qu’aurait pu interpréter Fish. Aussi, conspuer "Holidays In Eden", l'ignorer, revient au final de se priver d’un disque qui accomplit parfaitement son office : celui de nous faire passer du bon temps. Certes, c’est certainement insuffisant quand on parle de MARILLION, mais à défaut de grives, on mange des merles et surtout, on patiente gentiment jusqu’à "Brave", qui sera d’un tout autre tonneau.

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   DARK BEAGLE

 
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- Steve Hogarth (chant)
- Steve Rothery (guitare)
- Peter Trewavas (basse)
- Ian Mosley (batterie)
- Mark Kelly (claviers)


1. Splintering Heart
2. Cover My Eyes (pain And Heaven)
3. The Party
4. No One Can
5. Holidays In Eden
6. Dry Land
7. Waiting To Happen
8. This Town
9. The Rakes Progress
10. 100 Nights



             



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