Pour beaucoup, ce premier essai accoucha des premières idées qui doucement germaient dans la tête de Protector et de Silenius. Si ce dernier en avait déjà pas mal sous le pied avec ABIGOR (notamment avec son jeu vocal infernal qui m’a toujours sacrément scotché dans les 90s), il combinait pourtant déjà avec Protector pas mal d’accroches expérimentales aux claviers au sein de DIE VERBANNTEN KINDER EVAS, mais aussi, notamment, parmi le groupe PAZUZU, sous la houlette de Raymons Wells, qui décrochera plus de notoriété quelques années plus tard avec RAVENTHRONE, et particulièrement avec un bel album, "Malice In Wonderland" (qui sera chroniqué un de ces quatre).

Ce "Lugburz", s’il conserve encore un peu d’amateurisme, instille déjà une nouvelle voie : celle du mystère, d’une trame sonore épique et atmosphérique à la fois, tout en s’écartant déjà du Black Metal traditionnel de l’époque. Trifixion, à la batterie, fait encore partie de l’équipée et martèle tranquillement chaque titre en collant aux rythmes des guitares. La batterie programmée fera sens sur l’album suivant avec son départ, le développement de l’univers épique, des effets sonores et des nappes atmosphériques médiévales et fantasy, ainsi que l’éloignement souhaité par le duo avec un Black Metal peu singulier.

Déjà pourtant, le substrat de "Lugburz" s’avère fécond et comporte, notamment sur certains titres, les lignes des guitares, très typées dans les albums suivants, avec leurs sonorités amalgamées et paraissant hypnotiques. Je pense notamment aux titres "Flight Of The Nazgul", "Rising With The Battle-Orcs". Les motifs symphoniques vont aussi s’avérer être ce qui sera le plus marquant sur ce premier album. Il est certain que l’introduction, que l’on pourrait gentiment qualifier de "Dungeon-Synth" pour adouber ce style qui n’avait ni de nom ni d’existence à l’époque, a marqué tous les esprits de ceux qui l’ont entendu. Le passage atmo-épique aux claviers à la deuxième minute du titre "Flight Of The Nazgul" aura eu aussi un très bel impact dans les esprits.

Pour le reste, même si une certaine forme d’originalité reste de mise, les titres ont peu de temps forts. Passé les trois premiers titres, l’album s’essouffle au fur et à mesure. Il était donc temps pour les Autrichiens de renverser la vapeur et, gorgés de nouvelles idées, ces derniers allaient nous concocter une décennie fantastique dont le premier sacre débutera quelques mois seulement plus tard avec la sortie de "Minas Morgul".

Note réelle : 2,5/5