Mon truc à moi c'est le Black Metal. Le Black j'adore ça, c'est bien simple rien ne m'atteint autant qu'un bon album de Black Metal, quelle que soit son orientation ou sa tendance (du bestial bourrin au trve evil en passant par le doomy proto blablabla...). Et c'est assez marrant, quand vous êtes aussi attachés à un genre musical, de remarquer que rien ne vous offusque plus qu'un mauvais album de ce style. Absolument rien ! Oui je préfère encore écouter la cassette "Best-Of Reggae" que ma sœur m'avait offerte à l'époque, croyant me faire plaisir, ou même la dernière arnaque Goregrind chroniquée par Darkmorue (no offense dude) qu'un mauvais album de Black Metal. Allez comprendre, mais je le prends très personnellement et jamais je ne parviens à rester indifférent face à l'insulte que représente un album de Black Metal raté. Fort heureusement pour moi je sais me tenir à l'écart de ces innombrables projets Black poisseux/pourris dont regorge internet et qui sont impossibles à différencier entre eux.

Non monsieur, car moi je suis plus malin, je m'en tiens à l'underground des années 90, l'âge d'or, la période bénie où des grands groupes comme NIFELHEIM, NECROMANTIA ou encore DAWNFALL voyaient leurs premiers albums se transformer instantanément en classique du genre.

Sauf qu'en fait, je vous ai fait une blague, parce que le premier album de DAWNFALL, ben c'est typiquement le genre d'album qui m'offense au plus haut point, me fait lever le poing vers le ciel et crier "pourquoi ?!" Car le mal nommé "Dominance Of Darkness" est un album affligeant, qui en 1994, devançait ABSURD dans la course folle pour le titre de champion de la médiocrité allemande. Enregistré en juin 93 et sorti un an plus tard sur le label scatophile "Nazgul's Eyrie Productions" (responsable à ses débuts de nombreux affronts au genre, comme les premiers COUNTESS par exemple) à un nombre limité de 500 exemplaires (dont je suis le (mal)heureux détenteur d'une pièce, contactez-moi sur le forum si il vous intéresse, je suis prêt à l'échanger pour la version DVD de "Ferocious Freedom Female Fighters" en non censurée).
500 cds, c'est pas beaucoup et en même temps c'est tant mieux, je dirais même que cette limitation ridicule est probablement le meilleur aspect de l'album, tant il est heureux que toutes ces années DAWNFALL soit resté un groupe inconnu.

Continuons à creuser dans la merde en s'infligeant l'écoute de cet obscur opus ; car vous l'aurez compris maintenant, mais pour les moins réceptifs je vais l'écrire noir sur blanc, cet album c'est vraiment de la merde. Une production aussi plate que possible, pratiquement aucune dynamique réelle sur tout l'album, un son de guitare cassée et désaccordée, pas de basse et un kit batterie reçue en cadeau dans Pif magazine le tout couvert par une voix similaire à celle de Varg Vikernes à qui on aurait mis des pinces à linge sur les couilles. Voilà pour le paysage sonore. Coté composition, on a droit à deux riffs difficilement langoureux et une batterie aussi monotone que la vie d'un poisson rouge. DAWNFALL délivre son Black Metal sous sa forme la plus simple mais rate complètement la carte du minimalisme efficace (un terrain sur lequel DEMONCY ou DARKTHRONE nous avait fait rêver).

Il y a certains instants magiques sur "Dominance Of Darkness" où il ne se passe absolument rien. Je prends pour exemple ce merveilleux "Black Silence", où l'on a droit à un long beat de batterie et à des riffs si faiblement mixés que l'on a l'impression que les autres membres se sont tout bonnement arrêtés de jouer pour se gratter le cul. L'album est rempli de ces moments embarrassants, d'une platitude immense qui vous font honte d'aimer la musique que vous aimez. On notera aussi quelques instants inaudibles, comme le dernier morceau dont les guitares hasardeuses nous donnent inévitablement la migraine. Mais attention, si ce disque réunit tous les clichés qui font que les gens aiment se moquer du Black Metal, il n'a rien de ridicule ou de risible. Il est simplement chiant, et même les grands détracteurs du Black Metal ne prendront aucun plaisir à écouter cet album pour s'en moquer.

Pour résumer nous dirons que le plus grand crime de BURZUM n'aura pas été de mettre fin à MAYHEM, ni de brûler des églises d'une valeur historique inestimable, mais bien d'avoir influencé et engendré des groupes comme DAWNFALL. Laissons donc ce "Dominance Of Darkness" dans les oubliettes où on l'avait laissé pourrir pendant ces dernières décades (avant qu'un chroniqueur débile ne vienne le déterrer juste pour le salir un peu plus). Vous avez droit ici à du mauvais Black Metal, dans son incarnation la moins inspirée. Ne laissez pas le layout épuré, l'année et le lieu (1994, Allemagne) vous tromper et retournez plutôt écouter le premier BURZUM.