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WORLD METAL  |  STUDIO

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2007 2 Elect The Dead
2010 Imperfect Harmonies
2012 1 Harakiri

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2021 Elasticity
2022 Perplex Cities

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2010 Elect The Dead Symphony
 

- Membre : System Of A Down

Serj TANKIAN - Harakiri (2012)
Par KOL le 10 Mars 2024          Consultée 599 fois

Qu’il est difficile d’assister à une longue, lente, mais inéluctable déchéance d’un artiste que l’on a tant aimé. Pour tout vous dire, "Toxicity" de SYSTEM OF A DOWN figure dans mon Top 10 all-time. Ah, Serj Tankian, la barbichette la plus fameuse du monde du Metal, il nous en a donné du plaisir, le petit gredin. Et pas qu’une fois ! Au sein de SOAD évidemment, qui bouscula les codes à l’aube du siècle nouveau, apportant fraîcheur et dévastation conjointement dans un déséquilibre paradoxalement parfaitement maîtrisé. Dans une moindre mesure, ses deux premiers essais post-hiatus ("Elect The Dead" avant-tout, "Imperfect Harmonies" plus accessoirement) avaient su ponctuellement toucher nos cordes sensibles avec ce chant habité, orientalisé à l’occasion, qui venait apporter une profonde singularité à des compositions intrinsèquement plus conventionnelles. Alors, on lui file un totem d’immunité pour l’ensemble de son œuvre, et tout le monde se dit que c’est bien mérité, et paf, roule ma poule !

C’était sans compter sur le Schtroumpf grognon qui sommeille en la personne de votre humble serviteur, loin de se montrer aussi enthousiaste que ses estimés collègues au moment de juger ce "Harakiri" bien bancal. La pente est descendante depuis quelque temps déjà, mais le point de non-retour est ici atteint. Ce troisième opus de "sa vie d’après" sonne comme la fin des espoirs, le pire n’étant malheureusement pas encore atteint (cela sera pour 2022 et un "Perplex City" absolument étronesque). Visiblement plus intéressé le moins du monde par le mouvement Metal, Serj s’escrime à nous en servir, alors même que nous n’avions rien demandé.

Au lieu d’enfoncer le clou et de tirer sa révérence en nous montrant le majeur, l’artiste tente ici un grand écart audacieux que même l’ami Jean-Claude Van Damme n’aurait pas osé. Renouant avec des sonorités réconfortantes pour notre joyeuse communauté, le chanteur n’en démord pas moins de ses velléités World Music dans un assemblage plus que douteux. Si conceptuellement, cela peut fonctionner, force est ici de constater que l’exécution est, pour rester poli, foirée. Le parallèle avec les livraisons, certes parcimonieuses, de son ancien comparse Daron avec SCARS ON BROADWAY, est sans appel. Victoire par KO pour le petit dictateur guitariste, qui est parti avec l’âme du groupe sous le bras, quand bien même lui aussi se tiendrait à une certaine distance de la production de l’association de ces deux talents.

Plus problématique encore, la voix de l’ami Serj commence à donner des signes de fébrilité, s’avérant de plus en plus nasillarde lorsqu’il monte dans les aigus. Théâtrale, celle-ci l’a toujours été, et c’est plus que jamais le cas. Mais il n’y a ici pas de contrepoids, de chœurs, de variété, de colère – contenue ou non - pour venir harmoniser ou rendre cohérentes les envolées lyriques du bonhomme. Elle est livrée nue, à cru, sans effets, ce qui la rend d’autant plus pénible sur la longueur du disque. Le title-track est un bel exemple de bouse servie sur le plateau labellisé "Harakiri" : très pauvre dans sa conception (le changement de tonalité sur le refrain final étant la seule « idée » - déjà entendue mille fois - de la chanson) et surtout insupportable dans son exécution, Serj parvenant à nous faire saigner les oreilles pour la première fois.

Et puis, où sont passées folie et revendications déclamées au rythme d’un TGV ? Si l’on ajoute à cela une production bien sommaire, froide, sans épaisseur ni chaleur, l’écoute devient assez rapidement désagréable. L’ensemble sent le truc bricolé à la va-vite dans son garage, tellement Serj n’a besoin de personne, artiste complet qu’il est. Ego, quand tu nous tiens…

Il y a toutefois ici et là quelques chansons pour démontrer que le talent n’est pas parti à tout jamais ("Ching Chime", "Occupied Tears"), mais l’ensemble se révèle profondément poussif et les délires paraissent forcés, tirés par les cheveux (et Dieu sait que Serj n’en a plus beaucoup) que l’on ne peut adhérer, comme si lui-même n’y croyait plus véritablement. Le savoir-faire reste par instants présent, mais le cœur n’y est visiblement plus. "Harakiri" est rétrospectivement le manifeste de la fin d’un cycle. Que Serj se consacre à faire la musique qu’il souhaite au fond de lui ("Deafening Silence", titre le plus éloigné de l’univers SOAD est peut-être celui sur lequel il sonne le plus sincère) plutôt que de nous servir la soupe, ça sera sans doute mieux pour tout le monde.

Amen. J’éviterai la vanne conclusive sur le terme Harakiri. Je pense que vous l’avez tous et toutes déjà bien en tête.

Note réelle : 1,5/5, arrondi à deux grâce au totem d’immunité.

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Globalement excellent !


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   (2 chroniques)



- Serj Tankian (chant)
- Dan Monti (guitare)
- Mario Pagliarulo (basse)
- Troy Zeigler (batterie)


1. Cornutopia
2. Figure It Out
3. Ching Chime
4. Butterfly
5. Harakiri
6. Occupied Tears
7. Deafening Silence
8. Forget Me Knot
9. Reality Tv
10. Uneducated Democracy
11. Weave On



             



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