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NEO PROGRESSIF  |  LIVE

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MARILLION - Real To Reel (1984)
Par JEFF KANJI le 13 Octobre 2018          Consultée 2065 fois

Quarante-cinq shows ! Et sans compter les dates annulées pour cause de défaillances de batteur, voilà à quoi va ressembler le marathon scénique de "Fugazi", pendant lequel MARILLION va pour la première fois visiter plus intensément l'Allemagne de l'Ouest mais aussi faire ses premières dates en France, en Hollande, et en Amérique du Nord. On assiste en direct à la montée en puissance d'un groupe qui va sur "Real To Reel" dévoiler toute sa maîtrise et sa progression, qu'un line-up soudé par le live fait accéder à une autre dimension. Et ce sera encore plus flagrant après la sortie de "Real To Reel", le groupe reprenant les routes pour le défendre, et des enregistrements de cette tournée existant, l'un des sets de l'Hammersmith Odeon (qui est devenu la seconde maison des Britanniques) étant incluse au coffret "Early Stages" à sa parution bien des années plus tard.

MARILLION sort avec "Script For A Jester's Tear" et "Fugazi" d'une période pendant laquelle il a manifesté son enracinement dans les seventies et travaillé à digérer ses influences et affiner son écriture. Quand il part enfin en tournée avec Ian Mosley, la setlist compte une majorité de titres progressifs fatalement, "Incubus" (l'une des compositions préférées de Fish), "Jigsaw" et "Fugazi" rejoignant les "Script For A Jester's Tear" et autres "Forgotten Sons". Néanmoins MARILLION travaille à capter durablement son public avec de l'immédiat, puisque c'est l'enchaînement "Assassing" (le single qui accompagnera la tournée du groupe), "Punch And Judy" et "He Knows You Know", tous sortis en 45-Tours et Maxi, qui ouvre les concerts anglais.

Toutefois "Real To Reel", plutôt que de proposer un show intégral (ce que "Recital Of The Script" n'avait déjà pas fait l'année précédente), va préférer présenter une sélection de titres qui retranscrit l'ambiance qui règne aux concerts de MARILLION à ce moment-là. Son auditoire est des plus fervents et n'a pas encore attiré les curieux de tout poil, comme ce sera le cas avec l'album suivant, bien aidé par un impact médiatique important. Ainsi, c'est ramassé sur un seul disque qu'il nous faudra profiter du MARILLION live de l'époque, EMI ne s'étant sans doute pas senti de sortir le double-Live, étape importante dans la carrière de n'importe quel groupe de Rock depuis plus de dix ans.

C'est un condensé de plusieurs concerts, mais préservant le feeling et l'atmosphère installée par Fish, qui s'exprime assez largement entre les titres pour évoquer des anecdotes relatives aux paroles, comme c'est le cas avant "Incubus" qui évoque le fait de se masturber devant la photo d'une ex… Et oui, le chanteur a une vie personnelle des plus tumultueuses, faite de trips sous acide, de beuh à tire-larigot et de conquêtes féminines qu'il n'arrive pas à contrôler, entraînant ruptures et rabibochages constants avec sa chère Kay Lee, qui l'inspirera bientôt bien au-delà de ce qu'il aurait pu penser.

"Real To Reel" permet à la dimension plus directe entrevue sur "Fugazi" de se concrétiser, et l'énergie du live profite indéniablement à certains titres comme "Assassing", dont la longue intro fait sens en ouverture de concert, ou "Market Square Heroes" qui prend sa pleine dimension dans ce contexte. Mais c'est également le cas de "Garden Party" qui récupère tout son côté festif et sarcastique dans cet exercice, le public reprenant avec délectation et enthousiasme le célèbre "I'm FUCKING" censuré sur la version single. Il en est d'ailleurs de même pour "Market Square Heroes" et son "Antichrist", vous l'aviez d'ores et déjà compris.

Je vais tenter de faire le ménage pour vous dans toutes les éditions existantes de ce "Real To Reel". Car à l'origine, il comportait une face A constituée de "Assassing", "Incubus" et "Cinderella Search" captée sur les deux dates montréalaises, et une face B enregistrée à Leicester trois mois plus tôt, constituée de "Forgotten Sons", "Garden Party" et "Market Square Heroes". Soit une face consacrée à "Fugazi" et l'autre à "Script For A Jester's Tear". Seulement ça c'était pour l'édition vinyle… Comme me l'avait justement fait remarquer mon ami Long John Silver qui a beaucoup suivi le groupe à l'époque, l'édition cassette et le tout nouveau support CD comportaient un bonus track qui venait logiquement boucler l'équivalent de la face A du vinyle ; "Emerald Lies".
On notera la manière qu'a MARILLION de rendre hommage à ses décisions antérieures, car au moment de sortir "Assassing" en single, ils se sont posés la question de savoir si "Emerald Lies" aurait dû passer en face B, sort réservé au final à "Cinderella Search". Le Live enchaîne les deux, proposant ainsi sur chaque face un titre exclusif à cet enregistrement longue-durée, "Market Square Heroes" n'étant parue qu'en EP deux ans plus tôt, et en face B de "Punch And Judy". La réédition de 1997 a adjoint à "Real To Reel" l'EP "Brief Encounter" et la fameuse bonus track "Emerald Lies" qui dès lors est devenue l'édition de référence, que je ne conseille au final pas. Mieux vaut si vous le pouvez mettre la main sur l'édition d'origine.

Mais il faut ajouter à cela la ressortie en 2005 qui ajoute "Charting The Single" et "Margaret".
On pourrait penser au premier abord que c'est une aubaine, ces deux titres non plus ne figurant sur aucun album… Sauf que "Charting The Single" est extraite du concert de l'Hammersmith en 1983, et coupée au montage vidéo de "Recital Of The Script" (et donc depuis disponible sur la version double CD de ce Live, sortie en 2009). "Margaret" partait aussi d'une bonne intention, et son intérêt réside bien évidemment dans le fait qu'elle s'inspire de chansons Folk écossaises et qu'elle est interprétée à Édimbourg, fief de Fish, avec une ambiance unique, le public reprenant les mélodies à gorge déployée. Mais devant un désir louable d'inclure deux inédits, on perd la continuité du concert. En effet, sur le "Real To Reel" original, le final de concert s'effectue au cours du pétaradant et joyeux "Market Square Heroes", comme le groupe en avait alors l'habitude, chose qu'il ne faisait pas quand il faisait sa présentation sur "Margaret". Ainsi, le plus surprenant et dérangeant et d'avoir une première présentation introduisant Ian Mosley ("Market Square Heroes") et une seconde annonçant Michael Pointer ("Margaret"). Si l'on tend l'oreille on reconnaîtra la différence de jeu entre les deux batteurs, mais honnêtement, ce n'est pas sur ces titres qu'il est mis en difficulté, les performances considérées comme catastrophiques du fondateur de MARILLION étant à relativiser.

En revanche ce qu'on appréciera, c'est la précision incroyable de la rythmique Mosley/Trewavas, tant dans la puissance que la nuance ; conjuguée à l'expressivité monumentale de Fish, cette cohérence fait de "Forgotten Sons" le titre le plus réussi de "Real To Reel", pas loin devant "Cinderella Search" à la finesse rarement signalée. On remarque alors que MARILLION avait une sacrée inspiration à l'époque, car cette chanson pour les romantiques (dixit Fish) est largement au niveau des meilleurs titres de "Fugazi". Je l'ai déjà dit, l'ambiance est reine sur ce Live, ce qui permet de digérer plus facilement sa courte durée et l'absence de chefs d'œuvre comme "Jigsaw" par exemple. D'autant que pour les mordus comme moi de la période Fish, le Graal s'appelle "Early Stages".

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   JEFF KANJI

 
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- Fish (chant)
- Steve Rothery (guitare)
- Mark Kelly (claviers)
- Pete Trewavas (basse, chœurs)
- Ian Mosley (batterie)


- Édition Cd Originale
1. Assassing
2. Incubus
3. Cinderella Search
4. Emerald Lies
5. Forgotten Sons
6. Garden Party
7. Market Square Heroes



             



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