Deux ans après le très décevant "The Anti-Mother" qui m'avait dégoûté du groupe, NORMA JEAN revient avec "Meridional" un album en apparence assez similaire, mais qui après une inspection minutieuse se révèle être bien meilleur. En fait cet album aurait pu être excellent s'il ne contenait pas de références au précédent, le nouveau label du groupe a voulu jouer la sécurité en gardant le coté pop et en le promouvant. C'est d'ailleurs le premier morceau "Leaderless And Self Enlisted" qui a été choisi comme single, alors qu'il n'est vraiment très moyen et ressemble vraiment à ce que faisait NJ sur "The Anti-Mother".

"Meridional" étant plutôt intéressant mais souffrant d'une certaine inhomogénéité, il me semble important de détailler les pistes pour mieux le défendre, tant le gueux côtoie le noble. On se rend compte d'ailleurs que il n'y a pas tant à jeter, cependant il suffit parfois de quelque passages et quelque morceaux pour gâter un disque entier. Je tiens donc à faire un tri exhaustif des pistes, puisque c'est ainsi que je l'écoute maintenant et que cela en fait un bon album aux influences variées.

"Leaderless And Self Enlisted" fait partie des pistes à jeter, pour les raisons susmentionnées, cette piste n'est vraiment pas intéressante et pue la démarche commerciale sur le refrain, une bien mauvaise façon d'entamer le disque. Mais rassurez-vous "The Anthem Of The Angry Brides" vient remettre les pendules à l'heure avec un morceau digne des bons vieux NJ qui arrachent, ce n'est peut-être pas original, mais en soit ça reste excellent. La troisième piste m'a réconcilié avec le chant clair de Corey Brandan, sur "Deathbed Atheist" il réussit à ne pas tomber dans la niaiserie pop, comment est-ce possible ? Il s'était systématiquement vautré sur "The Anti-Mother". Alors tenez-vous bien, ce morceau est extrêmement influencé par TOOL et A PERFECT CIRCLE, et c'est bien fait, le mélange au Hardcore de NJ est convaincant. Corey Brandan a des échos de Maynard James Keenan ce qui l'empêche de miauler comme un chanteur de pop et c'est tant mieux, on tient là un très bon morceau. NORMA JEAN disait sortir un album un peu plus roots, ce n'est pas le cas néanmoins certains morceaux, "Bastardizer" le premier, reprennent complètement le style des débuts, c'est efficace et pas mal du tout. La seconde grosse influence que l'on entend sur "Meridional" c'est celle du Post-Grunge, alors oui c'est un peu moins glorieux, mais ça fonctionne, "A Media Friendly Turn for the Worse" est une piste bâtarde entre du NORMA JEAN et du THREE DAYS GRACE. Ce n'est pas trop sucré contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, ça se laisse écouter sans faire grincer des dents. On arrive au sixième morceau, "Septentrional", qui est en fait une transition mêlant chant d'alouette, bruit vagues s'écrasant sur la plage et chœurs légers, c'est calme et sympathique. Cette piste nous remplit d'attentes quant au morceau suivant, elle semble annonciatrice d'une tuerie, tant on croit écouter le calme avant la tempête.

Je réclame une minute de silence pour ladite tempête "Blood Burner" qui est en fait la piste bien moisie de l'album. *Une minute plus tard* Ce morceau est lourdingue au possible, pas inspiré du tout, il ne contient aucune mélodie potable et chaque note est appuyée par la batterie de la manière la moins subtile qui soit, c'est vraiment atroce.

Oublions cet épisode malheureux et reprenons, "High Noise Low Output" est une autre piste marquée par le Post-Grunge et encore une fois je trouve que ça rend bien, NJ joue avec le feu et s'en sort sans brûlure, je suis bluffé. Le neuvième morceau ("Falling from the Sky: Day Seven") me partage, autant je trouve le riff monstrueux et le refrain excellent, autant je trouve les couplets ennuyeux, notamment le passage où Corey chante "daaaay one huuundeeereeed" et qui m'insupporte, c'est donc une piste en demi-teinte dont les bons éléments restent en tête et qui vaut le coup ne serait-ce que pour cette raison. Enfin on arrive à "Everlasting Tapeworm", un des morceaux les plus solides de l'album sur lequel des mélodies tristes répondent à des mélodies torturées, jusqu'à un break neo/indus salvateur, on navigue ici dans un style NJ pur jus, sans pour autant pouvoir dire que ce morceau devrait appartenir à un album précédent. "Occidental" comme vous l'aurez compris est une seconde transition, si l'alouette est toujours présente NJ nous sert cette fois des mélodies dissonantes et oppressantes au piano. Ceci n'est pas du tout en lien avec la suite.

Avec "The People That Surround You On A Regular Basis" NJ propose une piste définitivement pop, assez moyenne, disons qu'il est possible de se prendre au jeu, mais ce n'est pas à la hauteur du reste. Le dernier morceau, "Innocent Bystanders United", long de près de huit minutes, est la seconde ou l'on perçoit de nettes influences de TOOL. Cette piste est la synthèse de l'album, le Post-Grunge y fait aussi quelques apparitions, à travers elle on comprend que NJ a bien digéré et s'est approprié ces différents genres sans en abuser et ne s'est pas départi de son caractère propre contrairement à ce qui s'était passé sur "The Anti-Mother". De plus le coté TOOLien fait vraiment sens, entre le chaos du Hardcore de NJ et les atmosphères torturées de TOOL, il n'y avait qu'un pas, NJ l'a franchi aisément.

Ma démonstration est certes un peu longue, mais elle a le mérite d'expliquer dans le détail ce que fait NORMA JEAN sur cet album, ils se sont tellement éparpillés entre le bon digne de "Redeemer", le mauvais hérité de "The Anti-Mother", les divers nouvelles influences, l'original, l'ordinaire, que ce n'est pas facile de faire des généralités. La conclusion à en tirer c'est que sans vraiment changer de style NJ s'améliore par rapport à "The Anti-Mother", disons qu'en éliminant les pistes 1 et 7, en n'écoutant la 9 et la 12 qu'à petite dose, j'obtiens un disque vraiment très plaisant malgré son incohérence.