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HARD ROCK  |  STUDIO

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VAN HALEN - Van Halen (1978)
Par DARK BEAGLE le 14 Octobre 2020          Consultée 8688 fois

Certains albums doivent être replacés dans le contexte de l’époque à laquelle ils sont sortis, sous peine de ne pas comprendre pourquoi ils ont eu une telle importance. C’est le cas de ce premier album de VAN HALEN qui, écouté aujourd’hui, est un disque sympa qui vieillit plutôt bien, merci pour lui. C’est énergique, fougueux même, mais en 2020, est-ce vraiment étonnant ? Non, certainement pas. Mais ceux qui étaient là en ce début d’année 1978 doivent encore avoir les yeux qui brillent quand on évoque le premier effort du groupe. Ou quand un petit combo de Pasadena, Californie, allait changer la face du Hard Rock.

Il faut bien se rendre compte qu’à la fin des années 70, entre 77 (l’avènement du Punk qui, mine de rien, avait quand même changé pas mal de choses) et 1980, ceux que l’on nommait déjà les dinosaures du Hard Rock connaissaient pour la plupart une période de flottement. En Europe, DEEP PURPLE avait déjà rendu les armes après "Come Taste The Band", BLACK SABBATH perdait son public dans les expérimentations et LED ZEPPELIN entrait dans sa période la plus sombre. Aux USA, BLUE ÖYSTER CULT, AEROSMITH, ALICE COOPER, KISS ou encore KANSAS entraient dans une phase de déclin plus ou moins prononcé après avoir tutoyé les sommets. Le constat était simple, mais terrible : le Hard Rock n’avait plus rien d’excitant et les groupes qui émergeaient, qui parvenaient à tirer leur épingle du jeu proposaient quelque chose de différent, plus brut de décoffrage, plus violent.

Et subitement, VAN HALEN allait à nouveau rendre la guitare excitante.

C’est ça le véritable point pivot. Parce qu’au final – et c’est ça qui donne du piment à l’ensemble – les influences des gars de VAN HALEN ne sont pas franchement différentes de celles des musiciens des groupes qui les ont précédés. Mais un petit peu de chance, du talent et de la persévérance font que VAN HALEN a su saisir les bonnes opportunités. La chance a ici la tronche de Gene Simmons. Ouais, je sais, ce n’est pas forcément à lui que l’on pense quand on évoque Dame Fortune, mais c’est lui qui, assistant à un show de la formation, va les aider à enregistrer une première démo. Puis de fil en aiguille, à force de donner des prestations dantesques au Whisky A Go Go, les musiciens vont finir par signer un contrat pro non pas chez Casablanca, mais directement chez Warner, excusez du peu.

Et pour ne rien gâcher, Ted Templeman va les prendre sous son aile. Pour beaucoup, ce non est indissociable des premiers albums de VAN HALEN, mais il a également produit le premier opus de MONTROSE, groupe dont le guitariste était en avance sur son temps et aura raté le coche de la gloire. Et Templeman va faire jouer les musiciens en live pour capter toute sa puissance, quitte à rajouter quelques overdubs par-ci par-là histoire de booster l’ensemble et en aucun cas arrondir les angles. Vous voyez la pochette ? Elle représente assez bien ce qu’est ce disque, son ambiance électrique unique, ainsi que sa moiteur, sa chaleur étouffante ainsi qu’une bonne dose de bonne humeur.

Dès "Runnin’ With The Devil", nous sentons que ce groupe a quelque chose de différent. Pourtant, le titre est assez lent, mené par un chanteur qui a de la gueule. David Lee Roth n’est pas forcément un grand vocaliste, mais il a une présence, un charisme monstrueux et sur ce disque, il livre une prestation XXL, d’une sexualité débridée. Des chœurs l’encadrent, plutôt bien foutus, loin de ce que produisent QUEEN ou URIAH HEEP, l’idée n’est pas d’aller vers le grandiose, mais de renforcer certains passages et d’aller droit au but. Mais c’est surtout le solo qui attire l’oreille : court, rapide, vertigineux. Et sur "Eruption", nous avons la confirmation de l’avènement d’un talent de la guitare : Eddie Van Halen.

Vous connaissez certainement l’histoire qui tourne autour de cet instrumental ? Eddie avait l’habitude de le jouer en studio pour s’échauffer les doigts avant d’attaquer les morceaux, avec cette technique de tapping qu’il n’a en aucun cas inventé, mais qu’il a contribué à populariser. Templeman, abasourdi, aurait alors insisté pour que ce solo de près de deux minutes termine sur l’album, contribuant à forger la légende de VAN HALEN. Quoiqu’il en soit, "Eruption" fait toujours son petit effet et quand il le jouait sur scène, le guitariste d’origine batave tournait le dos au public pour que personne ne voit sa technique.

Ah ! La technique ! Un mot qui n’est pas toujours le bienvenu quand elle s’impose au détriment du feeling. Et de la technique, les musiciens en ont. Alex Van Halen, le frère aîné d’Eddie, possède un jeu de batterie très efficace, aussi à l’aise sur des tempi lents que sur des passages plus enlevés. Associé à Michael Anthony, il forme une section rythmique redoutable. Ça groove plutôt bien, que le groupe se montre résolument Rock ou qu’il lorgne plus vers le Blues. Ajoutez à cela un guitariste qui s’amuse comme un fou et qui transmet cette folie dans la musique développée sur disque ("Atomic Punk") et forcément, vous obtenez une formule électrique.

Et sur ce premier essai, VAN HALEN tape juste systématiquement. "You Really Got Me" des KINKS ? Le groupe en fait son affaire, s’appropriant entièrement ce morceau avec toutes ces petites interventions d’Eddie tout du long qui viennent lui donner du mordant. C’est fiévreux à souhait, c’est galvanisant. Et les perles s’enchaînent, les unes après les autres, avec une facilité plus que déconcertante. Le disque est très ramassé, un peu plus d’une demi-heure, mais il n’y a absolument pas de superflu. Les fulgurances d’Eddie laissent littéralement sur le cul, personne ne jouait comme lui à ce moment et il se montre parfaitement à l’aise quel que soit le registre approché.

Il est difficile de passer à côté "Ain’t Talkin’ ‘Bout Love", monstrueuse d’efficacité, explosive à souhait, avec un David Lee Roth impérial. "Atomic Punk" laisse encore éclater toute la technique d’Eddie qui n’en oublie pas ce foutu feeling, "On Fire" offre une vision plus Heavy de VAN HALEN, abrasive à souhait quand "Little Dreamer" dévoile une toute autre facette du groupe, plus mélodique et intimiste – même si le terme n’est pas forcément celui qui est le plus à même de décrire cette impression de douceur qui s’en dégage. Eddie et son frère ont des goûts assez classiques, ils ont écouté beaucoup de vieux Rock, du Blues et leur musique n’est que leur interprétation de leurs influences : digérées et magnifiées.

D’ailleurs une seconde reprise s’est invitée sur ce disque. Il s’agit de "Ice Cream Man", un Blues de John Brim - pour une fois ce pauvre Willie Dixon n'est pas pillé ! - qui voit le combo alterner entre la guitare acoustique et l’électrique. Mais là, pour le coup, c’est David Lee Roth qui s’illustre, son chant gagnant en profondeur, à la fois respectueux mais salement pervers. Dans sa bouche, les paroles prennent forcément leur sens le plus salace et les sous-entendus ne manquent pas ! Ce morceau est souvent décrit comme étant le maillon faible du disque, mais il n’est pourtant pas à négliger, loin de là. Et des mauvais titres ? Il n’y en a pas ici, tout juste si "Feel Your Love Tonight" est un peu plus quelconque après que le groupe nous ait atomisé la tête avec les morceaux qui le précèdent.

Bien sûr, je vous ai raconté tout cela comme si je découvrais l’album en 1978, un an avant ma naissance. Mais il n’est pas difficile de se plonger dans le passé et de replacer ce disque dans son contexte. De gratter un peu dans ce qui se passait autour à ce moment dans le petit monde du Hard Rock pour arriver à des conclusions assez simples. Si j’avais dû vous en parler quand je l’ai découvert au début des années 90, j’aurais été un peu moins enthousiaste - ce besoin de sensations fortes. À vingt piges, j’aurais eu les yeux qui brillent en l’évoquant. Ce premier essai de VAN HALEN est un coup de maître et ils ne retrouveront jamais la candeur qui le caractérise et qui fait énormément pour son charme. Ils ne referont jamais aussi bien, mais le pouvaient-ils seulement ? La messe est dite et Eddie allait faire de nombreux émules, qui allaient penser la guitare autrement et faire progresser tout un genre vers quelque chose de plus large, plus festif, plus intuitif même. Un peu plus de dix ans après "Are You Experienced?", Eddie Van Halen devenait à son tour une référence pour de nombreux jeunes qui porteront son héritage, aujourd’hui plus que jamais.

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   (6 chroniques)



- David Lee Roth (chant)
- Eddie Van Halen (guitare)
- Michael Anthony (basse)
- Alex Van Halen (batterie)


1. Runnin' With The Devil
2. Eruption
3. You Really Got Me
4. Ain't Talkin' 'bout Love
5. I'm The One
6. Jamie's Cryin'
7. Atomic Punk
8. Feel Your Love Tonight
9. Little Dreamer
10. Ice Cream Man
11. On Fire



             



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